Au Panama, pépinière et éducation pour sauver les récifs coralliens


Vue aérienne du massif corallien de Portobelo, le 16 avril 2021 au Panama © AFP Luis ACOSTA

Portobelo (Panama) (AFP) – « Il y a vingt-cinq ans, la zone corallienne de Portobello était plus grande » mais « le réchauffement climatique, l’augmentation de la pollution » l’ont endommagée, regrette Diego Valladares, étudiant de 19 ans membre d’un projet de restauration du récif corallien de Panama.

Le littoral du Panama, long de plus de 2.500 km des deux côtés de l’isthme [Pacifique et Atlantique], regorge de coraux.

Portobelo, situé à environ 100 km au nord de la capitale Panama, était le port de sortie des métaux précieux à destination de l’Europe à l’époque coloniale et « des tonnes de corail avaient été extraites pour construire le poste de douane et ériger des fortifications », explique à l’AFP Héctor Guzmán, biologiste marin au Smithsonian Tropical Research Institute.

Aujourd’hui, « la menace vient des terres », dit le biologiste. « Les pesticides » issus de l’élevage et de l’agriculture « et les sédiments » d’une carrière de pierre « descendent dans les rivières » qui se jettent ensuite dans la mer, explique-t-il.

Le développement des microalgues qui fournissent la pigmentation et les nutriments aux coraux est contrarié et les coraux blanchissent.

Le projet de pépinière de corail, appelé Reef2Reef, a été lancé par René Gómez, un entrepreneur dans le domaine du tourisme et plongeur à Portobelo, qui a ouvert son initiative aux étudiants.

« Si nous obtenons l’adhésion de la communauté et des jeunes, ils deviennent autonomes, ils aiment le projet, ils apprennent davantage et ils nous aident à préserver l’écosystème. Le projet ne meurt pas avec moi », dit-il.

Diego Valladares, qui pratique la plongée depuis plus de sept ans, était encore au lycée lorsqu’il a rencontré la professeure Yessenia Gonzalez Muñoz, de l’Université maritime internationale de Panama, qui travaillait sur le projet Reef2Reef.

Il est aujourd’hui son élève et toutes les deux semaines, Diego et d’autres étudiants plongent une brosse et une règle dans les mains pour nettoyer les structures sur lesquelles ont été installés des coraux sains et mesurer leur croissance.

« En 2019, cela a commencé comme une simple idée (…) Nous adaptions une méthodologie qui s’est avérée fructueuse du point de vue de la culture et de la transplantation de fragments de coraux pour ensuite restaurer les écosystèmes dégradés », explique Mme González Muñoz, également chercheuse.

À une profondeur d’environ cinq mètres, de petites structures octogonales servent de support à des coraux prélevés dans des zones saines.

Certaines des ces structures sont alimentées par un léger courant électrique.

Cette pratique existe déjà dans d’autres parties du monde mais elle est nouvelle au Panama.

Evelyn Sáenz, 22 ans, fait sa thèse sur ce sujet et compare les technologies propices à un développement robuste des coraux.

« On pense que ceux alimentés par un courant électrique grandissent plus vite », dit-elle.

Son enseignante tempère l’ardeur des étudiants mais se veut résolument optimiste.

« Il se peut que nous ne restaurions pas tout l’écosystème » corallien, dit Yessenia Gonzalez Muñoz, « mais nous apportons une nouvelle science au Panama, des données, une expérience pour les jeunes et une grande sensibilisation à la protection de l’environnement ».

© AFP

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