De zone protégée à décharge sauvage, la réserve Al-Heswa au Yémen

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Ancienne décharge réhabilitée en zone protégée, la réserve naturelle d'Al-Heswa à Aden, dans le sud du Yémen, est à nouveau recouverte de déchets, le 4 mars 2022 © AFP Saleh Al-OBEIDI

Aden (AFP) – Ancienne décharge réhabilitée en zone protégée, la réserve naturelle d’Al-Heswa à Aden, dans le sud du Yémen, est à nouveau recouverte de déchets à cause de la guerre qui ravage le pays depuis plus de sept ans.

Naguère saluée par les Nations unies comme un exemple réussi de transformation d’une décharge en écosystème de zones humides, l’un des plus importants de la péninsule arabique, le terrain de 19 hectares empeste désormais les égouts et grouille de corbeaux.

L’élan a été brisé par la guerre qui oppose depuis 2014 le gouvernement, appuyé par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite, et les Houthis, des rebelles soutenus par l’Iran.

Privé de visiteurs, sans autre soutien financier ou politique en pleine guerre, la réserve a été laissée à l’abandon à l’ouest de la grande ville portuaire d’Aden, chef-lieu provisoire du gouvernement, chassé en 2014 de Sanaa par les Houthis.

Pour Ibrahim Souhail, un habitant d’Aden, le temps où Al-Heswa était « un lieu de loisirs pour les résidents et les touristes » paraît bien loin. « Maintenant c’est un dépotoir, plein d’insectes et d’eau des égouts », déplore-t-il à l’AFP.

Dernier souvenir de son glorieux passé, un guichet abandonné à l’entrée de la zone, rempli d’arbres coupés et de déchets de construction.

Selon le directeur du département des réserves naturelles du Yémen, Salem Bseis, le système de traitement des eaux usées de la réserve n’est plus entretenu depuis 2015.

 Site de reproduction

« Une partie du terrain a été annexée par des habitants autour, ce qui a mis fin aux travaux de maintenance », dit le responsable à l’AFP.

Une autre partie a été utilisée comme « décharge sauvage » depuis le déclenchement de la guerre, affirme de son côté l’ONG Conflict and Environment Observatory, basée au Royaume-Uni.

La guerre a ravagé le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, faisant des centaines de milliers de morts, des millions de déplacés et poussant une grande partie de la population au bord de la famine. Le Yémen est aussi confronté à un effondrement de son économie et à une déliquescence de ses infrastructures.

Avant le conflit, Al-Heswa, officiellement qualifiée de réserve naturelle en 2006, a été l’une des 35 initiatives récompensées par le prix Equateur des Nations unies en 2014, pour son rôle dans la protection de la biodiversité et la promotion du tourisme durable.

« Les communautés à l’origine de l’aire protégée de la zone humide d’Al-Heswa ont réussi à transformer une décharge en un écosystème de zone humide fonctionnel offrant un site de reproduction à plus de 100 espèces d’oiseaux migrateurs », soulignait à l’époque le Programme des Nations unies pour le développement.

La réserve, premier projet de ce type dans le pays, avait aussi permis de créer des emplois dans la région, générant 87.000 euros de revenus en 2012.

© AFP

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    • Guy J.J.P. Lafond

    Affligeant de constater que la protection d’un magnifique écosystème au Moyen-Orient cède toute la place à une autre guerre par procuration.
    À Ottawa, Canada, j’ai souvent manifesté pacifiquement devant l’ambassade d’Arabie saoudite pour des bonnes causes.
    Aussi et à moins que ce soit pour mon travail d’agent fédéral, je refuse de visiter et découvrir tout pays totalitaire qui commet des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
    @GuyLafond @FamilleLafond
    Un bon papa qu’on a mis six mois en prison en Ontario en 2019
    https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/
    https://twitter.com/UNBiodiversity/status/1395129126814691329