A Bath, camions et bus polluants ne sont plus les bienvenus


A l'entrée de la zone du centre-ville de Bath, en Angleterre, où les véhicules polluants sont taxés, le 12 mars 2021 © AFP Geoff Caddick

Bath (Royaume-Uni) (AFP) – Devant le marché couvert de la ville anglaise de Bath, une camionnette blanche flambant neuve: celle de Michele Dicorato. Le commerçant a adopté un modèle plus « propre » pour échapper à une taxe sur les véhicules polluants entrée en vigueur lundi.

« Si j’avais fait comme bon me semble, je ne l’aurais pas changée mais je n’avais pas le choix », raconte ce patron d’une droguerie, au milieu des paillassons, toiles cirées et corbeilles à papier.

A partir de lundi, les conducteurs de véhicules polluants doivent s’acquitter d’une taxe quotidienne allant de 9 à 100 livres (de 10 à 116 euros) pour rouler dans le centre de cette ville du sud-ouest de l’Angleterre prisée des touristes pour ses thermes romains et ses majestueux bâtiments néoclassiques.

Cette initiative, inédite au Royaume-Uni hors de Londres, vise à diminuer les émissions toxiques.

Des mesures similaires sont prévues à Birmingham, dans le centre de l’Angleterre, Bradford (nord) ou Bristol (sud-ouest), avec le soutien du gouvernement, qui avait été condamné par la justice en 2018 pour son inaction face à la pollution de l’air.

Le Royaume-Uni, qui accueille en novembre à Glasgow la conférence sur le climat COP26, se veut désormais en pointe et s’est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2050.

A Bath, la pollution au dioxyde d’azote (NO2), qui est principalement causée par le diesel et les véhicules à essence plus anciens, dépasse les limites légales. Or, des niveaux élevés peuvent déclencher des crises d’asthme, une affection dont souffrent environ 12.000 personnes à Bath et sa région.

« Malgré le confinement, avec beaucoup de gens restant chez eux et moins de circulation, la limite légale de dioxyde d’azote continue d’être dépassée à quatre endroits du centre-ville », explique à l’AFP Sarah Warren, conseillère locale.

Pour abaisser ces niveaux, une « zone air propre » a vu le jour. Des panneaux représentant un nuage sur fond vert en indiquent les contours, et des caméras ont été installées pour repérer les plaques d’immatriculations.

Les véhicules privés et les motos sont exemptés de cette taxe après une consultation publique qui a révélé « une forte inquiétude sur l’impact de la mesure sur les plus vulnérables », explique Sarah Warren.

– De 9 à 100 livres par jour –

Côté chauffeurs de taxis, on fait la tête.

« Ce n’est pas le moment de faire ça, alors qu’on se débat pour survivre », estime Tim Elbehiry, 49 ans, attendant un des rares clients de la journée dans une rue du centre-ville aux nombreuses devantures fermées, confinement oblige.

Mais ce père de famille s’estime « chanceux », car sa Mercedes noire, un véhicule diesel acheté en 2015, répond de justesse aux critères fixés pour éviter la nouvelle taxe, qui s’élève à 9 livres (10,5 euros) pour les taxis.

Cette taxe, redevable 24 h sur 24 et sept jours sur sept, grimpe à 100 livres par jour (116 euros) pour les conducteurs de bus, cars et poids-lourds polluants.

Chris Ashley, responsable Environnement et régulations à la fédération de routiers Road haulage association, juge la mesure « brutale »: « Cela condamne des véhicules qui sont seulement vieux de cinq, six ou sept ans ».

Malgré les subventions pour faciliter l’achat de véhicules plus propres, il affirme que les membres de son association de transporteurs routiers peinent à s’adapter par « manque » de camions répondant aux critères environnementaux disponibles à l’achat.

En débit du contexte économique difficile, la lutte contre la pollution de l’air s’est imposée comme une priorité.

Pour Imogen Martineau, responsable au Royaume-uni du Clean Air Fund, qui sensibilise au problème de la pollution de l’air, les zones à basse émission comme celle de Bath « sont identifiées comme la façon la plus rapide de réduire les niveaux de dioxyde d’azote ».

Si le Royaume-Uni parvenait à ramener la pollution de l’air dans les limites recommandées par l’Organisation mondiale de la santé, cela éviterait 17.000 naissances prématurées chaque année, selon le Clean air fund.

Un impact positif pour la santé mais aussi pour l’économie, souligne Imogen Martineau: « trois millions de journées de travail sont perdues chaque année en raison de la pollution de l’air, à cause de travailleurs tombant malades ou devant s’occuper d’enfants malades ».

© AFP

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