L’érosion de la biodiversité sous-estimée

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Girafes au Kenya © Yann Arthus-Bertrand

Dans un article publié fin janvier 2022 dans la revue scientifique Nature, une équipe de chercheurs estime que les données sur l’érosion du vivant fournies par le rapport Planète Vivante du WWF sont sous-évaluées. Depuis 1998, le rapport Planète Vivante donne de façon régulière un état des lieux sur les populations de différentes espèces animales. La dernière édition en 2020 estimait que l’effectif des populations de vertébrés sauvages a décliné de 68 % depuis 1970.

[À lire Les deux-tiers de la faune sauvage ont disparu en moins de 50 ans, selon le WWF
voir aussi Que dit le rapport Planète Vivante]

Les chiffres que ce rapport communique tous les 2 ans font l’objet de débats, comme d’autres données concernant la biodiversité en raison de l’ampleur du nombre d’espèces connues et du très grand nombres d’espèces inconnues, non-répertoriées ou non surveillées. Pour certains scientifiques, les chiffres du WWF sont jugés surévalués car ils ne concernent qu’un faible nombre d’espèces (20 811 tout de même) sur l’ensemble du vivant. Une des principales critiques porte sur le fait qu’un nombre restreint d’espèce a vu ses effectifs diminuer fortement, ce qui biaise les chiffres. Cependant, le déclin de population concerne toutes les espèces, mais à des rythmes différents.

« Si les populations qui vivent dans des zones protégées, là où nous concentrons nos efforts de conservation, disparaissent à une telle vitesse, alors la situation des espèces en dehors des aires protégées doit être pire. »

Pourtant, selon le docteur Gopal Mural de l’université de Ben-Gurion en Israël, un des auteurs de l’article publié dans Nature, « les critiques précédentes sur le rapport Planète Vivante n’étaient pas justes » pour des raisons de méthodologie. Dans leurs travaux, ces chercheurs ont trouvé que la population des espèces avait tout de même décliné de 65 %. Ils ont aussi constaté qu’une grande partie des espèces recensées dans le rapport du WWF vivent dans des aires protégées. Donc, que potentiellement, celles qui ne vivent pas des zones protégées ont vu leur population décroître plus rapidement. « C’est vraiment inquiétant », commente le docteur Gabriel Caetano, aussi de l’université Ben-Gurion et co-auteur de l’étude. « Si les populations qui vivent dans des zones protégées, là où nous concentrons nos efforts de conservation, disparaissent à une telle vitesse, alors la situation des espèces en dehors des aires protégées doit être pire. L’état réel de la nature, soit qu’elle pas protégée soit qu’elle n’est pas surveillée, doit être bien pire. »

Julien Leprovost

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