Nigéria : le changement climatique accentue la guerre civile

Nigéria : le leader supposé du groupe terroriste Boko Haram lors d’une annonce distribuée aux envoyés spéciaux des grands journaux internationaux en septembre 2013. ©AFP PHOTO / BOKO HARAM
A screengrab taken on September 25, 2013 from a video distributed through an intermediary to local reporters and seen by AFP, shows a man claiming to be the leader of Nigerian Islamist extremist group Boko Haram Abubakar Shekau. The video, which comes after an outburst of violence in northeastern Nigeria, shows the man taunting world leaders after the military said he may have been killed. RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / BOKO HARAM" - NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS
Nigéria : le leader supposé du groupe terroriste Boko Haram lors d’une annonce distribuée aux envoyés spéciaux des grands journaux internationaux en septembre 2013. ©AFP PHOTO / BOKO HARAM

Cinq personnes sont mortes depuis le début de la semaine dans la province de Bénué au Nigéria, victimes des affrontements qui opposent les fermiers catholiques du Sud et les éleveurs musulmans du Nord forcés de fuir l’avancée du désert. Ces morts viennent s’ajouter aux 8 000 victimes d’affrontements agricoles comptées depuis 2005 dans le pays, rapporte le Sydney Morning Herald.

La région la plus touchée par ces affrontements est la ceinture du milieu du pays qui trace une frontière invisible entre le Nord et le Sud, entre musulmans et chrétiens. Or, dans cette zone, le sable avance vers le Sud de plus de 15 km par an. Depuis 1960, le Sahara a ainsi gagné plus de 350 000 kilomètres carrés au Nigéria, soit la taille de l’Allemagne. Cette avancée menace 28 millions de personnes et 58 millions de bêtes.

Pour protéger leurs bêtes et pour assurer leur subsistance, les fermiers du Nord, à majorité musulmane, fuient vers le Sud à la recherche de nouvelles terres. Mais les agriculteurs du Sud, à majorité chrétienne, n’acceptent pas leur venue. Ils la vivent comme une menace. Pour John Pam, membre de la communauté chrétienne de l’ethnie Berom, cité par le quotidien, les éleveurs musulmans du Nord veulent « piquer leurs terres et les gouverner », ce qui explique que les chrétiens du Sud « ne les laisseront jamais s’installer sur leurs terres ».

Selon Nnamdi Obasi, analyste pour l’ONG International Crisis Group, « l’origine de ces violences est l’accès aux ressources » et la plupart des conflits dans la ceinture du milieu « sont dus à l’avancée du désert ».

La guerre civile dure depuis de nombreuses années mais s’est intensifiée avec l’arrivée dans la région de l’organisation terroriste Boko Haram. En janvier, 34 personnes sont mortes lors de conflits armés dans l’état du plateau au centre du pays.

De nombreuses guerres civiles trouvent, en partie au moins, leurs origines dans des tensions autour des problèmes d’accès à la terre, entre éleveurs et agriculteurs comme au Rwanda en 1994, ou d’accès à l’eau, comme au Soudan dans les années 1980.

3 commentaires

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  • […] La plupart des conflits dans la ceinture du milieu du Nigéria sont dus à l’avancée du désert, qui progresse chaque année de 15 km vers le sud.  […]

  • Au réchauffement climatique et donc à cette avancée du désert, il faut rajouter l’autre ingrédient à cette recette explosive de guerre civile, je veux parler de la croissance exponentielle du nombre de nigérians.
    Ils étaient 38 millions en 1950 et sont aujourd’hui 175 millions : conséquence, la taille des exploitations dont dispose un fermier a été divisée par 4,6 (22%) !
    Et les choses ne risquent pas de s’arranger puisqu’en 2100, l’ONU annonce 914 millions d’habitants : un fermier de cette fin de siècle n’y disposera donc plus que de 4% des terres par rapport à 1950 !! Si nous voulons éviter le pire, il faut de toute urgence aider les nigérians à contrôler leur fécondité…

  • La fécondité se stabilise d’elle même lorsqu’un pays se développe et s’éduque.

    La priorité est donc à l’éducation à l’agroécologie (bon rendement sur petites surfaces)