Dans la course aux voitures électriques, une route semée d’embûches

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Un véhicule Tesla le 4 janvier 2021 à Redondo Beach, en Californie © AFP/Archives Patrick T. Fallon

New York (AFP) – Poussés par les autorités ou leurs propres engagements, de grands constructeurs automobiles ont engagé un virage radical vers la fin des moteurs à combustion et l’avènement des voitures électriques. Mais pour atteindre leurs ambitieux objectifs, ils devront surmonter de nombreux obstacles.

Y aura-t-il assez de lithium et autres matières premières indispensables à la fabrication de batteries électriques? Suffisamment de stations de recharge? Comment s’assurer que les voitures ne coûteront pas trop cher pour les bourses les plus modestes?

Après le succès de Tesla, bâti uniquement sur les véhicules électriques, la plupart des grands groupes du secteur prévoient d’investir des dizaines de milliards de dollars dans les années à venir pour se transformer.

Stellantis (PSA-Fiat-Chrysler) veut ainsi vendre 100% de véhicules électriques en Europe à horizon 2030. Toyota compte lancer 30 modèles sur ce segment pour cette même date. General Motors ambitionne de ne plus produire de voitures à moteurs à combustion en 2035.

Ils sont encouragés en ce sens par les autorités.

Dernière en date, la Californie a banni jeudi la vente de voitures neuves traditionnelles à partir de 2035.

Demande assurée

L’Union européenne a aussi engagé l’interdiction de la vente des voitures neuves à essence, diesel ou hybrides d’ici 2035, tandis que la Chine veut qu’au moins la moitié des véhicules neufs à cette date soient électriques, hybrides ou à hydrogène.

Les fabricants d’automobile sont prévenus, « à eux de se débrouiller pour préparer leurs stocks », remarque Jessica Caldwell, du cabinet spécialisé Edmunds.

« On disait encore récemment que les plus grands obstacles à l’adoption des véhicules électriques seraient l’acceptation par les automobilistes et le prix », souligne la spécialiste.

Mais portée par des consommateurs de plus en plus sensibles aux impacts du changement climatique, la demande est là.

Aux Etats-Unis par exemple, General Motors assure avoir plus de 150.000 pré-commandes pour la version électrique de son pick-up Silverado, qui ne sera disponible qu’en 2023. Il faut attendre plusieurs mois pour une Tesla, marque phare du secteur.

« La question semble plus maintenant de savoir s’ils peuvent se procurer les matériaux nécessaires », remarque Mme Caldwell.

Basculements « drastiques »

« Les gouvernements peuvent décider autant qu’ils veulent de subventions ou de nouvelles réglementations pour les véhicules électriques, on fait face actuellement à un manque de palladium, de nickel, de lithium », abonde Karl Brauer du site spécialisé iseecars.

Certes, le problème est en grande partie lié au conflit entre la Russie et l’Ukraine, mais « personne n’aurait prédit il y a un an l’escalade des prix ou la difficulté à se procurer ces matériaux », rappelle-t-il. Ce qui met en lumière le fait que la situation « peut changer de façon drastique à tout moment ».

Les constructeurs se démènent pour limiter les aléas.

Ils construisent leurs propres usines de batteries, créent des co-entreprises avec des fabricants spécialisés ou concluent des partenariats avec des compagnies minières.

Les groupes allemands Volkswagen et Mercedes-Benz ont même signé lundi des accords directement avec le gouvernement canadien pour consolider leur approvisionnement en métaux rares.

Mais le marché reste, comme pour le pétrole, mondial, rappelle M. Brauer: tant que l’offre est limitée, « il y aura toujours quelqu’un pour payer un peu plus cher ».

A cet égard, d’autres aspects de la transition vers l’électrique comme la conversion des chaînes de production sont finalement assez faciles « car ils peuvent le contrôler », avance-t-il.

Aides sous conditions

Des réglementations locales peuvent aussi compliquer la tâche, comme aux Etats-Unis où une récente loi conditionne une aide de 7.500 dollars pour l’achat d’une voiture électrique à certains éléments, comme un assemblage final en Amérique du Nord.

L’Alliance pour l’innovation automobile, un lobby du secteur aux Etats-Unis, a calculé qu’environ 70% des 72 modèles électriques, hybrides rechargeables ou à hydrogène actuellement sur le marché ne pourraient, en l’état, prétendre à cette subvention.

Pour Garrett Nelson, analyste pour CFRA, cette nouvelle loi va clairement favoriser aux Etats-Unis Tesla, GM et Ford, au détriment des constructeurs européens et asiatiques.

Après l’annonce de la Californie, l’Alliance pour l’innovation automobile a aussi estimé dans un communiqué qu’il serait « extrêmement compliqué » d’atteindre les objectifs de l’Etat en raison « de facteurs externes »: l’inflation, les stations de recharge électrique ou à hydrogène, les chaînes d’approvisionnement, la main d’œuvre, la disponibilité et le prix de matériaux essentiels, et la pénurie persistante de semi-conducteurs.

« Ce sont des problèmes complexes, interdépendants et mondiaux qui vont bien au-delà du contrôle (des autorités californiennes) ou de l’industrie automobile », avance l’Alliance.

© AFP

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2 commentaires

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    • Balendard

    Oui une route semé d’embûches.

    Ceci d’autant plus qu’il n’y a pas que la voiture il y a aussi la maison

    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/2consommation.pdf

    • Serge Rochain

    Le développement du véhicule thermique a du faire face à des conditions bien plus importantes. C’était la premiere fois depuis le début de l’humanité que le transport devait abandonner la traction animale au profit d’une technologie dont personne ne savait rien, tout était à constuire de la chaine produisant le carburant, au réseau qui le ditribuerai, aux chaines d’approvisionnement des métaux qui allaient devenir les véhicules eux mêmes, en passant par les usines qui devaient les produire et le réseau de ceux qui allaient les vendre. C’était bien plus compliqué que ces pécadilles de problèmes dont nous parlent ces « experts » qui n’ont à la bouche que le mot rare à propos de métaux qui n’ont rien de rares et se trouvent tous dans la moitiée les corps chimique les plus abondants de la croute terrestre. Les supposées incapacités à répondre à la demande ne sont en vérité que la conséquence de l’inertie des activités industrielles tardant à s’organiser pour répondre au besoin, notamment lorsque le sujet de la nouveauté fait débat en raison de la position réactionnaire des professionnels du secteur qui sera remplacé par la nouvelle technologie qui ont pignon sur rue auprès du public qui devient hésitant à son tour. Mais ce n’est que le retard passager du aux combats d’arriere garde de l’ancien monde qui se trouve brusquement submerger par la vague progresssiste. Les difficultés n’étant qu’artificielles elle ne résisteront pas bien longtemps à l’offenssive de la necessité à changer de paradigme.

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