A Chypre, l’urgence de sauver les coraux du changement climatique


Louis Hadjiannou, écologiste marin chypriote, plonge pour photographier le corail, alors qu'il surveille l'impact du changement climatique sur cette faune délicate dans les eaux cristallines de Glyko Nero près d'Ayia Napa, au large de la côte sud-est de l'île © AFP Emily IRVING-SWIFT

Ayia Napa (Chypre) (AFP) – Beaucoup de gens pensent qu’il n’y a pas de coraux à Chypre, mais si le dérèglement climatique et l’aménagement du littoral se poursuivent sans relâche, ils pourraient bientôt avoir raison, constate l’écologiste marin Louis Hadjiannou.

Fils de pêcheur, M. Hadjiannou aime enfiler sa combinaison et plonger des superbes rochers de son île dans les eaux azur de la Méditerranée orientale, à la découverte de leurs fragiles écosystèmes aquatiques.

« C’est toujours une exploration », raconte avec passion le scientifique âgé de 38 ans, sur la plage de Glyko Nero, près de la station balnéaire d’Ayia Napa, dans le sud-est de l’île.

« Si vous plongez au même endroit un million de fois, vous verrez à chaque fois quelque chose de nouveau, d’intéressant », a-t-il ajouté.

Lorsqu’on évoque les coraux, on imagine la plupart du temps les récifs flamboyants de la Mer rouge, renfermant une faune aquatique variée et non aux fonds marins méditerranéens souvent plus ternes.

« Quand je parle des coraux de Chypre, la plupart des gens me disent: +Nous avons des coraux à Chypre?+ », s’amuse le chercheur de l’Institut national maritime.

Non seulement, les eaux chypriotes sont parsemées de coraux mais on y « découvre encore de nouvelles espèces », assure-t-il. « Emblématiques », les coraux « soutiennent la biodiversité mais ils sont très sensibles aux changements de l’environnement », précise M. Hadjiannou.

Eduquer les enfants

Parfois surnommés « la forêt tropicale des océans », les récifs de corail font partie des écosystèmes les plus riches de la planète, abritant d’innombrables espèces aquatiques.

Encore à l’étude, les écosystèmes marins chypriotes sont extrêmement menacés par le dérèglement climatique ainsi que par le tourisme de masse, le développement du littoral et la pollution agricole, selon M. Hadjiannou qui a étudié les effets du changement de température de la mer sur les coraux durant ces dix dernières années.

« A chaque année ou température anormale, on constate qu’un pourcentage important de coraux meure », a-t-il indiqué.

En 2015, une hausse d’un degré celsius a tué 20 à 30% des coraux et seuls « certains sont revenus », regrette le scientifique.

« La moindre augmentation de température (…) peut sérieusement leur nuire, et les prévisions montrent que cela va empirer dans les 30, 40 prochaines années », a-t-il averti.

Bien qu’un effort international soit nécessaire pour lutter contre le changement climatique, M. Hadjiannou estime que beaucoup de choses peuvent être faites localement.

Il prône notamment un aménagement durable du littoral et la création de davantage d’aires marines protégées, interdisant les pratiques nuisibles (ancrage des bateaux, promenade des nageurs sur les coraux).

Pour M. Hadjiannou, devenu père de famille en mars, une autre priorité est l’éducation des enfants.

« Ils sont l’avenir (…) Ce sont eux qui vont devenir les conservateurs, le gouvernement, les usagers de demain », a-t-il ajouté.

© AFP

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