Du pétrole dans la rivière : catastrophe écologique en Amazonie équatorienne

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Vue aérienne d'une fuite de pétrole dans le fleuve Coca, le 1er février 2022 à Puerto Madros, en Equateur © AFP Cristina Vega RHOR

Piedra Fina (Ecuador) (AFP) – Le pétrole a jailli dès que l’énorme roche a explosé le tuyau, racontent les ouvriers. Dans le nord-est de l’Équateur, le brut qui s’écoule depuis des jours d’un oléoduc endommagé par une chute de pierre empoisonne lentement la jungle amazonienne.

Les flaques noirâtres et poisseuses ont déjà tué des animaux et menace des communautés locales, a constaté l’AFP.

Jeudi était un jour de fortes pluies, explique Cesar Benalcazar, un ouvrier de 24 ans, présent dans la zone de la catastrophe, à Piedra Fina, à un peu moins d’une centaine de kilomètres à l’est de Quito.

La rivière Quijos était en crue, de gros rochers sont tombés dans la nuit depuis le sommet de la montagne. L’un a chuté « sur sa pointe » en plein sur l’oléoduc. « Lorsque le tuyau a explosé, le pétrole a jailli, comme une bombe à pression », selon César.

Tous les efforts des ouvriers, sautés aux commandes de leurs engins de terrassement pour contenir la fuite, ont été vains.

« Nous avons essayé d’empêcher le pétrole d’atteindre la rivière, mais il a dévalé la pente en cascade », regrette César. Pas eu le temps de creuser un trou ou un bassin avec des pelleteuses pour recueillir le brut avant qu’il ne contamine la rivière.

Géré par la société OCP, le pipeline de 485 kilomètres de long qui traverse au total quatre provinces, transporte vers la côte Pacifique près de 160.000 barils de brut par jour depuis des puits de pétrole en pleine jungle.

Selon le gouvernement, le glissement de terrain a affecté « quatre tuyaux de l’infrastructure ».

Environ 21.000 m2 -deux hectares- de la réserve Cayambe-Coca ont été touchés par la fuite de pétrole. D’une superficie de plus de 4.000 km2, ce parc national baigné d’eau, de sources et des cascades, entre hautes montagnes volcaniques et forêts humides du bassin de l’Amazone, abrite une faune très variée et près de 400 espèces d’oiseaux.

 

Forte odeur et mal de tête

 

Le brut s’est également écoulé dans la Coca, une rivière majeure de l’Amazonie qui se jette dans un fleuve, le Napo. Cette rivière et ce fleuve alimentent en eau de nombreuses communautés, y compris des peuples autochtones. « De petites traces (de pétrole) ont atteint les cours d’eau », a reconnu l’OCP.

A ce jour, ni le gouvernement ni l’OCP n’ont précisé la quantité de pétrole déversée dans la nature.

Toutefois, dans les petites exploitations agricoles à proximité du gazoduc, comme celle de Benjamin Landazuri, les conséquences de la pollution sont déjà visibles, tandis que les populations autochtones et les écologistes craignent un fort impact sur les populations isolées vivant plus en aval.

« Un ruisseau coule près de ma maison et il y a une source à laquelle nous puisons de l’eau pour notre consommation », explique M. Landazuri. « Nous avons déjà constaté la mort de quelques poulets qui s’abreuvent au ruisseau », déplore-t-il.

Lorsqu’il est rentré chez lui, il a senti une « très forte odeur de pétrole » qui lui a donné mal à la tête. Il a ensuite vu les barrières de confinement en forme de « saucisse » au-dessus du ruisseau.

De l’aveu même des techniciens qui se sont précipités pour colmater la fuite, et qui ce début de semaine continuaient leurs efforts pour endiguer l’avancée de la nappe noire, la « contamination est à long terme ».

« Nous avons ici des bassins de tilapias, des échantillons d’eau ont été prélevés pour voir s’il n’y a pas de contamination », s’inquiète M. Landaruzi. « Sinon l’OCP devra nous indemniser », prévient-il.

En 2020, une fuite de quelque 15.000 barils avait déjà eu lieu dans la même zone. Le pétrole avait atteint trois rivières amazoniennes. Personne n’avait véritablement quantifié le désastre.

© AFP

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