Les faisans ne sont pas tous égaux face au renard

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Un faisan dans une ferme à Sully-sur-Loire, le 8 décembre 2020 © AFP/Archives GUILLAUME SOUVANT

Paris (AFP) – Les faisans ne sont pas tous égaux face au renard, les plus doués en termes de mémoire ayant le plus grand territoire et surtout les plus grandes chances de survie, selon une étude lundi.

En théorie, rien de nouveau, la taille du territoire de la plupart des animaux serait liée à ses capacités cognitives, ne serait-ce que pour se souvenir de ses limites. Mais cela reste difficile à prouver « parce qu’ils peuvent avoir d’autres raisons de se limiter à un petit territoire », par exemple s’ils y trouvent suffisamment de ressources, explique le biologiste de l’évolution Robert Heathcote, de l’Université de Bristol.

Pour en avoir le cœur net, une équipe de l’Université britannique d’Exeter, et d’universités néerlandaise et israéliennes, a mené une expérience grandeur nature dans une forêt du Devon, dans le sud-ouest de l’Angleterre.

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Avant d’y être lâchés, 126 faisans élevés en captivité ont subi sur quelques semaines trois tests jaugeant leur capacités cognitives, et notamment deux types de mémoire spatiale.

La mémoire dite de travail, qui est de court terme, permet à un individu de se souvenir que s’il a trouvé un ver de terre à un endroit, il ne sert à rien d’y retourner cinq minutes plus tard. La deuxième, dite mémoire de référence spatiale, de plus long terme, permet au faisan de se souvenir d’un trajet même après plusieurs jours.

L’étude publiée dans Nature Ecology & Evolution établit que c’est cette mémoire de référence spatiale qui dicte la taille du territoire d’un faisan. Ce territoire, « qui est la zone où il passe l’essentiel de son temps, est aussi celui qu’il connaît le mieux », selon M. Heathcote. Son étendue va de moins de cent mètres de long et jusqu’à un kilomètre carré.

Territoires de la mort

En l’espace de six mois, les chercheurs ont enregistré la prédation de 45 faisans, tous sous les crocs de renards roux. Chaque volatile était équipé d’une minuscule balise d’une dizaine de grammes, conçue par les chercheurs israéliens, permettant sa localisation quasiment en temps réel.

« Ce qui a permis de savoir quand la trajectoire de la balise n’était plus celle du faisan, mais était devenue celui du renard », explique en souriant M. Heathcote à l’AFP. La déambulation prudente du volatile se muait, une fois saisi dans la mâchoire de son prédateur, en trajectoire rectiligne, rapide et lointaine du renard, vers un endroit où dévorer tranquillement sa proie.

Les faisans les plus susceptibles de terminer leur existence de cette manière étaient ceux ayant une piètre mémoire de référence spatiale. Leur fin était aussi beaucoup plus probable aux frontières de leur territoire. « La connaissance d’une zone aide le faisan à rester vivant », et inversement, selon le Dr Joah Madden, de l’Université d’Exeter, cité dans un communiqué.

Même dans les zones de chasse préférées des renards, que M. Heathcote a baptisé « territoires de la mort », les chances de survie d’un faisan dépendent avant tout de son expérience du terrain. Les plus habiles n’évitent pas la zone de la mort, mais « avec le temps ils peuvent apprendre quelles sont les voies les plus rapides et les plus sûres pour échapper à une attaque ».

Pour les faisans qui échappent aux crocs, reste le risque de finir criblé de plomb par l’homme.

© AFP

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