Les cougars de Los Angeles menacés par la fréquence accrue des feux de forêt

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Un cougar sur les hauteurs de Los Angeles, dans les montagnes Verdugos, le 21 mars 2016 © NATIONAL PARK SERVICE/AFP Handout

Washington (AFP) – Ils sont majestueux, puissants, et vivent dans les collines qui surplombent Los Angeles: non, ce ne sont pas les stars d’Hollywood, mais les derniers cougars de la ville, dont la survie est mise en danger par la fréquence accrue des feux de forêt induite par le changement climatique.

Les incendies exposent en effet ces grands félins à davantage de collisions avec des voitures ou de confrontations avec d’autres membres de leur espèce.

Une étude menée par Rachel Blakey, de l’université de Californie à Los Angeles, et publiée jeudi dans la revue Current Biology s’est penchée sur l’impact de l’incendie de Woolsey en 2018, qui a ravagé l’habitat des cougars dans les montagnes de Santa Monica, au nord-ouest de Los Angeles.

« Cela ne concerne pas seulement le nombre d’animaux tués dans cet incendie — deux cougars dans ce cas-ci », a déclaré la chercheuse à l’AFP.

« Nous devons réfléchir à comment ce changement de paysage va ensuite influencer la manière dont ces animaux vivent actuellement les autres facteurs de stress », ajoute-t-elle.

Venue d’Australie, Rachel Blakey étudie la vie sauvage de Californie depuis sept ans et a été « époustouflée » lorsqu’elle a appris qu’une ville de 10 millions d’habitants cohabitait avec une population de cougars.

Ces prédateurs sont l’une des deux espèces de grands félins aux Amériques, avec les jaguars vivant plus au sud, en Amérique centrale.

Globalement, les cougars se portent bien, explique Rachel Blakey, même s’ils arpentaient l’Amérique du Nord d’une côte à l’autre avant l’arrivée des colons européens.

Mais aujourd’hui, les cougars sont enclavés dans certaines poches urbaines de Californie, délimitées par des autoroutes et dont ils peuvent difficilement sortir sans danger.

Cet encerclement réduit leur diversité génétique et met leur survie en péril.

Consanguinité chez les cougars

Au cours des 20 dernières années, le Service des parcs nationaux (NPS) a suivi la population isolée des cougars de Los Angeles, dont on estime qu’elle compte entre 10 et 12 individus.

Ils avaient déjà remarqué quelques signes inquiétants de consanguinité, tels que des queues entortillées et du sperme de faible qualité, mais les cougars tiennent bon malgré tout.

Rachel Blakey et des membres du NPS ont utilisé des données de géolocalisation issues de balises implantées sur les animaux pour comprendre l’impact de l’incendie de Woolsey, qui a brûlé 40.000 hectares de végétation en novembre 2018.

Ce qu’ils ont découvert était loin d’être encourageant.

Après l’incendie, ces félins ont évité les zones brûlées, qu’ils utilisaient auparavant pour prendre leurs proies en embuscade ou pour esquiver les confrontations entre mâles.

Ils ont aussi pris davantage de risques, en traversant plus de voies routières, dont des autoroutes.

Leur fréquence de traversée de l’autoroute 101, une route à dix voies très empruntée, est passée d’une fois tous les deux ans à une fois tous les quatre mois.

Selon Rachel Blakey, ce fut « très, très frappant, puisque ces routes sont une cause majeure de mortalité pour cette population ».

Les félins ont aussi dû effectuer plus d’efforts pour assurer leur survie.

Ils ont parcouru presque 400 km par mois en moyenne — 150 km de plus qu’avant l’incendie — augmentant ainsi leurs besoins en alimentation et les risques d’accrochage avec des congénères.

Pont végétalisé

L’étude révèle également que, malgré les craintes des habitants locaux, les cougars sont demeurés profondément craintifs des humains, passant seulement 4 à 5% de leur temps dans des zones urbaines, avant et après l’incendie.

Seth Riley, co-auteur de l’étude et chercheur au NPS, a indiqué à l’AFP que même si les cougars sont depuis retournés dans leur habitat précédent avec le reboisement de la forêt, le changement climatique continue de poser des risques.

L’inquiétude demeure de voir des incendies plus fréquents et plus importants.

« La sécheresse n’arrange pas les choses », dit le chercheur, alors que la Californie est aux prises avec cet autre phénomène climatique depuis des années.

Les chercheurs placent de grands espoirs dans le « Wallis Annenberg Wildlife Crossing », un pont végétalisé qui permettra à terme aux animaux sauvages de traverser l’autoroute 101.

Des animaux continueront d’être heurtés par des véhicules, estime tout de même Seth Riley.

Mais un tel passage devrait restaurer certains liens entre les cougars des montagnes de Santa Monica et d’autres populations plus au nord, permettant ainsi un échange génétique nécessaire.

© AFP

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