L’Australie investit dans la protection de la Grande barrière de corail

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Des coraux sur la Grande barrière de corail, en Australie, en 2014 © AFP/Archives WILLIAM WEST

Sydney (AFP) – L’Australie a dévoilé vendredi un programme de 700 millions de dollars pour protéger la Grande barrière de corail, fortement détériorée par le changement climatique, dans l’espoir d’éviter que cet écosystème unique ne soit retiré de la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, mais les militants restent sceptiques.

Le Premier ministre Scott Morrison a annoncé ce plan d’un milliard de dollars australiens (700 millions USD) sur neuf ans, quelques mois après avoir évité de justesse que le plus vaste ensemble corallien au monde ne soit inscrit sur la liste des sites en péril par l’Unesco.

« Nous soutenons la santé du récif et l’avenir économique des opérateurs touristiques, des prestataires hôteliers et des communautés du Queensland qui sont au cœur de l’économie du récif », a déclaré M. Morrison.

Cette décision intervient avant les élections législatives de mai, au cours desquelles Scott Morrison devra remporter les sièges clés du Queensland situés près du récif pour rester au pouvoir.

En 2015 déjà lorsque l’ONU avait menacé de rétrograder le statut de la Grande barrière, inscrite au patrimoine mondial depuis 1981, l’Australie avait lancé d’un plan d’investissement de plusieurs milliards de dollars pour lutter contre la détérioration du récif.

Mais depuis, l’ensemble a durement souffert après trois épisodes très graves de blanchissement des coraux, en 2016, 2017 et 2020.

Le blanchissement est un phénomène de dépérissement qui se traduit par une décoloration. Il est provoqué par la hausse de la température de l’eau -conséquence du réchauffement climatique – qui entraîne l’expulsion des algues symbiotiques qui donnent au corail sa couleur vive.

Selon une étude récente, le blanchissement a touché 98% de la Grande barrière de corail australienne depuis 1998, épargnant seulement une infirme partie du récif.

Le gouvernement conservateur australien a jusqu’ici refusé d’établir un objectif de réduction des émissions à court terme et s’est engagé à rester l’un des plus grands exportateurs mondiaux de gaz et de charbon.

Les Australiens sont pourtant majoritairement favorables à des actions visant à limiter le changement climatique, après avoir subi une série de catastrophes aggravées par le réchauffement, des feux de brousse aux sécheresses et aux inondations.

Selon un sondage réalisé en 2021 par l’Institut Lowy de Sydney, 60% des Australiens estiment que « le réchauffement climatique est un problème grave et urgent ».

Pas moins de huit Australiens sur dix soutiennent l’objectif de neutralité carbone en 2050.

Mais l’économie repose encore grandement sur les énergies fossiles et les partis politiques reçoivent des financements significatifs de donateurs liés aux industries du charbon et du gaz.

Pour le groupe de pression Climate Council, le nouveau plan d’investissements est « un sparadrap sur une jambe de bois ».

« Sauf à réduire fortement les émissions dans les dix prochaines années, la situation de la barrière n’ira qu’en se dégradant », explique Lesley Hughes, membre de cette ONG et professeur de biologie à l’Université Macquarie.

« Distribuer de l’argent pour la Grande barrière de corail d’une main, tout en finançant l’industrie même, celle des énergies fossiles, qui est à l’origine de conséquences climatiques dévastatrices, comme les vagues de chaleur marines et le blanchissement des coraux, signifie qu’ils aggravent le problème même qu’ils prétendent vouloir résoudre ».

Une grande partie du nouveau plan d’investissements du gouvernement sera consacrée à la prévention de la pollution des récifs par les eaux de ruissellement agricoles.

Environ un quart des fonds sera affecté à l’autorité du parc marin de la Grande Barrière de Corail « pour réduire les menaces que représentent les étoiles de mer acanthaster », qui se nourrissent de coraux.

© AFP

Le blanchissement a touché 98% de la Grande barrière de corail, selon une étude

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Un commentaire

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    • Guy J.J.P. Lafond

    Bonne année 2022 à l’Australie aussi! @:-)
    https://www.goodplanet.info/2021/12/31/la-redaction-de-goodplanet-mag-vous-souhaite-une-bonne-annee-2022/#comments
    Mise en exergue:
    « Il y a des efforts à fournir, des efforts d’imagination, des efforts pour créer de l’intelligence collective, pour revoir la manière dont nous pensons le monde, notre rapport au vivant et aux autres. Le défi est donc autant personnel que commun. Le changement ne saurait se contenter d’être purement technologique, il doit aussi être comportemental. »
    Je ne pouvais pas dire mieux ici au Canada.
    Nous sommes en 2022.
    Bravo à toute l’équipe de rédaction de Good Planet fondation pour sensibiliser si bien l’espèce humaine à des dangers environnementaux imminents et aussi à la fragilité de notre magnifique planète bleue.
    Poursuivons la transformation de notre monde pour le meilleur de ce que nous sommes s’il vous plaît.
    On s’engage tous dans l’année 2022 avec espoir et optimisme. Merci.
    Invitation à l’Australie: “Svp, suivez nous, suivez la Fondation Good Planet. Merci!”
    À +,
    Guy J.J.P. Lafond
    Montréal (Québec), Canada.
    @GuyLafond @FamilleLafond
    Svp, à nos vélos, à nos espadrilles de course, à nos vêtements de plein air. Car le temps file et car les enfants comptent.