Déclin du charbon en Occident, poursuite de son essor en Chine

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Mines de charbon à ciel ouvert, Mpumalanga, South Africa (61°10' S - 28°44' E) © Yann Arthus-Bertrand

Bonne nouvelle pour le climat, l’utilisation du charbon recule partout dans le monde sauf en Chine. En effet, selon le rapport L’essor et le déclin du charbon dans le monde (Boom and bust 2021: Tracking The Global Coal Plant Pipeline) publié par le Global Energy Monitor mardi 7 avril, 37 GW de centrales au charbon ont été retirés du réseau en 2020, notamment aux États-Unis et dans l’Union Européenne. Le rapport constate que le nombre d’installations et de projets de centrales recourant à cette énergie fossile recule.

Moins de charbons aux USA et dans l’UE

« En 2020, pays après pays, de nombreuses annonces concernant la réduction de l’usage du charbon dans les futurs plans énergétiques ont été faites. Ce sont très certainement les ultimes centrales au charbon planifiées dans la plus grande partie du monde », se réjouit Christine Shearer, directrice du programme charbon au Global Energy Monitor. Le rapport note ainsi que sur les 37,8 GW de centrales au charbon mis hors service en 2020, les États-Unis ont représenté 11.3 GW et l’Europe 10.1 GW. Il ajoute, non sans une certaine ironie, que sous la présidence de Trump, qui s’était pourtant fait le champion du charbon, cette énergie a reculé plus vite que sous le second mandat d’Obama.

« En dehors de la Chine, nous avons constaté un déclin dans le nombre total de projets d’installations de nouvelles capacités électriques à partir du charbon qui s’explique par le désinvestissement dans les énergies fossiles. En effet, les financeurs ont publiquement déclaré qu’il serait de plus en plus difficile de financer de tels projets, ce qui a conduit à envisager des alternatives », déclare Christine Shearer.

La Chine, toujours accro au charbon

Toutefois, en 2020, 50,3 GW de centrales au charbon ont été mis en service dans le monde. 85 % de ces installations ont lieu en Chine. Le pays, pourtant engagé sur un objectif de neutralité carbone pour 2060, a déployé pour 38,4 GW de projets de nouvelles centrales à charbon en Chine. De plus, « Des dizaines de projets de nouvelles centrales ont été annoncé l’année dernière en Chine, soit autant que la capacité actuelle de l’Allemagne et de la Pologne réunie », résume Lauri Myllyvirta, du Centre de recherches sur l’énergie et la qualité de l’air à Helsinki, une des auteurs du rapport. En Chine, la pollution de l’air est responsable de plusieurs centaines de milliers de morts par an.

La Chine devrait représenter dans les années à venir les trois quarts des nouvelles installations de centrales thermiques au charbon. « Ces centrales ne sont pas compatibles avec l’ambition du pays d’atteindre l’ambition zéro émissions nettes pour en 2060 car pour y parvenir il faudrait décarboner la production d’énergie du pays d’ici 2050 », estime Christine Shearer.

« Des financements doivent être mis en place afin de s’assurer que les pays construisant encore leurs infrastructures électriques utilisent des technologies bas-carbone. Pour les pays avec beaucoup de centrales au charbon, il faut développer les renouvelables et sortir du charbon. Les centrales thermiques doivent servir de renforts intermittents jusqu’à ce que les renouvelables produisent assez d’électricité et que cette dernière puisse être stockée », préconise  réjouit Christine Shearer.

L’Europe et la France

Au total, 19 pays de l’UE et le Royaume-Uni se sont engagés à éliminer progressivement la production d’électricité au charbon d’ici à 2030, l’Allemagne visant 2038. En France, où le nucléaire produit 72 % de l’électricité, le charbon joue un rôle restreint dans la fourniture d’électricité, ce qui fait de du pays une exception. Au niveau mondial, le charbon reste le premier combustible employé pour générer de l’électrifié, il sert à fournir 37 % de l’électricité tandis que les énergies renouvelables, en progression continue ces dernières années, produisent 25 % de l’électricité.

Julien Leprovost

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Un commentaire

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    • Serge Rochain

    L’ambition démesurée de la Chine dans le toujours plus ne résulte que de l’ambition toute aussi démesurer de l’occident à maximiser les profits en achetant moins cher…. en Chine.
    Mais, pour satisfaire ces ambitions il faut de l’énergie, beaucoup d’énergie et vite car nous sommes pressés, alors on fait feu de tous bois, y compris celui de charbon, facile, à porté de main et en plus pas cher.
    Ce n’est pas la Chine la coupable, c’est l’ensemble des consommateurs de la planète car chacun crois trouver son compte dans cette ressource qui n’est que pillage.