Environnement: l’Allemagne promet 200 millions d’euros au Brésil

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Le président brélisien Luiz Inacio Lula da Silva (d) et le chancelier allemand Olaf Scholz, le 30 janvier 2023 à Brasilia © AFP Sergio Lima

Brasilia (AFP) – L’Allemagne a annoncé lundi être prête à engager un total de 200 millions d’euros dans la préservation de l’environnement au Brésil, Amazonie comprise, en marge de la visite à Brasilia du chancelier Olaf Scholz, premier dirigeant occidental reçu par le nouveau président Lula.

M. Scholz est arrivé dans l’après-midi à Brasilia et s’est entretenu avec le président Luiz Inacio Lula da Silva entré en fonctions seulement le 1er janvier, pour cette dernière étape d’une tournée latino-américaine l’ayant conduit en Argentine et au Chili.

« C’est une somme importante » et « nous continuerons (à coopérer) dans ce sens », a déclaré M. Scholz en conférence de presse après sa rencontre avec le président brésilien, selon la traduction officielle en portugais.

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« Nous avons un grand objectif en commun, qui est de faire progresser la protection du climat, de protéger la forêt amazonienne, et cela n’est possible que par la coopération », a ajouté le chancelier allemand.

L’Allemagne veut « contribuer » avec le Brésil à la préservation des forêts « après ces années difficiles », avait dit plus tôt la ministre de la Coopération économique Svenja Schulze. Elle faisait référence aux quatre années de mandat du président Jair Bolsonaro (2019-2022) lors desquelles la déforestation en Amazonie a battu des records.

L’Allemagne a déjà annoncé au début de l’année qu’elle allait de nouveau abonder le Fonds Amazonie, à hauteur de 35 millions d’euros, après le gel du fonds en 2019 en raison des polémiques sur l’environnement du mandat de Bolsonaro.

Berlin va également octroyer 31 millions d’euros aux Etats amazoniens du Brésil pour « des projets de protection et d’utilisation durable des forêts », a ajouté la ministre, annonçant également un prêt à faible taux d’intérêt de 80 millions d’euros d’aide au reboisement de leurs terres par les agriculteurs.

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« Le Brésil est le poumon du monde. S’il a des problèmes, nous devons tous l’aider », a dit Mme Schulze.

Parmi les autres projets annoncés figurent une contribution allemande à un fonds de « garantie d’efficacité énergétique » pour les petites et moyennes entreprises et deux projets de « chaîne d’approvisionnement durable ».

Berlin veut également financer un projet de « développement des énergies renouvelables, dans l’industrie et les transports » et, enfin, un programme de « reforestation de zones dégradées ».

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Tous ces projets, y compris la contribution au Fonds Amazonie déjà connue, totalisent quelque 200 millions d’euros, a précisé l’ambassadeur d’Allemagne au Brésil sur Twitter.

 Liens étroits

La nouvelle ministre brésilienne de l’Environnement, Marina Silva, a de son côté estimé que l’Allemagne était également prête à « l’ouverture de marchés pour les produits de base produits de manière durable » en Amazonie.

Une partie du Fonds Amazonie, créé en 2008, pourrait être allouée à des « actions d’urgence » auprès de communautés indigènes, a-t-elle dit, tels les Yanomami, qui souffrent de la dénutrition et de maladies infectieuses en raison de la progression des activités d’orpaillages illégales sur leurs terres.

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« Nous cherchons des communautés qui aident le Brésil à remplir son engagement, dans le cadre des Accords de Paris, d’une déforestation zéro en 2030, en expulsant les envahisseurs des terres indigènes (….) pour parvenir à un développement durable », a dit l’égérie brésilienne de la lutte pour l’environnement.

M. Scholz a été reçu en milieu d’après-midi au Palais présidentiel du Planalto par Lula. Son parti social-démocrate, le SPD, entretient de longue date des liens étroits avec le Parti des travailleurs (PT) cofondé par Lula au début des années 1980.

Berlin, comme les autres capitales européennes, espère tourner la page des relations orageuses avec Bolsonaro à la faveur du retour au pouvoir de Lula.

Au menu des discussions devaient figurer notamment une remise sur les rails du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur – toujours non-ratifié depuis sa signature en 2019 – et, outre la préservation de l’Amazonie, la guerre en Ukraine.

M. Scholz est accompagné d’une douzaine de chefs d’entreprise pour cette visite dans la première économie d’Amérique latine, et a rencontré des grands patrons brésiliens dans l’après-midi.

L’accord de libre-échange UE-Mercosur n’a jamais été ratifié en raison notamment d’inquiétudes sur la politique environnementale de Jair Bolsonaro.

« Notre objectif est d’arriver enfin à une conclusion rapide » de l’accord avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), avait déclaré M. Scholz à Buenos Aires.

« J’espère que nous pourrons » signer un accord « avant le prochain sommet avec l’Amérique latine qui aura lieu les 17 et 18 juillet à Bruxelles », a abondé le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, au dernier jour d’une tournée au Brésil, en Colombie et au Mexique.

 Pas de munitions

En ce qui concerne l’invasion de l’Ukraine, le Brésil n’enverra pas de munitions à l’Ukraine, a affirmé le président Luiz Inacio Lula da Silva. Il est « très important » de « démonter la propagande russe », avait-on affirmé à Berlin.

« Ma suggestion est de créer un groupe de pays (qui se réuniront) autour de la table avec l’Ukraine et la Russie pour essayer » d’atteindre la paix, a déclaré Lula.

Brasilia a condamné l’invasion russe de l’Ukraine à l’ONU mais sans adopter de sanctions économiques contre Moscou.

Lula s’était même attiré les critiques en déclarant en décembre que le président ukrainien Volodymyr Zelensky était « autant responsable » du conflit que Vladimir Poutine.

© AFP

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