Brésil: sommet de leaders amazoniens unis contre Bolsonaro

amazonie Raoni Mekuktire

Le chef Raoni Mekuktire, de la tribu des Kayapo, participe le 15 janvier 2020 à une réunion de leaders indigènes amazoniens critiques du président Jair Bolsonaro, à Piaraçu, dans l'Etat brésilien de Mato Grosso © AFP CARL DE SOUZA

Plusieurs dizaines de leaders indigènes et représentants d’autres communautés amazoniennes sont réunis cette semaine au coeur de la forêt dans le but de former une alliance contre la politique environnementale du président d’extrême droite Jair Bolsonaro.

« Je ne veux plus que personne ne meure devant moi, je ne veux pas que tout le monde s’entretue, les blancs contre les indigènes », a affirmé le chef emblématique Raoni Metuktire, lors de cette réunion organisée dans le village de Piaraçu, dans l’Etat brésilien du Mato Grosso (ouest), en présence de quelques journalistes, dont l’AFP.

Cette localité n’a pas été choisie par hasard: elle se trouve loin des grands centres urbains, sur les rives du fleuve Xingu, en pleine forêt vierge.

L’objectif principal de la réunion: former une union sacrée pour faire face aux projets du gouvernement Bolsonaro qui menacent selon ces caciques le mode de vie des indigènes, notamment une loi qui autoriserait les activités minières sur les terres réservées aux autochtones.

« Bolsonaro dit beaucoup de mal de nous. Il n’attaque pas que les indigènes, mais il nous attaque plus que quiconque », a ajouté le cacique Raoni, le corps recouvert de peintures noires, avec son plateau labial si caractéristique et une grande coiffe de plumes.

Le cacique de 89 ans a l’intention d’apporter en personne au Congrès à Brasilia le texte qui sera rédigé à l’issue de la réunion prévue jusqu’à vendredi.

« Là-bas, je vais demander à Bolsonaro pourquoi il dit tant de mal des indigènes », a-t-il conclu, tout en soulignant l’importance d’aller « chercher des soutiens politiques » en Europe, où il se rend régulièrement.

Fin août, il avait notamment rencontré le président français Emmanuel Macron à Biarritz (sud-ouest), en marge du sommet du G7, en pleine polémique sur les feux de forêt en Amazonie.

En septembre, Jair Bolsonaro avait vivement pris à partie le cacique lors de son discours à l’assemblée générale de l’ONU, considérant que « le monopole de Raoni sur l’Amazonie est terminé ».

« Nous vivons un moment dramatique, presque une situation de guerre », a affirmé lors de la réunion à Piaraçu Sonia Guajajara, coordinatrice de l’Association des peuples indigènes du Brésil (APIB).

Au-delà des leaders indigènes, cette réunion regroupe également des représentants d’autres communautés traditionnelles vivant dans la forêt, comme c’était le cas dans les années 80, avec l’Alliance des Peuples de la forêt formée par Chico Mendes, célèbre militant écologiste blanc assassiné en 1988.

© AFP

Ecrire un commentaire