Iran: la centrale nucléaire de Bouchehr à l’arrêt après une « défaillance technique »

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Image satellite fournie par Maxar Technologies le 8 janvier 2020 de la centrale nucléaire de Bouchehr, dans le sud de l'Iran © Satellite image ©2021 Maxar Technologies/AFP/Archives -

Téhéran (AFP) – La seule centrale électrique nucléaire d’Iran, à Bouchehr, est à l’arrêt lundi, officiellement pendant « quelques jours », pour ce qui ressemble à une opération de maintenance régulière sur laquelle les autorités ont donné des explications confuses.

Dans un communique publié dans la nuit, l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), qui exploite ce réacteur de 1.000 MW mis en service en 2013 sur la rive du Golfe, a d’abord indiqué que la centrale avait été « temporairement arrêtée et déconnectée du réseau », à la suite d’une « défaillance technique » de nature non précisée.

La centrale, construite par la Russie et située dans le sud du pays, sera rebranchée au réseau « dans quelques jours » après réparation, a-t-elle ajouté.

Interrogé en conférence de presse, le porte-parole des Affaires étrangères, Saïd Khatibzdeh, a déclaré que l’arrêt avait été « annoncé en amont » et qu’il était prévu « pour quelques jours du fait d’une défaillance technique ou pour des raisons techniques ».

« C’est quelque chose de routinier dans le domaine des centrales nucléaires et qui se fait une ou deux fois par an », a-t-il dit.

Demandant aux Iraniens de réduire leur consommation, la compagnie nationale de distribution d’électricité, a indiqué que la centrale faisait l’objet de « réparations » qui pourraient durer jusqu’à vendredi.

Partout dans le monde, les centrales nucléaires en activité doivent être régulièrement mises à l’arrêt pour des opérations de maintenance ou de rechargement du combustible nucléaire alimentant le réacteur.

Mais l’arrêt de Bouchehr pourrait avoir un lien avec les discussions actuellement en cours à Vienne pour sauver l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015, avec notamment un retour des Etats-Unis au pacte.

Ce dernier offre à l’Iran un allègement des sanctions occidentales et onusiennes en échange de son engagement à ne jamais se doter de l’arme atomique, et d’une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous un strict contrôle de l’ONU.

Mais l’accord a été torpillé en 2018 par la décision de l’ex-président américain Donald Trump de s’en retirer et de rétablir les sanctions américaines que l’accord avait permis de lever.

M. Trump et Israël accusent la République islamique d’Iran de chercher à acquérir l’arme atomique en cachette, ce que Téhéran a toujours démenti.

L’Iran a accusé ou soupçonné Israël a plusieurs reprises d’avoir saboté certaines de ses installations d’enrichissement d’uranium.

Une solution aux négociations actuelles à Vienne passe a priori par un allègement des sanctions américaines en échange du retour de Téhéran à une application stricte du pacte. L’Iran avait abandonné en riposte aux sanctions la plupart des garde-fous à ses activités nucléaires controversées qu’il avait acceptés dans l’accord.

Le 29 mars, Mahmoud Jafari, directeur adjoint de l’OIEA, a déclaré que son organisation avait du mal « à fournir certains produits ou services nécessaires » au bon fonctionnement de la centrale de Bouchehr à cause des sanctions américaines qui isolent l’Iran du système financier international.

« Si aucune solution n’est trouvée », a-t-il ajouté, la centrale « fera face à de graves problèmes cette année et nous craignons qu’elle doive cesser son activité ».

Début juin, l’Iran a pu récupérer son droit de vote à l’assemblée générale de l’ONU après être parvenu à régler des arriérés dus aux Nations unies et que Téhéran affirmait ne pas pouvoir virer à cause des sanctions américaines.

On ignorait lundi, alors qu’un nouveau cycle de négociations à Vienne s’est achevé dimanche sur une note positive, si un déblocage similaire a pu permettre à Téhéran de résoudre le problème évoqué par M. Jafari en mars.

En 2020, selon l’OIEA, le combustible nécessaire au fonctionnement de la centrale avait été livré par les Russes le 29 avril, et le réacteur avait été reconnecté au réseau le 22 juin « après le remplacement annuel du combustible et la réparation périodique de l’équipement de base ».

Situé aux confins de plusieurs plaques tectoniques et traversé par plusieurs failles, l’Iran est en outre une zone de forte activité sismique.

Les pays arabes du Golfe voisins ont souvent dit leurs craintes concernant la fiabilité de la centrale de Bouchehr et évoqué un risque de fuites radioactives en cas de séisme important.

En avril, la région de Bouchehr a été secouée par un tremblement de terre de magnitude 5,8 n’ayant causé selon les autorités aucun dégât.

© AFP

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