Greta Thunberg en pointe d’une action contre des éoliennes en Norvège

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Deux policières emmènent de force la militante suédoise Greta Thunberg (C) qui manifeste pour obtenir la démolition d'éoliennes déclarées illégales car empiétant sur les pâturages de rennes, le 1er mars 2023 à Oslo, en Norvège

Oslo (AFP) – Pourfendeuse inlassable des énergies fossiles, la Suédoise Greta Thunberg a jeté tout son poids médiatique derrière la bataille que mènent des Samis en Norvège pour obtenir la démolition d’éoliennes déclarées illégales car empiétant sur les pâturages de rennes.

Emmitouflée dans une écharpe et un bonnet, un drapeau sami à la main, la jeune femme a été emmenée de force, mais sans violence, par deux policières mercredi matin alors qu’elle bloquait une porte du ministère norvégien des Finances à Oslo en compagnie d’une dizaine de militants, eux aussi délogés.

Mobilisés depuis jeudi dernier, d’abord en occupant puis en bloquant des ministères, les activistes réclament la démolition de deux parcs éoliens toujours en activité à Fosen, dans l’ouest du pays, malgré une décision de justice défavorable rendue il y a plus de 500 jours.

Pour obtenir gain de cause, ils promettent de « fermer l’Etat » norvégien aussi longtemps que les éoliennes restent debout et ont été rejoints depuis le début de la semaine par l’égérie suédoise de la lutte contre le changement climatique.

« Je vais continuer à participer aux protestations », a confié celle-ci au journal Verdens Gang (VG) mercredi, après avoir été délogée de l’entrée d’un autre ministère, celui du Climat et de l’Environnement.

Ni elle ni les autres militants n’ont été arrêtés.

En milieu de journée, derrière un bâtiment officiel, elle écoutait à la chaleur d’un brasier –et sans vouloir répondre aux questions– des intervenants plaider la cause des Samis (anciennement appelés Lapons) entre deux interprétations de joik, chant ancestral de cette population autochtone.

En octobre 2021, la Cour suprême norvégienne avait conclu que les deux parcs d’éoliennes à Fosen bafouaient le droit de familles samies à pratiquer leur culture, à savoir l’élevage de rennes, en violation d’un texte de l’ONU relatif aux droits civils et politiques, et que les autorisations accordées n’étaient donc pas valides.

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Mais la plus haute instance judiciaire du pays ne s’était pas prononcée sur le sort à accorder aux 151 turbines qui sont toujours en exploitation aujourd’hui.

Au grand dam de six familles samies qui utilisaient ces terres comme pâturages d’hiver pour leurs troupeaux.

Comptant environ 100.000 membres répartis entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie, la population samie a longtemps vécu principalement de la pêche et de l’élevage semi-nomade de rennes.

Selon les éleveurs, le bruit et la forme des turbines effraient leurs animaux.

Chaînes BDSM

Mettant entre parenthèses sa croisade contre les énergies fossiles, Greta Thunberg a donc prêté sa voix à la mobilisation contre ces éoliennes.

« Nous ne pouvons pas utiliser la prétendue transition climatique comme couverture pour du colonialisme », déclarait-elle lundi au micro de la chaîne TV2.

« Une transition climatique qui viole les droits de l’Homme n’est pas une transition climatique digne de ce nom », a-t-elle fait valoir.

Souvent revêtus de leur costume traditionnel bleu et rouge, les militants rassemblés ces jours-ci à Oslo s’enchaînent devant les portes des ministères avec des chaînes et des cadenas fournis, selon des médias locaux, par un club de BDSM (bondage, domination, sadisme, masochisme).

Critiquées pour leur lenteur supposée, les autorités norvégiennes se sont engagées à respecter le jugement de la Cour suprême et ont ordonné des expertises complémentaires dans l’espoir de trouver des mécanismes permettant de faire coexister producteurs d’électricité et éleveurs de rennes.

« Le ministère fera son possible pour contribuer à ce que cette affaire puisse être résolue et que cela ne prenne pas plus de temps que nécessaires », a affirmé le ministre du Pétrole et de l’Energie, Terje Aasland.

La recherche d’un compromis est cependant difficile entre respect d’une décision de justice et des droits de l’Homme d’un côté et tentation de conserver des installations qui fournissent aujourd’hui une énergie précieuse après une construction coûteuse.

« Une coexistence entre éoliennes et élevage de rennes au même endroit, cela n’est pas possible », a affirmé à l’AFP Beatrice Fløystad, présidente de la plus grande organisation samie (NSR).

« Une violation des droits de l’Homme se produit à cet instant même et il faut que cela cesse », a-t-elle dit.

© AFP

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3 commentaires

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    • Henri DIDELLE

    Comment se fait-il que l’on entende parler de cette affaire aujourd’hui alors que 151 éoliennes sont opérationnelles depuis longtemps ?
    La justice a été rendue il ya près de 2 ans et pourtant les éoliennes sont toujours là.
    Après la Norvège, la France… il semblerait que le blocage d’un pays soit une maladie contagieuse !!!

    • Kahn Didier

    Pour comprendre ces enjeux chez les SAMI et la lenteur des États à intervenir, lire les romans policiers de Olivier TRUC

    • Wisniewski

    Il faut protéger les éleveurs de rennes contre cette appropriation qui viole l’espace de ces peuples