Guerre : la culture du borchtch ukrainien considérée comme en péril par l’Unesco

borchtch

La culture du borchtch ukrainien est entrée sur la liste du patrimoine culturel immatériel en péril de l'Unesco, a tranché l'organisation © AFP/Archives Sergei SUPINSKY

Paris (AFP) – La culture du borchtch ukrainien est entrée sur la liste du patrimoine culturel immatériel en péril de l’Unesco, a tranché vendredi l’organisation onusienne, dans le cadre de la guerre en Ukraine qui menace la « viabilité » de la tradition entourant ce potage.

« L’existence de cette soupe (…) n’est pas en péril en soi, mais c’est le patrimoine humain et vivant qui est associé au borchtch qui est lui en péril immédiat parce que la capacité des populations de pratiquer, de transmettre leur patrimoine culturel intangible est gravement perturbée à cause du conflit armé, à cause notamment des déplacements forcés des communautés », a expliqué Pier Luigi Petrillo, le rapporteur du comité d’évaluation du dossier ukrainien.

L’Ukraine avait déposé mi-avril une demande d’intégration de la culture de ce potage à la liste du patrimoine culturel immatériel en péril, estimant que l’invasion du pays le 24 février par la Russie et les mois de bombardements qui en ont résulté menaçait la « viabilité » de la tradition entourant ce plat.

Du fait de la guerre, « la population n’est plus en mesure de préparer ni même de faire pousser les légumes locaux qui sont nécessaires pour préparer » le borchtch, a observé M. Petrillo.

« Ils ne peuvent même pas se réunir pour pratiquer la préparation du borchtch, ce qui sape les aspects sociaux et culturels. En tant que tel, la transmission de cet élément est donc en péril », a-t-il poursuivi.

« Le conflit armé détruit l’environnement, la faune, la flore », a encore énuméré Pier Luigi Petrillo.

« Pour tous ces facteurs, il s’avère nécessaire de procéder à une sauvegarde urgente de cet élément dans le cadre de la procédure d’extrême urgence », a-t-il tranché.

Le borchtch est un potage séculaire préparé à partir de betterave, généralement servi avec du pain ou des petits pains à l’ail.

« A nous la victoire dans la guerre du borchtch », s’est réjoui dans la foulée de l’annonce de l’Unesco le ministre ukrainien de la Culture Oleksandr Tkatchenko.

L’Ukraine « gagnera aussi bien la guerre du borchtch que cette guerre », a-t-il écrit sur son compte Telegram, faisant allusion au conflit avec la Russie.

L’Ukraine partagera la recette de cette soupe aux betteraves avec tous les pays civilisés, « et même avec les non-civilisés aussi, pour qu’ils aient au moins quelque chose de léger, de savoureux et d’ukrainien ».

L’initiative ukrainienne avait provoqué l’agacement de la Russie, où ce plat est également préparé, bien que Kiev ne s’en attribue pas la paternité.

« Même les livres de cuisine ont été interdits (en Ukraine)! Pourquoi? Parce que c’est impossible de partager le borchtch. Impossible! Parce qu’il ne peut appartenir qu’à un peuple, une nationalité », selon Kiev, avait jugé en avril Maria Zakharova, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russes.

« Qu’il puisse être commun, que chaque ville, chaque région, chaque ménagère le prépare à sa façon, et bien c’est non! Ils ne voulaient pas de compromis, et c’est ça la xénophobie, le nazisme, l’extrémisme sous toutes ses formes », avait-elle poursuivi, reprenant les accusations habituelles portées par Moscou à l’encontre des autorités ukrainiennes.

© AFP

Ecrire un commentaire