L’UE adopte des règles pour verdir ses batteries, des smartphones aux voitures

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Un mécanicien travaille sur un module de batterie d'une voiture électrique, dans un garage spécialisé dans la réparation des voitures électriques, à Carquefou, dans l'ouest de la France, le 30 novembre 2022 © AFP/Archives LOIC VENANCE

Bruxelles (AFP) – L’UE va obliger les industriels à rendre les batteries plus écologiques, plus facilement remplaçables et recyclables, selon un accord trouvé vendredi entre les eurodéputés et les Etats membres, qui mise sur « l’économie circulaire » pour doper la production de batteries en Europe.

Le texte adopté couvre l’ensemble du cycle des batteries, de leur conception à leur fin de vie, et s’appliquera à tous les types de batteries vendues dans l’UE –smartphones, ordinateurs, électroménager, scooters, voitures, batteries industrielles…–, précise un communiqué du Parlement européen.

Les fabricants devront, dès 2024, renseigner l’empreinte carbone totale attendue de chaque batterie, de l’extraction minière au recyclage. Et après 2027, seules les batteries des voitures électriques ne dépassant pas un seuil maximal pourront être commercialisées. Des critères de durabilité et de performance seront également imposés en 2026.

D’ici trois ans et demi, les smartphones ou appareils électroniques devront par ailleurs être conçus pour pouvoir enlever et remplacer facilement la batterie.

Surtout, les entreprises incluant des batteries dans leurs produits devront respecter des objectifs contraignants de collecte: 45% des batteries de téléphones ou d’ordinateurs devront être collectées d’ici 2023, et au moins 73% d’ici 2030.

Pour les batteries de vélos, scooters et trottinettes électriques, le taux minimal de reprise s’élèvera à 61% d’ici 2031.

Toutes les batteries collectées devront être recyclées, avec des niveaux élevés de récupération pour les composants critiques: d’ici 2027, les processus employés devront permettre de recycler au moins 90% du cobalt et du nickel des batteries, ainsi que 50% du lithium (puis 80% en 2031).

« Référence mondiale »

Enfin, la composition des nouvelles batteries devra inclure des niveaux minimums de métaux issus de la valorisation des déchets: après 2031, les batteries des véhicules électriques devront incorporer 16% de cobalt, 6% de lithium et de nickel recyclés.

« Ces exigences environnementales s’appliqueront aux batteries produites en Europe comme aux batteries importées, et restreindra progressivement l’accès au marché européen aux batteries les plus durables », explique Pascal Canfin (Renew, libéraux), président de la commission Environnement au Parlement européen.

[À lire aussi Des millions de batteries à recycler : l’automobile se prépare pour 2030]

Avec pour effet de muscler la production européenne et de réduire, grâce au recyclage, la dépendance de l’UE aux importations de métaux critiques (lithium, cobalt…), observe-t-il.

« C’est un bond en avant pour renforcer notre compétitivité, alors que l’UE est très loin derrière l’Asie et les Etats-Unis en matière de batteries », abonde l’eurodéputée Jessica Polfjard (PPE, droite), négociatrice de l’accord.

L’UE vise 25% de la production mondiale de batteries d’ici 2030, contre 3% seulement en 2020. Le continent, qui a massivement musclé ses investissements dans le secteur, comptait l’an dernier environ une quarantaine de projets d’usines de batteries.

« La concurrence mondiale est féroce et la demande a fortement augmenté; nous voulons nous assurer que nous ne serons pas un simple sous-traitant dépendant des autres, et que la mobilité propre génèrera des emplois en Europe », insiste le commissaire au Marché intérieur, Thierry Breton.

Le texte entend augmenter l’information du consommateur: les batteries devront porter des étiquettes et QR-codes renseignant sur leurs performances et durée de vie, et un « passeport numérique » sera créé pour en détailler l’origine et la composition, qui facilitera in fine son recyclage.

Cette loi « permet de rééquilibrer les règles du jeu entre industriels européens et importateurs » et contribuera à faire des batteries vendues en Europe « la nouvelle référence mondiale en termes de durabilité », salue Lucien Mathieu, de l’ONG Transport&Environment.

D’autant que les vendeurs de batteries devront également s’assurer que les composants (lithium, nickel, cobalt) ont été extraits en respectant des normes environnementales et sociales élevées, un « devoir de vigilance » s’appliquant à toute la chaîne d’approvisionnement, note-t-il.

© AFP

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Un commentaire

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    • dany voltz

    Toute batterie, et quelle que soit sa taille, devrait à son achat, comporter une consigne payable et remboursable.
    Ce système seul permettra un recyclage efficace.
    Le civisme passe malheureusement bien trop souvent par la ponction sur le portefeuille.
    Bien au-delà des batteries, des bouteilles, et quel que soit la nature du produit, la consigne DOIT être généralisée.