10 terrains de football de forêt tropicale primaire détruits chaque minute en 2021

déforestation 10 terrains de football par minute

Un exploitant d'huile de palme à Kampar, en Indonésie, le 18 août 2018. © AFP/Archives WAHYUDI

Paris (AFP) – De vastes étendues de forêts tropicales ont été brûlées ou coupées en 2021, remplacées par des cultures ou de l’élevage, en particulier au Brésil, ont averti jeudi des chercheurs, alors que le changement climatique complique la préservation du couvert forestier.

Environ 11,1 millions d’hectares de forêts ont été perdus dans les régions tropicales l’an dernier, dont 3,75 millions dans des forêts primaires, selon l’étude annuelle du Global Forest Watch (GFW), du World resources institute (WRI) et de l’université du Maryland.

« C’est 10 terrains de football par minute. Et ça dure depuis un an », s’alarme Rod Taylor, qui dirige le programme forêts du WRI, en parlant des forêts primaires.

La destruction de ces forêts intactes a relâché 2,5 gigatonnes de CO2 dans l’atmosphère en 2021, l’équivalent des émissions annuelles de l’Inde, selon les calculs des chercheurs.

Plus de 40% de la forêt primaire perdue en 2021 l’a été au Brésil, avec environ 1,5 million d’hectares coupés ou partis en fumée, suivi par la République démocratique du Congo avec près de 500.000 hectares détruits. La Bolivie a connu son plus haut niveau de destruction de sa forêt depuis le début des mesures en 2001, avec près de 300.000 hectares.

Au-delà des tropiques, le rapport montre que les forêts boréales de l’hémisphère nord ont subi la plus grande perte de couvert forestier en deux décennies.

Effet boule de neige

Rien qu’en Russie, une saison d’incendies exceptionnelle a entraîné la perte de 6,5 millions d’hectares de forêts, un record.

Les chercheurs mettent en garde contre un potentiel « effet boule de neige », où des incendies plus fréquents conduisent à plus de CO2 dans l’atmosphère, alimentant le réchauffement climatique qui augmente les risques de feux de forêt.

Ces données sont publiées alors que 141 dirigeants mondiaux se sont engagés lors de la COP26 à Glasgow fin 2021 à « stopper et inverser la perte de forêt d’ici 2030 ».

Il faudra réduire fortement la destruction de la forêt primaire chaque année jusqu’à la fin de la décennie pour atteindre ce but, préviennent les chercheurs.

« Le changement climatique lui-même rend plus difficile le maintien de la forêt que nous avons encore », souligne Frances Seymour du WRI, ajoutant que cela montre l’obligation de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Une étude récente suggère que la forêt amazonienne pourrait être plus proche d’un « point de bascule » que ce qui était estimé jusqu’alors. Elle pourrait se transformer en savane et libérer de vastes quantités de CO2 dans l’atmosphère.

Désastre pour les forêts tropicales

Le Brésil, qui abrite environ un tiers de la forêt tropicale primaire restante dans le monde, a vu le rythme de destruction de ses forêts s’accélérer ces dernières années.

Les destructions qui ne sont pas causées par le feu, souvent liées à la création de zones agricoles selon WRI, ont progressé de 9% comparé à 2020.

Ce pourcentage dépasse les 25% dans certains Etats de l’ouest de l’Amazonie brésilienne.

« Nous savions déjà que ces pertes sont un désastre pour le climat. Elles sont un désastre pour la biodiversité. Elles sont un désastre pour les peuples indigènes et les communautés locales », insiste Frances Seymour, soulignant que des études récentes montrent que les forêts permettent aussi de rafraichir l’atmosphère.

En Indonésie en revanche, des actions menées par le gouvernement et le secteur privé ont permis de ralentir la perte de forêt primaire de 25% comparé à 2020, pour la cinquième année consécutive, après des niveaux très élevés.

La fin d’un gel temporaire sur les nouvelles exploitations d’huile de palme, ainsi que des prix pour l’huile de palme au plus haut depuis 40 ans, pourraient toutefois mettre à mal ces efforts, selon WRI.

« Il est clair que nous ne faisons pas assez pour fournir des mesures incitatives à ceux qui sont en position de stopper la perte de la forêt, de protéger les étendues de forêts primaires restantes », constate Frances Seymour.

© AFP

À lire aussi sur les forêts tropicales sur GoodPlanet Mag’

Biden ordonne la protection des forêts anciennes américaines

Brésil : les terres indigènes, un rempart contre la déforestation

La RDC peine à protéger sa forêt tropicale, vitale pour le climat

L’Europe peut être autosuffisante en soja

Marie Ange Ngo Bieng, écologue forestière, nous parle de la restauration des forêts tropicales

4 commentaires

Ecrire un commentaire

    • Balendard

    L’union Européenne étant souvent copiée, nous ferions bien aussi de balayer devant notre porte.

    Persister à l’heure du réchauffement climatique avec les chaînes énergétiques actuelles passant par les hautes températures telles que la combustion des produits fossiles ou le nucléaire pour satisfaire les besoins en énergie de notre habitat comme nous le faisons encore en Europe est suicidaire.

    • Balendard

    Silence is consent

    • xavier78

    si les politiques prenaient le sujet a bras le corps nous y arriverons. ne plus exporter de produits en venant de ces pays seraient un exemple.

    • Fabrice Thibaut

    Si le Brésil, la Bolivie et le Congo déforestent et mettent en péril notre avenir c’est parce que de manière contradictoire ils ont besoin de vivre, ils ont tout simplement besoin d’argent. Il « suffirait » que cette prise de conscience arrive aux oreilles des pays dits « nantis » de notre planète pour pouvoir ralentir cette descente aux enfers vers laquelle on se dirige de plus en plus. C’est tout bête, donnant donnant.