Une chimie écolo, la « plus grande fierté » du Nobel David MacMillan

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David MacMillan, qui a remporté le prix Nobel de chimie, sur une photographie datant de 2012 fournie par l'université de Princeton © Princeton University/AFP Denise APPLEWHITE

Washington (AFP) – L’Américano-britannique David MacMillan a été récompensé mercredi du prix Nobel de chimie pour l’élaboration d’une nouvelle technique permettant de fabriquer des molécules de façon respectueuse de l’environnement, sa « plus grande fierté ».

Il a répondu* aux questions de l’AFP quelques heures après l’annonce du jury, depuis le New Jersey où il vit et travaille à l’université de Princeton, tout en n’oubliant pas ses origines: « Je dis toujours aux gens que je suis Écossais », a-t-il souligné dans un sourire.

 

Comment avez-vous appris avoir remporté le Nobel ?

Benjamin List (qui a également remporté le Nobel avec M. MacMillan mercredi, ndlr), m’a envoyé un message à 05H30 ce matin, et j’ai vraiment pensé que c’était une blague. Je lui ai dit, « c’est juste une blague », et je me suis rendormi. Environ 20 minutes plus tard, mon téléphone n’arrêtait pas de vibrer. Je suis descendu à la cuisine et j’ai vu ma photo à la Une du site du New York Times. Je suis quasiment tombé de ma chaise.

J’étais extrêmement surpris, je ne m’y attendais vraiment pas. Je suis très heureux, comme vous pouvez l’imaginer.

 

En quoi votre découverte a-t-elle changé la donne ?

Les réactions chimiques constituent tout ce qui se trouve autour de nous, les médicaments, les matières… Et elles requièrent une catalyse (accélération de la réaction, ndlr).

La catalyse réclamait en général beaucoup de choses toxiques. Quand vous mettez du métal dans l’océan ou l’eau, cela peut être toxique pour les animaux qui y vivent.

Il y a environ 23 ans, on a eu cette idée: pourquoi n’utiliserait-on pas le même type de molécules que l’on trouve dans notre corps?

Ces molécules organiques se dégradent très rapidement dans la nature. On savait qu’elles seraient plus faciles à manipuler, à développer, et on savait aussi qu’elles seraient biodégradables, et ne poseraient donc pas de problème pour l’environnement.

 

Les applications sont multiples. De quoi êtes-vous le plus fier ?

Les gens utilisent (cette technique) pour faire des médicaments à très, très grande échelle. Et pour faire des médicaments pour tout le monde, vous devez en faire dans d’énormes quantités. Utiliser des catalyseurs qui permettent cela et soient en même temps respectueux de l’environnement est ma plus grande fierté.

 

A quoi attribuez-vous le succès de cette technique ?

Quand on a publié (les premiers résultats), ça a pris de façon incroyable. Ça s’est répandu et les gens ont commencé à l’adopter très rapidement, ce qui était très enthousiasmant.

Aucun scientifique ne travaille en vase clos. C’est parce que la communauté scientifique a appuyé cette découverte, a commencé à l’utiliser et à inventer à partir de cela, que c’est devenu important.

 

C’était il y a 20 ans… Sur quoi travaillez-vous aujourd’hui ?

Nous travaillons toujours sur l’organocatalyse, mais en utilisant maintenant la lumière. Nous avons passé beaucoup de temps là-dessus.

Ce travail est aujourd’hui très utilisé pour faire des médicaments et d’autres matériaux. Nous venons de commencer à l’appliquer en biologie. Nous sommes très enthousiastes.

 

*L’interview a été légèrement modifiée pour des questions de lisibilité.

©AFP

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