Fleuves d’Asie: au coeur d’un des plus grands enjeux de la crise climatique

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Erosion visible du sol causée par l'eau du fleuve Brahmapoutre sur l'île de Majuli, dans le nord-est de l'Inde, le 17 septembre 2019 © AFP DIPTENDU DUTTA

An 2100. Les glaciers de l’imposante chaîne montagneuse de l’Hindou Kouch et de l’Himalaya, au coeur des plus belles épopées de l’histoire, ont presque disparu, emportés par la crise climatique.

Avec eux s’est aussi évaporée l’eau indispensable à la survie et la croissance du continent asiatique.

L’or bleu est devenu plus précieux que le pétrole. La vie de centaines de millions de personnes en Inde, au Pakistan, en Chine et ailleurs en dépend, au risque de susciter des conflits.

En 2020 l’Asie, où vit la moitié de la population de la planète, est déjà la région du monde où le « stress hydrique » est le plus élevé.

Près de 1,65 milliard d’êtres humains installés dans les bassins fluviaux dépendent des grands fleuves qui dévalent les pentes escarpées de l’Hindou Kouch, comme le Yangtsé, le Brahmapoutre, le Mékong et l’Indus. Ces fleuves apportant de l’eau douce aux paysans et aux industries, tout en charriant poissons et nutriments, sont indispensables à la vie et la croissance.

La disparition de deux tiers des glaciers, annoncée par les scientifiques dans le cas où le réchauffement planétaire dépasserait 1,5°C, détraquerait à jamais la mécanique bien huilée des saisons: inondations, sécheresses, avalanches et éboulements seront le lot quotidien des habitants.

Les effets de la crise climatique sont déjà tangibles pour des millions d’Asiatiques, qui réalisent à quel point leurs fleuves sont source de vie.

En 2007, Nandiram Payeng, né à Majuli, dans l’Etat d’Assam, dans le nord-est de l’Inde, a dû quitter pour toujours sa maison, comme 10.000 autres personnes. Le Brahmapoutre avait dévoré la moitié de son île fluviale. Les habitants racontent qu’ils savaient vivre avec leur fleuve, déplaçant leurs huttes en bambou vers des zones élevées pour échapper aux inondations, mais le Brahmapoutre devient de plus en plus féroce, gonflé par la fonte des glaciers, et pourrait engloutir l’île complètement.

Pendant ce temps, les montagnards d’Hassanabad, au Pakistan, vivent la peur au ventre au pied d’une masse noire et acérée, le glacier Shisper, qui progresse et s’étend au risque de les enfouir sous des tonnes de glace et de roches.

« L’Asie est confrontée à trois défis en lien avec l’eau: son insuffisance dans certains pays, dont l’Inde et la Chine, sa raréfaction en raison du changement climatique, et le regroupement des populations et des villes sur les rives de fleuves déjà vulnérables », note Debra Tan, directrice de l’ONG China Water Risk.

Les riverains ont commencé à se mobiliser pour sauver leurs fleuves et trouver des solutions face au manque d’eau. En Thaïlande, des associations ont bloqué des projets de dragage sur le Mékong et dénoncent l’effet sur la biodiversité de dizaines de barrages qui bloquent la circulation des espèces et des sédiments. En Chine, un programme de grande ampleur est en oeuvre pour revitaliser le Yangtsé, dont la pollution a entraîné des milliers de cancers dans le centre du pays.

Au niveau mondial, il reste un espoir si les nations s’unissent pour limiter le réchauffement à 1,5 degré, assure David Molden, directeur général du Centre pour le développement intégré des montagnes (ICIMOD): « C’est faisable. Il faut que nous travaillions ensemble en ce sens, au niveau des nations et des individus ».

© AFP

2 commentaires

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    • Michel CERF

    Il aura donc fallut attendre le manque d’eau pour réaliser que celle-ci est source de vie …

  • Ce n’est pas pour l’essentiel un manque d’eau qu’il faut craindre avec le dérèglement climatique en cours mais le fait qu’il y a selon les endroits trop d’eau par moments et pas assez à d’autres. Irrégularités qui vont poser le problème du développement des
    infrastructures de stockage.
    il va falloir que les Indiens s’implique par exemple dans une réflexion prenant en compte l’excédent d’eau pendant la mousson et le fait que les glaciers de l’Himalaya sont progressivement en train de disparaître