Pourquoi il y a plus de tigres en captivité aux États-Unis que de tigres à l’état sauvage dans le monde

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Un tigre du Bengale saisi par les autorités américaines à Houston au Texas, États-Unis © Francois PICARD / AFP

La population de tigres en captivité aux États-Unis est estimée à 10 000 individus. Récemment, la série-documentaire phénomène de Netflix Tiger King avait déjà mis au jour les conditions de vie de ces félins dans certains parcs privés du pays. Aujourd’hui, le nombre des tigres en captivité aux USA dépasse donc de fait le nombre de tigres en liberté dans le monde, qui est inférieur à 4000 spécimens, selon le WWF. Or, le commerce international du tigre, une espèce en danger d’extinction dans leurs milieux naturels, est interdit dans le cadre de la CITES (la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Comment se fait-il alors qu’il y autant de tigres aux États-Unis malgré l’interdiction du commerce ? s’est demandé le quotidien The Guardian qui livre une longue enquête sur le sujet.

La demande pour les tigres pour les réserves privées ou encore comme animal pour les particuliers a augmenté ces dernières années, ce qui explique en partie le phénomène. Sur les réseaux sociaux, le succès des personnes se prenant en photo avec des animaux exotiques l’amplifie. Leigh Henry du WWF regrette aussi que la série Tiger King n’ai pas réellement aidé à changer les mentalités ni alerté sur les conditions de vie des animaux dans certains zoos privés. Elle parle de la série comme d’une occasion manquée : « j’espérais qu’un show audiovisuel avec une telle audience pourrait mettre en lumière la question des tigres en captivité aux États-Unis. Cela fait 15 ans que nous essayons de faire en sorte que les États-Unis s’attaquent au problème, et il prend de l’ampleur à cause du Covid. »

Faiblesses de la législation sur la possession des tigres aux États-Unis

Malgré l’interdiction d’importation et de commerce international, devenir propriétaire d’un tigre et en faire ce qu’on veut est très aisé aux États-Unis. De nombreux états autorisent la possessions d’un animal sauvage exotique. Dans 30 états, il suffit d’être reconnu comme organisme de conservation par le Bureau des Affaires Agricoles puis de s’acquitter d’un permis de 30 dollars. Aucun permis ni aucune autorisation ne sont requis dans 9 autres états. Ce qui explique l’essor des réserves privées où entretenir un tigre, qui a une espérance de vie d’une vingtaine d’année, coûte en moyenne 10 000 dollars par an.

Un trafic lucratif et un manque de moyens

Le trafic lucratif des animaux sauvages suit les mêmes routes que les stupéfiants. L’article pointe du doigt le manque de personnel des services chargé de contrôler les importations d’animaux et de lutter contre le trafic d’espèces sauvages avec seulement 120 agents pour tout le pays. De plus, un jeune tigre peut aisément se faire passer pour un chat.

Le commerce du tigre ne se limite pas à celui des animaux vivants puisqu’il comprend aussi les os, les dents ou les fourrures. Certaines parties du corps des félins entrent dans la composition de remède, dont l’inefficacité (comme celle de la corne de rhinocéros) a été démontrée scientifiquement, de la médecine traditionnelle chinoise, ce qui intensifie le trafic illégal. Ainsi, certaines personnes interrogées par The Guardian estiment probable que les tigres élevés aux États-Unis puissent alimenter un trafic à destination de la Chine où certains éléments du corps d’un tigre atteignent plusieurs milliers de dollars à la revente. « Si vous pouvez faire un câlin ou un selfie avec un tigre, vous êtes dans une usine qui n’a aucune valeur en termes de conservation et de préservation de l’espèce puisque ces établissements peuvent très bien revendre par derrière des parties des corps de leurs tigres », explique Debbie Banks, en charge du sujet pour l’ONG Environmental Investigation Agency.

Pour aller plus loin sur les tigres dans GoodPlanet Mag’
Tiger King : au royaume des fauves (en cage)

Plus de 2.300 tigres, victime de trafic, saisis depuis 2000

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