Canicule et inondations inédites déferlent en Chine

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Vue aérienne de Yingde,dans le sud de la Chine, après des pluies torrentielles, le 23 juin 2022 © AFP/Archives STR

Pékin (AFP) – Canicule anormale et inondations record: certaines parties de la Chine sont frappées par des conditions météo extrêmes, conséquence du réchauffement climatique assurent les spécialistes, et à l’origine d’un demi-million de déplacés.

Que se passe-t-il ?

Des pluies torrentielles ont fait déborder des cours d’eau à des niveaux jamais atteints depuis près d’un siècle.

La région touchée est le bassin de la Rivière des perles, située dans la riche province manufacturière du Guangdong (sud), qui comprend notamment la capitale régionale Canton.

A certains endroits de la province, l’eau a atteint le toit des voitures. Les régions voisines du Guangxi (sud) et du Fujian (est) sont également touchées à des degrés divers.

Face aux risques d’inondation, plus de 500.000 personnes ont été évacuées préventivement depuis le début du mois.

Au même moment, une chaleur extrême touche le nord et le centre du pays. Par plus de 40°C, des millions d’habitants ont pour consigne de rester chez eux.

Dans le Henan (centre), il fait si chaud que le bitume s’est fissuré. Au Shandong (est), la climatisation a fait battre mardi un record de consommation d’électricité à la seconde province la plus peuplée de Chine.

Comment l’expliquer ?

Les inondations sont courantes dans certaines zones du pays à la fin du printemps et au début de l’été. Mais elles semblent devenir plus fortes ces dernières années avec le dérèglement climatique.

« Les événements météorologiques extrêmes sont devenus plus fréquents, plus graves et plus étendus », observe l’administration chinoise chargée des prévisions météo.

« Le réchauffement climatique et La Niña contribuent en Chine à des températures anormalement élevées et des pluies extrêmes », relevait en mars un responsable du centre de recherche sur le climat, qui dépend du gouvernement.

Le réchauffement planétaire rend l’atmosphère plus humide et accroît donc les précipitations.

La Niña est un phénomène climatique responsable du refroidissement d’une partie des eaux de surface du Pacifique. Cela a des répercussions sur le cycle de précipitations et le climat de certaines régions du globe.

Quelles conséquences ?

La canicule et les inondations menacent la production de porc, de céréales et de légumes, a averti mercredi le Premier ministre chinois Li Keqiang, redoutant une poussée de l’inflation.

D’autant que l’approvisionnement alimentaire du géant asiatique est déjà mis à rude épreuve par les restrictions sanitaires anti-Covid, qui pèsent sur les récoltes.

Les conditions météorologiques extrêmes risquent de coûter chaque année à la Chine entre 1 et 3% de son PIB, estime la puissante agence de planification du pays.

Les graves inondations de l’an dernier, qui avaient tué plus de 300 personnes dans le centre du pays, ont été chiffrées à 25 milliards de dollars (23,7 milliards d’euros), selon une étude de l’assureur helvétique Swiss Re.

Que fait la Chine ?

L’urbanisation effrénée de la Chine depuis 40 ans recouvre toujours plus de terres, désormais imperméables. Et les lacs naturels, qui servent de déversoirs en cas de crue, voient leur surface réduite.

Pour tenter de renverser la tendance, le pouvoir a lancé en 2014 un programme de « villes éponges », visant à remplacer les revêtements urbains par des matières poreuses, des espaces verts et des systèmes de drainage, afin que l’eau disparaisse dans le sol.

Cependant, « les inondations les plus destructrices se produisent (désormais) dans des zones historiquement moins exposées », remarque le chercheur Scott Moore de l’université de Pennsylvanie, un spécialiste des questions d’environnement en Chine.

Pékin cherche également à renforcer la précision des prévisions météo grâce à des capteurs et de nouveaux satellites, selon une feuille de route publiée la semaine dernière.

Objectif affiché: prévoir avec un mois d’avance inondations ou sécheresses graves.

© AFP

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