Exploitation minière des fonds marins : la Norvège a finalement voté contre mais autorise la phase exploratoire

grande barriere corail

Barrier reef, Queensland, Australia © Yann Arthus-Bertrand

L’exploitation minière des fonds marins, ou deep sea mining, vise à râcler le sol des océans pour en extraire des minerais stratégiques. La Norvège souhaite ouvrir la région du Svalbard à cette industrie malgré le manque de connaissances sur ses impacts et les avis scientifiques. Le parlement a voté aujourd’hui contre l’exploitation mais en faveur de la phase d’exploration. Le combat continue pour les écologistes.

« Nous avons gagné une bataille, pas la guerre »

 

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C’est une nouvelle victoire d’étape pour les défenseurs des fonds marins. Mobilisées par les activistes Camille Etienne et Anne Sophie Roux sur leurs réseaux sociaux, les communautés opposées au projet de deep sea mining ont réussi à faire pression sur le parlement norvégien contre un vote favorable.

A force d’interpellations en ligne, 30 personnalités ont été sensibilisées en 48h, rassemblant 6 millions d’abonnés. On y retrouve la joueuse de football Ada Hegerberg, l’alpiniste Kilian Jornet, les chanteuses Astrid S et Aurora ou encore l’actrice de Game of Thrones Carice Anouk van Houten. Le biathlète français Martin Fourcade a aussi relayé les sollicitations de Camille Etienne sur ses réseaux. La pétition « Stop à l’extraction minière en eaux profondes ! » a récolté plus de 545 000 signatures.

Une pression qui a permis aux militantes de rencontrer des députés et autres personnalités politiques comme la ministre du Pétrole et l’Energie Marte Mjøs Persen.

Si l’exploitation a été rejetée, le projet n’est pas abandonné. Le parlement a en effet autorisé la phase d’exploration des fonds marins qui ne sera pas sans impacts irréversibles. « Ce n’est pas encore terminé » reconnaissent Camille Etienne et Anne Sophie Roux dans un post commun sur Instagram, peu après les résultats du vote.

Les fonds marins : entre terre inconnue et bombe climatique

machine exploitation miniere fonds marins
Machine d’exploitation des fonds marins ©National Geographic Society

90 % des écosystèmes des fonds marins sont inexplorés. En plus de détruire des communautés d’espèces encore inconnues, ratisser le sol profond à plus de 200 mètres représente une menace pour le climat.

L’océan profond, souvent décrit comme le « meilleur allié contre réchauffement climatique », absorbe un tiers des émissions de carbone. Perturber son équilibre pourrait donc rompre sa dynamique de puits de carbone essentiel et libérer le CO2 accumulé.

Pour Paul Watson, fondateur de l’ONG de défense de la biodiversité marine Sea Shepherd, le deep sea mining est « la plus grande menace pour l’océan ».

L’argument avancé en faveur de l’exploitation est le soutien à la transition énergétique. Pourtant, les ressources des nodules polymétalliques qui reposent dans le sous-sol marin ne seraient pas suffisantes pour entretenir une industrie viable (M. Simas, F. Aponte & K. Wiebe The future is circular, 2022). Plusieurs firmes ont déjà rejoint le moratoire et s’engagent à ne pas produire ou commercialiser de produits issus de l’exploitation minière des fonds marins.

[A lire aussi : Greenpeace estime que l’extraction minière sous-marine au nom de la transition énergétique ne se justifie pas]

L’ONG du Conseil circumpolaire inuit et l’Institut de recherche marine de Norvège se sont positionnés contre. La glaciologue Heidi Sevestre rappelle que le Svalbard est une région abritant une biodiversité unique et qui est déjà particulièrement fragilisée par le dérèglement climatique.

24 pays, dont la France, soutiennent le moratoire pour suspendre la mise en place de l’exploitation des fonds marins. Ils s’accordent à attendre 10 ans pour avoir davantage de recul sur les impacts de cette industrie.

L’exploitation minière des fonds océaniques sera de nouveau soumise au vote par le parlement. Ses opposants restent déterminés : « ce n’est que le début. Nous ne les laisserons jamais exploiter l’arctique » et appellent à rejoindre le combat sur les réseaux.

Louise Chevallier

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Pour aller plus loin :

Lien de la pétition : Avaaz – Stop à l’extraction minière en eaux profondes !

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