Paris (AFP) – Les prochaines attributions de fréquences pour la 5G ne devraient pas se faire sans évaluation préalable de son impact sur l’environnement, recommande samedi le Haut Conseil pour le Climat, alors qu’Emmanuel Macron s’est refusé à différer le déploiement de cette technologie .
« En l’absence de moratoire sur la 5G permettant de réévaluer la décision concernant les fréquences déjà distribuées, la première application d’une telle évaluation devra être l’attribution des prochaines bandes de fréquences pour la 5G », écrit le HCC dans un rapport établi sur saisine du président du Sénat Gérard Larcher.
La Convention citoyenne pour le climat, voulue par le président de la République, avait précisément recommandé un moratoire sur le déploiement de la 5G en l’attente d’une telle étude. Demande sèchement rejetée par Emmanuel Macron comme un « retour à la lampe à huile ».
Le rapport du Haut-Conseil pour le Climat : Maitriser l’impact de la 5G sur le climat
Lors d’une rencontre avec les membres de la Convention en début de semaine, M. Macron avait maintenu son soutien à la 5G, essentielle selon lui au développement économique du pays. Mais il avait aussi souhaité que soit « évalué le coût environnemental » du numérique globalement, pointant notamment le « renouvellement permanent des matériels (…) très polluants ».
Dans son rapport, le HCC étudie plusieurs hypothèses sur les impacts du déploiement de la 5G, tout en soulignant que ses propres travaux « ne peuvent se substituer à une évaluation complète de l’ensemble des impacts environnementaux, sanitaires, économiques, financiers et sociaux, qui aurait dû avoir lieu au préalable ».
Empreinte de la 5G revue en hausse
Mais il estime d’ores et déjà que « la 5G est susceptible d’augmenter significativement » l’empreinte carbone du secteur du numérique, qui représente actuellement environ 2% de l’empreinte totale de la France, soit à peu près autant que le secteur aérien, a relevé la climatologue Corinne Le Quéré, présidente du HCC, lors d’une conférence de presse en ligne.
Une augmentation notamment causée par la prise en compte des émissions liées à la fabrication du matériel à l’étranger (émissions dites « importées »). Dans son évaluation haute, « l’impact carbone » de la 5G serait ainsi en 2030 pour un peu plus de la moitié lié aux terminaux –smartphones, ordinateurs… –, pour un quart aux infrastructures et pour un quart à l’utilisation.
La 5G devrait également entraîner une hausse de la consommation d’électricité, qui est en France largement décarbonée en raison notamment du nucléaire.
Le HCC, organisme de conseil et d’évaluation indépendant créé par M. Macron, recommande notamment d’intégrer des engagements sur l’empreinte carbone dans les prochains appels d’offres pour les futures fréquences de 5G et d’agir sur l’offre d’équipements pour en faire baisser l’impact environnemental.
Disproportionné
Il souhaite aussi « informer et responsabiliser » les usagers, particuliers comme entreprises. « Il y a des usages disproportionnés, comme la vidéo haute définition sur téléphone. Il faut porter la priorisation des usages dans le débat public », estime Corinne Le Quéré, pointant également certaines offres illimitées qui peuvent mener au « gaspillage ».
Enfin parmi les impacts potentiels, le HCC recommande de prêter une attention particulière aux possibles interférences de certaines bandes (non encore attribuées en France) de la 5G avec les relevés satellitaires, qui inquiètent les météorologues.
Selon une source gouvernementale, le HCC dresse un « constat partagé » sur la question des équipements, déjà mise en avant par Emmanuel Macron devant la Convention climat et qui sera notamment abordée dans une « feuille de route » gouvernementale attendue en février.
En revanche, le rapport « ne prend pas en compte certains aspects positifs » attendus sur l’optimisation des transports ou de l’agriculture et anticipe un déploiement non confirmé de certaines fréquences, selon cette source.
Dans un communiqué publié samedi, la Fédération française des télécoms (FFT) réclame « la mise en place au niveau mondial d’indicateurs fiables et quantifiables pour une mesure précise des émissions » de gaz à effets de serre (GES) « directes et indirectes de l’industrie numérique ». « Une mesure qui doit aussi se faire pour quantifier les émissions de GES évitées par le numérique et que le Haut conseil au climat n’a pas été en mesure d’évaluer », relève-t-elle.
La présidence du Sénat, commanditaire du rapport, a de son côté estimé que les conclusions « confortent » une proposition de loi « visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique » que la haute assemblée doit examiner le 12 janvier.
Pour Sophie Pelletier, de l’ONG Priartem, ce rapport « conforte le recours intenté par nos associations auprès du Conseil d’Etat ». Pour Stéphen Kerckhove, d’Agir pour l’Environnement, il « vient mettre un terme définitif aux faux débat (…) sur l’intérêt supposé de la 5G en matière de lutte contre le changement climatique ».
© AFP
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5 commentaires
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Jean Grossmann
Lorsque l’on compare la section du fil electrique qui suffit a assurer en peu de temps la recharge de son tel portable a celle qui est nécessaire pour alimenter ses radiateurs electriques à effet joule on se dit que l’on ferait mieux concernant le réchauffement climatique de se concentrer sur le chauffage de l’habitat.
En ce qui concerne la production de l’énergie, il va falloir que nous tenions compte qu’une fois produite elle doit être transportée du lieu de production vers le lieu d’utilisation avant de pouvoir être consommée.
Avant de mettre en place nos nouvelles chaînes énergétique il serait bon de prendre en considération le fait que la distance entre les lieux de production et d’utilisation avec les centrales nucléaire étant nécessairement importante pour des raisons touchants à la sécurité, la France a dû se résoudre malgré les conséquences en ce qui concerne le réchauffement climatique à laisser se dissiper dans l’environnement une quantité d’énergie thermique sensiblement égale à 2 fois l’énergie electrique produite.
Creezy Courtoy
L’impact des ondes sur la santé , la nature, la faune et la flore devrait être sérieusement mesuré avant tout choix irréversible. Si aujourd’hui la santé est prioritaire à l’économie à cause d’un virus, ne devons nous pas apprendre de cette leçon avant de s’engager pour la 5G ?
michel CERF
Vous avez tout à fait raison Mr. Courtoy .
Guy J,J.P. Lafond
Mise en exergue:
« Il y a des usages disproportionnés, comme la vidéo haute définition sur téléphone. »
Le Canada reste à l’écoute.
t: @FamilleLafond
verger
Bizarre et on autorise la construction d’une usine Huawei à Brumath pour la 5 G C’est à n’y rien comprendre
les dés sont déjà jetés