A Kaboul, des distributions de pain pour endiguer la famine

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Une femme en burqa rentre chez elle après avoir reçu du pain lors d'une distribution gratuite, à Kaboul le 18 janvier 2022 © AFP Wakil KOHSAR

Kaboul (AFP) – Tôt chaque matin ces derniers jours, Muhajira Amanallah affronte le froid glacial pour se rendre dans une petite boulangerie de Kaboul où des Afghans désespérés reçoivent un peu de pain pour lutter contre la morsure de la faim.

Pour sa famille et pour les autres qui font la queue devant l’échoppe et son modeste four, le menu du jour se limite parfois à ces quelques bouchées de « naan », une fine galette de pain typique d’Asie centrale et du Sud.

« Si je ne rapporte pas du pain d’ici, nous nous coucherons sans avoir mangé », explique mardi à l’AFP Mme Amanallah.

Avec deux enfants et un mari toxicomane à sa charge, « j’ai même songé à vendre mes filles », confie-t-elle. « Mais j’ai renoncé et j’ai décidé de m’en remettre à Allah. »

Cette distribution alimentaire, lancée depuis samedi à Kaboul, fait partie d’une campagne organisée par un professeur d’université de la ville, sous le mot d’ordre « Sauver les Afghans de la faim ».

La situation humanitaire en Afghanistan a pris un tour dramatique depuis le retour au pouvoir des talibans en août et l’arrêt de l’aide internationale massive qui finançait près de 80% du budget du pays.

Le chômage a explosé et de nombreux fonctionnaires n’ont reçu aucun salaire depuis des mois. La famine menace aujourd’hui 23 millions d’Afghans, soit 55% de la population, selon l’ONU.

Grâce à ces distributions de pain, au moins 75 familles doivent recevoir une ration quotidienne de naan, dans sept districts de la capitale afghane actuellement recouverte de neige et soumise aux rigueurs de l’hiver.

Dans la file, Nouriya Sultanzoy et cinq autres femmes sont enveloppées de burqas bleues les couvrant de la tête aux pieds, conformément aux recommandations émises par les talibans.

Depuis la mort de son mari, cette mère de cinq enfants comptait sur la générosité de ses amis. Mais maintenant que la pauvreté explose, elle ne reçoit plus rien.

« On mange du riz ou de la soupe de carottes et de navets… et on remplace la viande par des morceaux de pain », raconte-t-elle, pendant que des enfants aux chaussures en lambeaux jouent autour des adultes dans le besoin.

« Les gens ont perdu leur emploi et n’ont plus aucune source de revenus », constate le boulanger Makram El-Din qui a vu ses ventes dégringoler. « Avant, nous utilisions quatre sacs de farine par jour, désormais juste un demi. »

Pour 2022, l’ONU a besoin de 4,4 milliards de dollars des pays donateurs afin de faire face à la crise humanitaire qui frappe l’Afghanistan.

© AFP

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