Bretagne : le ras-le-bol des journalistes face aux entraves à la liberté d’informer sur l’agrobusiness

agroalimentaire bretagne

Des algues vertes à Plonevez-Porzayen dans le Finistère le 19 septembre 2010 © AFP/Archives FRED TANNEAU

Rennes (AFP) – Plus de 250 journalistes demandent au Conseil régional de Bretagne de contribuer à garantir une information « libre » sur la question de l’agroalimentaire dans la première région agricole française ainsi qu’à la création d’un « observatoire de la liberté de la presse ».

Dans cette lettre rendue publique lundi, les signataires, qui travaillent majoritairement pour des médias nationaux, demandent à l’institution régionale de « contribuer à garantir une information et une parole publique libres sur les enjeux de l’agroalimentaire en Bretagne ».

Ils lui demandent également « expressément de contribuer à la création d’un observatoire régional des libertés de la presse ».

Il s’agit, précisent-ils, « de réunir les conditions d’une information transparente et intelligible par tous les Breton-nes » et de « permettre l’écoute et la protection de journalistes qui viendraient à être inquiété-es pour leurs travaux ».

Cette demande vient en réponse à la décision des « ministères de l’Intérieur et de l’Agriculture (qui) ont impulsé la création des observatoires départementaux de +l’agribashing+ », indique cette lettre.

Dans un communiqué, le président du Conseil régional répond positivement à toutes les demandes formulées. « Oui, je suis d’accord pour contribuer à garantir une information et une parole publique libres, sur les enjeux de l’agroalimentaire en Bretagne, comme sur n’importe quel autre sujet », y affirme notamment Loïg Chesnais-Girard (PS).

« Oui, je suis disponible pour accompagner la création d’un observatoire régional indépendant des libertés de la presse. La liberté de la presse est un droit constitutionnel non négociable et je m’engage à participer, à mon niveau, au démantèlement de toutes les autocensures qui empêchent les journalistes de travailler sereinement », y écrit-il également.

Peu après, le député LR des Côtes-d’Armor Marc Le Fur a reproché au président de la région Bretagne de « courber l’échine devant le lobby écolo-parisien », dans un message sur Twitter.

La lettre ouverte des journalistes intervient dans un contexte de tension croissante en Bretagne, depuis une quinzaine d’années, entre les syndicats agricoles majoritaires (FNSEA et JA) et les associations environnementales, appuyées notamment par les défenseurs d’une agriculture davantage respectueuse de l’homme et de la nature. Cette tension s’est notamment manifestée à propos du phénomène des algues vertes qui polluent certaines côtes bretonnes depuis plus de 40 ans et plus récemment sur l’usage des pesticides à proximité des habitations.

Elle s’est cristallisée ces derniers mois autour de la journaliste indépendante Inès Léraud qui a longuement enquêté sur l’agroalimentaire en Bretagne, notamment sur les effets dramatiques subis au plan sanitaire par des salariés de ce secteur.

Inès Léraud a publié l’an dernier avec Pierre Van Hove une bande dessinée, intitulée « Algues vertes, l’histoire interdite », vendue à plus de 45.000 exemplaires. Une invitation à participer à un salon littéraire à Quintin (Côtes-d’Armor) avait été annulée à la demande, selon le Canard Enchaîné, d’un élu de la commune, salarié de la Chambre d’agriculture.

Par ailleurs, un industriel breton a déposé une plainte contre la journaliste pour diffamation à la suite d’un article à son sujet.

Une pétition ainsi qu’un collectif de soutien ont été lancés pour soutenir la journaliste.

© AFP

Pétition : Défendons la liberté d’informer sur le secteur agro-alimentaire

7 commentaires

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    • Balendard

    Voilà déjà de nombreuses années que le site sur les rivières françaises et le canoë-kayak nous a informé sur ce problème

    http://www.rivieres.info/rep/11/11e.pdf

    • Francis

    Ce qui se passe en Bretagne est le résultat d’une volonté politique généralisée mise en œuvre depuis les lois d’orientation de politique agricole d’Edgar Pisani au début des années 60. Il ne s’agit pas pour moi de nier la réalité, mais enfin, les journalistes sont mal placés pour donner des leçons de morale à quiconque avec leur débauche de racisme anti-paysan depuis des décennies. Pour les plus jeunes, il faut rappeler que c’est un journaliste qui a inventé l’histoire des vaches nourries avec des cadavres de moutons il y a 25 ans et que tous ont répété la même connerie sans faire la moindre enquête pour rétablir la vérité.

    • Bouillot Pierre

    Pourquoi tant de difficultés si tout « est fait dans les règles », si il n’y a rien à cacher.

    • Michel CERF

    Ou en serions nous sans les journalistes pour nous informer ?

    • PROCOT Martine

    Sur la photo de cette plage avec algues vertes, il y a une vache. Que fait-elle là, c’est le pré qui n’est pas clos et elle se balade ??

    • Nath

    Certains ont besoin de lunettes visiblement. Les lobbies de l’élevage sont à la solde du dieu pognon et tous les abrutis qui achètent la merde qu’ils produisent, leur donnent raison. Seuls les petits intérêts des truands de l’élevage semblent importer sur terre, alors que ces nuisibles sont les premiers à détruire tout ce qui vit sur terre, pour l’appât du gain souillé de sang. Car en plus de polluer, ces nuisibles assassinent. Dommage que le COVID n’ait pas su les éliminer. La planète sans bipèdes humains se porterait tellement mieux. Alors oui, si quelqu’un ose dénoncer leurs magouilles et leurs escroqueries, bien sûr, il devient l’ennemi numéro 1, même si ce qui est dit n’est que la vérité.

    • Franck

    Ce qui pose question est quelle est la nécessité de produire dans ces conditions, exporter des denrées alimentaires pour obtenir des devises ! Cela fait vivre le monde agricole (pas toujours bien, rarement le petit paysan), cela enrichit la chimie, cela oriente des fonds publics pour être « compétitif », cela entraîne parfois de la concurrence déloyale chez certains pays, cela génère le phénomène de la « malbouffe », cela détruit le biotope, cela appauvri les sols, cela pollue nos nappes phréatiques,… Est-il indispensable de produire autant de cette façon pour gagner de l’argent et finalement dépenser davantage pour se soigner et réparer les dégâts causés à l’environnement ? C’est un choix de société, que les français fassent connaître leurs priorités.