À l’ombre d’un volcan, un Indonésien aide des orchidées endémiques à refleurir

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Musimin, une échelle en bambou sur l'épaule, parcourt la forêt à la recherche d'orchidées endémiques, au pied du volcan Merapi, le 26 juin 2022 à Yogyakarta, en Indonésie © AFP ADITYA IRAWAN

Yogyakarta (Indonésie) (AFP) – Une orchidée à la main et une échelle en bambou sur l’épaule, Musimin parcourt la forêt sans relâche au pied du volcan le plus actif d’Indonésie, pour dénicher les fleurs endémiques qu’il protège depuis des années.

L’homme de 56 ans, qui ne porte qu’un nom comme de nombreux Indonésiens, est un autodidacte qui n’a jamais étudié la botanique. Mais il a consacré sa vie à protéger et cultiver les plantes qu’il compare à des joyaux.

Après de puissantes éruptions du volcan Merapi qui ont déversé quantité de lave et de cendres autour du volcan, il s’est donné pour mission de sauver les espèces d’orchidées endémiques qui avaient échappé à la destruction dans cette région proche de la ville de Yogyakarta sur l’île de Java.

« Je me souviens qu’il y avait des orchidées en abondance dans la forêt », dit-il.

« Les habitants des villages de la région pouvaient prendre toutes les orchidées qu’ils voulaient et les vendre dans les sites touristiques des environs ».

Ces orchidées poussent le plus souvent sur l’écorce des arbres de la forêt tropicale pour attraper la lumière du soleil. Mais la plupart ont disparu dans le nuage de cendres qui est retombé du volcan.

Pour tenter de protéger les fleurs fragiles qui ont survécu à l’éruption, Musimin a construit deux serres de bambou au cours des années suivantes.

En 1994 une éruption du Merapi avait fait une soixantaine de morts.

Le volcan qui est à présent au deuxième niveau d’alerte le plus élevé, a à nouveau fait quelque 300 victimes lors de son éruption de 2010 et détruit des milliers d’hectares de forêt.

« J’ai vu comment tout a été détruit. La forêt près de ma maison a été brûlée et les orchidées que je trouvais facilement étaient parties. J’ai regretté de ne pas en avoir gardé une ou deux », raconte Musimin à propos de l’éruption de 1994.

Cela l’a incité à participer à une opération des autorités pour localiser des orchidées qui avaient survécu, en fouillant les environs avec ses voisins.

Ils sont parvenus à préserver au moins 90 variétés d’orchidées qui ont échappé à une nouvelle destruction lors de l’éruption de 2010.

Pionnier de la protection des orchidées

A présent, Musimin travaille seul la plupart du temps et voudrait que ceux qui entrent dans la forêt laissent les orchidées s’épanouir au lieu de tenter de les exploiter.

« Beaucoup de gens veulent maintenant cueillir et vendre les orchidées de la forêt. Personnellement, je pense que les orchidées doivent rester dans leur habitat, et devenir les reines de la forêt », dit-il.

D’autres centres de protection des orchidées ont été ouverts autour du volcan par des habitants de la région qui ont appris les bases de la protection de la nature auprès de Musimin, indique Akhmadi, porte-parole du parc national du Mont Merapi.

« Il est vraiment le pionnier de la protection des orchidées au Mont Merapi. Son travail est un exemple pour d’autres groupes avec qui on collabore et qui ont imité et développé ses programmes ».

A présent que d’autres suivent ses traces, le père de deux enfants veut continuer à transmettre son savoir botanique à son petit-fils qu’il emmène en forêt pour lui montrer ces fleurs.

« Je lui montre les orchidées depuis qu’il est tout petit ». « Qui sait, il pourrait devenir mon successeur ».

© AFP

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