La famine pourrait devenir une « réalité » au Yémen, selon l’ONU

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Une mère yéménite nourrit son enfant souffrant de malnutrition à l'hôpital al-Sabeen à Sanaa, le 2 mars 2021 © AFP Mohammed HUWAIS

Dubaï (AFP) – La famine pourrait devenir une « réalité » au Yémen en 2021, a averti mardi l’ONU au lendemain d’une conférence de donateurs qui a réuni à peine la moitié des fonds nécessaires pour prévenir un désastre humanitaire dans ce pays ravagé par la guerre.

L’objectif de l’ONU était de lever 3,85 milliards de dollars mais seulement 1,7 milliard ont été promis par une centaine de gouvernements et des donateurs particuliers.

En guerre depuis 2014, le Yémen n’est qu’à « un pas » d’une famine majeure, a déclaré à l’AFP le chef du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), Achim Steiner.

« La perspective de voir encore plus de Yéménites souffrir de faim vient juste d’augmenter de manière exponentielle », a-t-il ajouté.

Un « point critique » pourrait être atteint dans les « prochaines semaines ». « C’est pourquoi nous sommes si inquiets (…) une famine majeure pourrait vraiment devenir une réalité en 2021. »

Le conflit, qui oppose les rebelles Houthis soutenus politiquement par l’Iran aux forces loyalistes appuyées par une coalition militaire menée par l’Arabie saoudite, a fait des dizaines de milliers de morts selon des ONG et entraîné la pire crise humanitaire actuelle au monde, selon l’ONU.

Les combats se poursuivent, avec depuis le 8 février une nouvelle offensive des insurgés sur Marib, dernier bastion loyaliste du Nord, qui a entraîné la fuite de centaines de familles.

Pour un habitant de la capitale Sanaa, contrôlée par les rebelles, seule la fin de la guerre pourrait sauver le pays. « Tous les Yéménites souhaitent la fin de la guerre, le plus vite possible, pour que nous n’ayons plus besoin d’aucune aide », dit-il à l’AFP.

Des millions de Yéménites sont au bord de la famine et les ONG n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme. Plus des deux tiers de la population, soit environ 20 millions de personnes, dépendent de l’aide humanitaire, déjà réduite en 2020 face à la pandémie de Covid-19

Selon les derniers chiffres de l’ONU, plus de la moitié de la population sera confrontée à la faim cette année et près de 50.000 sont dans des conditions proches de la famine.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a averti que 400.000 enfants de moins de cinq ans pourraient mourir de malnutrition aiguë en 2021 faute de traitement urgent.

Selon M. Steiner, les « conséquences immédiates » de la baisse de l’aide seront dévastatrices. « Les agences de l’ONU et les ONG internationales doivent réduire leur soutien au Yémen au pire moment de la crise. »

« Les rations doivent être diminuées, des produits alimentaires ne pourront plus être fournis tandis que le matériel de santé et les médicaments de base ne pourront pour la plupart plus être importés. »

« Avec les promesses de (lundi), nous avons peut-être gagné quelques mois supplémentaires mais la perspective d’une réduction drastique de l’approvisionnement en nourriture est imminente », se désole M. Steiner. « C’est une question de vie ou de mort pour beaucoup de Yéménites. »

Dans ce pays, déjà le plus pauvre de la péninsule arabique avant la guerre, écoles, usines, hôpitaux et entreprises ont été détruits ou fermés. Un quart de la population active est au chômage et ne peut subvenir aux besoins de son foyer.

Selon le PNUD, le Yémen fait face à la pire crise de développement dans le monde après avoir perdu plus de deux décennies de progrès.

« Il y a une génération toute entière de garçons et de filles qui grandissent actuellement sans la chose la plus élémentaire que nous puissions leur fournir au XXIe siècle, l’éducation », déplore M. Steiner.

© AFP

Un commentaire

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    • Solange

    C’est terrible de lire de telles choses en 2021, on ne peut dire que : Bonjour Tristesse !