Glyphosate: un rapport ouvre la voie au renouvellement de l’autorisation dans l’UE

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L'Autorité européenne de sécurité des aliments n'a pas identifié de niveau de risque lié au glyphosate qui justifierait selon elle de l'interdire dans l'Union européenne au-delà de sa période actuelle d'autorisation © AFP/Archives JEAN-FRANCOIS MONIER

Paris (AFP) – L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) n’a pas identifié de niveau de risque lié au glyphosate qui justifierait selon elle de l’interdire dans l’Union européenne au-delà de sa période actuelle d’autorisation, dans une étude remise jeudi à la Commission européenne, qui a suscité l’ire de nombreuses ONG.

L’EFSA « n’a pas identifié de domaine de préoccupation critique » du glyphosate chez les humains, les animaux et l’environnement, explique-t-elle dans un communiqué. Dans la méthodologie scientifique de l’agence, une préoccupation est définie comme « critique » lorsqu’elle affecte tous les usages proposés de la substance active évaluée, empêchant donc son autorisation.

Elle a néanmoins relevé « un risque élevé à long terme chez les mammifères » pour la moitié des usages proposés du glyphosate et reconnu que le manque de données empêchait toute analyse définitive.

Cette étude, remise jeudi aux instances européennes, servira de base à l’Union européenne pour décider du renouvellement ou non de l’autorisation de l’herbicide pour cinq ans. L’autorisation actuelle court jusqu’au 15 décembre.

Mais ses conclusions ont provoqué l’indignation de nombreuses ONG environnementales, qui ont déploré que le principe de précaution ne soit pas appliqué. Une trentaine d’entre elles — dont Agir pour l’environnement ou Réseau Action Climat — ont interpellé le gouvernement français jeudi.

« Compte tenu des risques largement documentés pour l’environnement et la santé humaine, il est plus qu’urgent d’appliquer le principe de précaution inscrit dans les textes européens et la Constitution française pour en finir avec le glyphosate et amorcer enfin une vraie transition agricole et alimentaire », poursuivent-elles. Greenpeace a de son côté appelé « la Commission européenne et les États membres à s’opposer à un renouvellement de l’autorisation » de l’herbicide.

Au total, le rapport, qui sera rendu public courant juillet, repose sur 2.400 études, 180.000 pages, et a fait appel à 90 experts des États membres, fait valoir l’Autorité.

Elle précise cependant ne pas avoir pu finaliser certains aspects de son évaluation, concernant notamment les risques pour les plantes aquatiques, « faute de données sur leur exposition au glyphosate ».

De même, aucun avis finalisé n’est livré sur les risques liés à la consommation alimentaire, « en raison de données incomplètes sur la quantité de résidus de glyphosate dans les cultures en rotation telles que les carottes, la laitue et le blé ».

« Cependant, cela ne devrait pas conduire à un dépassement des niveaux de sécurité toxicologique » pour les humains « et, par conséquent, aucune préoccupation critique n’a été identifiée », insiste l’agence.

Données manquantes

L’EFSA relève aussi l’insuffisance de données sur la toxicité d’un des composants présents dans la formule d’un pesticide à base de glyphosate soumis à l’évaluation, tout en soulignant qu’il n’existe « aucune indication de toxicité aiguë ».

Enfin, plusieurs questions sont laissées en suspens, en particulier l’impact général sur la biodiversité: si les experts reconnaissent que les risques « sont complexes et dépendent de multiples facteurs », l’EFSA estime que « dans l’ensemble, les informations disponibles ne permettent pas de tirer des conclusions définitives », tout en notant « un manque de méthodologies harmonisées ».

Le glyphosate, la substance active de plusieurs herbicides — dont le célèbre Roundup de Monsanto, très largement utilisé dans le monde — avait été classé en 2015 comme un « cancérogène probable » pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé.

Un groupe d’experts de l’Institut national de santé et de la recherche médicale (Inserm) en France a par la suite conclu en 2021 à « l’existence d’un risque accru de lymphomes non hodgkiniens avec une présomption moyenne de lien » avec le glyphosate.

A l’inverse, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a jugé l’an dernier que les preuves scientifiques disponibles ne permettaient pas de classer le glyphosate comme cancérogène.

La plateforme Glyphosate France, qui regroupe les entreprises commercialisant des préparations à base de ce produit en France, a estimé jeudi que la conclusion de l’EFSA représentait « une étape cruciale de la procédure de renouvellement de l’approbation ».

L’allemand Bayer, qui a racheté Monsanto en 2018, s’est quant à lui « félicité » des conclusions de l’EFSA, estimant qu’elles jettent les bases « d’une réadmission réussie du glyphosate dans l’UE ».

L’Europe est loin d’être la seule région du monde où l’usage du glyphosate fait débat. Aux États-Unis, Bayer a déboursé des milliards de dollars pour résoudre des litiges.

© AFP

3 commentaires

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    • Francis

    Les ONG environnementales seraient plus crédibles si elles avaient réclamé l’application du principe de précaution contre la thérapie génique expérimentale qui elle est avérée cancérigène. Le glyphosate est biodégradable quand il est utilisé en conditions biodégradantes, c’est à dire sur un sol vivant. La protéine spike, quand elle est produite en excès chez les personnes qui sur-réagissent à la vaccination, équivaut à de l’amiante qui circule dans le sang, et elle va se fixer n’importe où dans le corps.

    • Matthias Heilweck

    @Francis. Malheureusement, le glyphosate est utilisé à grande échelle sur des sols quasi stériles à force d’intrants pétrochimiques. Donc même la fable de sa biodégradabilité en conditions biodégradantes ne peut se concrétiser.
    Quant à la vaccination ARN-m, je suis complètement d’accord qu’il aurait mieux fallu attendre des résultats complets avant de l’utiliser à grande échelle. Rdv dans 10 ou 15 ans pour s’en apercevoir.
    Une dernière nouvelle pour finir: les pesticides génétiques à base ARNi sont en passe d’être autorisés outre-Atlantique avant la fin de l’année et des essais en plein champ ont déjà cours en Europe. Ces pesticides génétiques veulent se faire passer pour des produits de biocontrôle de style phéromones, alors qu’ils sont issus de manipulations génétiques. Face au vivant, l’arrogance de la science n’a malheureusement pas de limites…

    • Francis

    @Matthias? Ne généralisez pas, tous les sols ne sont pas stériles. La « grande échelle », c’est un dixième de gramme au m2 de glyphosate , soit 3 litres de produit commercial à l’ha. Le reste, ce sont les adjuvants dont l’innocuité doit être vérifiée, évidemment.