Accord sur un objectif de neutralité carbone en 2050 pour l’aviation

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Un avion décolle à Katunayake, au Sri Lanka, le 13 septembre 2022 © AFP Ishara S. KODIKARA

Montréal (AFP) – Les Etats représentés aux Nations unies ont conclu vendredi un accord pour atteindre la neutralité carbone en 2050 dans l’aviation civile mondiale, souvent montrée du doigt pour son rôle dans la crise climatique.

Les représentants des 193 Etats de l’Organisation de l’Aviation civile internationale (OACI), une agence de l’ONU dont le siège est à Montréal, sont parvenus en assemblée à « un accord historique sur un objectif collectif ambitieux à long terme de zéro émission de carbone » au milieu du siècle, a tweeté l’organisation.

Cette dernière a précisé qu’elle « continuait de plaider pour que les Etats fassent preuve de beaucoup plus d’ambition et d’investissement afin que l’aviation soit entièrement décarbonée d’ici à 2050 ou avant ».

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« C’est un excellent résultat », a estimé auprès de l’AFP une source diplomatique européenne qui a précisé que « seuls quatre pays, dont la Chine, avaient exprimé des réserves ».

Mais l’accord est encore est loin de satisfaire les ONG de défense de l’environnement, qui regrettent sa faiblesse et le fait qu’il ne soit pas juridiquement contraignant.

Besoin de 1.550 milliards d’ici 2050 ?

Aujourd’hui responsable de 2,5 à 3% des émissions mondiales de CO2, le secteur aérien s’avère difficile à faire passer aux énergies renouvelables, même si l’industrie aéronautique et les énergéticiens y travaillent d’arrache-pied.

L’avion concentre les critiques car il est vu comme un moyen de déplacement réservé aux plus riches. En outre, 50% des émissions de l’aérien proviennent des 1% de voyageurs se déplaçant le plus.

L’Association internationale du transport aérien (Iata) s’est dite « fortement encouragée » par le vote à l’OACI, qui intervient un an après que ce porte-voix des compagnies eût entériné le même principe en assemblée générale.

Le directeur général de l’Iata, Willie Walsh, s’attend désormais à « des politiques publiques bien plus solides en faveur de la décarbonation, comme des incitations à augmenter la capacité de production des carburants d’aviation durables », d’origine non fossile, principal levier pour réduire les émissions du secteur aérien selon les compagnies.

Selon l’Iata, créer une aviation décarbonée représente 1.550 milliards de dollars d’investissements entre 2021 et 2050.

« La communauté mondiale de l’aviation salue cet accord emblématique », a déclaré pour sa part le directeur général du Conseil international des aéroports (ACI World).

« C’est un tournant dans les efforts pour décarboner le secteur aérien, avec des gouvernements et des industriels qui se dirigent désormais dans la même direction, au sein d’un cadre réglementaire commun », a ajouté Luis Felipe de Oliveira, cité dans un communiqué de son organisme fédérant 1.950 plateformes aéroportuaires dans 185 pays.

Accord non contraignant

Le ministre français chargé des Transports, Clément Beaune, s’est réjoui d' »une avancée majeure », jugeant sur Twitter qu' »il n’y aura pas d’avenir pour l’avion sans décarbonation » et se disant « fier d’avoir porté ce combat avec mes homologues européens ».

« Ce n’est pas le moment de l’accord de Paris pour l’aviation », a toutefois déploré Jo Dardenne, de l’ONG Transport & Environment (T&E). « Ne prétendons pas qu’un objectif non contraignant permettra de ramener l’aviation à zéro », a-t-elle ajouté.

Même déception concernant l’ajustement de son mécanisme de compensation carbone (Corsia) qui a été revu par l’assemblée de l’OACI.

Lors des dix jours de son assemblée, l’OACI a également décidé d’exclure la Russie du conseil de gouvernance de l’organisation lors d’un vote sanction sans précédent.

Moscou est accusé d’avoir enfreint les règles internationales en immatriculant chez elle des centaines d’avions loués plutôt que de les rendre, comme l’exigeaient les sanctions imposées après l’invasion de l’Ukraine en février.

L’assemblée générale était la première depuis le début de la crise du Covid-19, qui a mis l’aérien à genoux: en 2021, les compagnies n’ont retrouvé que la moitié de leurs 4,5 milliards de passagers de 2019, un léger rebond par rapport à la chute de 60% sur un an en 2020.

Le secteur prévoit de transporter en 2022 83% de ses clients d’il y a trois ans et de redevenir rentable au plan mondial l’année prochaine.

© AFP

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