Réchauffement et urbanisme sauvage font craindre plus de drames au Brésil

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Images aériennes d'une inondation à Recife, dans le nord-est du Brésil, le 30 mai 2022 © BRAZILIAN PRESIDENCY/AFP CLAUBER CAETANO

Brasilia (AFP) – Au Brésil, où des précipitations exceptionnelles ont fait au moins 100 morts dans la région de Recife (nord-est), d’autres tragédies sont à craindre en raison du réchauffement climatique si les autorités ne freinent pas l’urbanisme sauvage, explique un spécialiste des catastrophes naturelles. Le réchauffement va entraîner des pluies de plus en plus intenses et « si les villes se sont pas prêtes, nous allons déplorer encore plus de morts », a averti dans un entretien à l’AFP Jose Marengo, coordinateur des recherches du Centre national de surveillance et d’alerte des désastres naturels du Brésil (CEMADEN).

La catastrophe survenue dans l’Etat du Pernambouc, dont le dernier bilan officiel provisoire est de 100 morts et 14 disparus, est-elle liée au réchauffement climatique ?

Le réchauffement climatique est un processus au long cours, qui évolue lentement. On ne peut pas lui imputer un événement extrême, isolé. La pluie et les catastrophes sont deux choses différentes.

À Recife, des pluies intenses sont tombées dans des zones proches de rivières et de collines. Toutes pluies intenses dans ces zones produiraient le même résultat: des rivières qui emportent les maisons proches, ou des glissements de terrain qui détruisent tout.

Le changement climatique peut être responsable de l’augmentation des précipitations extrêmes et violentes qu’on observe non seulement au Brésil, mais dans le monde entier.

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Mais ce n’est pas de la faute du changement climatique si les autorités permettent des constructions dans des zones à risque, où vivent des populations pauvres qui n’ont nulle part où aller. C’est un problème d’urbanisation.

Quels sont les points communs entre la tragédie de Petropolis (233 morts en février), et celle du Pernambouc?

À Petropolis, il y a eu un événement météorologique intense, inhabituel, assez similaire à celui de la région de Recife.

Dans les deux cas, de fortes pluies étaient prévues, mais le problème, c’était la vulnérabilité des personnes qui vivaient dans des zones à risque.

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Si on regarde des vidéos de coulées de boue ou de cours d’eau qui débordent, c’est difficile de distinguer celles du Pernambouc de celles de Petropolis, car ce sont des désastres similaires.

Que peuvent faire les autorités pour une meilleure prévention de telles catastrophes?

Au Brésil, les prévisions météorologiques sont fiables, mais le problème se trouve au niveau du maillon le plus faible de la chaîne, la vulnérabilité de la population.

C’est une erreur de dire que ‘la pluie tue les gens’. La pluie en soi ne tue pas. Ce qui est mortel, c’est la pluie sur des habitations situées dans des zones à risque.

Il faudrait interdire toute construction à flanc de colline. Et si des gens y habitent déjà, il faut les retirer de là pour les reloger dans des endroits plus sûrs, et pas seulement après des catastrophes.

Les villes doivent mieux s’organiser, d’autant plus que les précipitations sont de plus en plus intenses et violentes avec le changement climatique, comme nous l’avons vu dans le Pernambouc.

Si les villes se sont pas prêtes, nous allons déplorer encore plus de morts. La saison des pluies ne fait que commencer dans le nord-est du Brésil, d’autres phénomènes extrêmes peuvent encore se produire cette année.

© AFP

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