À l’occasion du sommet de l’UNOC-3 sur les océans à Nice, la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) a publié mardi 11 juin sa dernière Analyse de l’état des ressources halieutiques dans le monde. Ce rapport dresse un état des lieux des stocks de poissons dont la situation s’améliore, même s’il subsiste de fortes disparités dans l’exploitation des pêcheries d’une région à l’autre. Il en ressort que « 64,5 % de l’ensemble des stocks halieutiques sont exploités à un niveau biologiquement viable et que 35,5 pour cent des stocks sont considérés comme étant surexploités. » La FAO précise dans un communiqué : « si on pondère le chiffre en fonction du niveau de production, c’est 77,2 pour cent des débarquements dans le monde qui sont prélevés sur des stocks biologiquement viables. »
Pour obtenir ces résultats, les experts de la FAO ont analysé les données de 2570 stocks de poissons afin de déterminer si le niveau des prises déclarés permet la reconstitution des stocks. Le rapport de 500 pages établit l’état des stocks de poissons dans le monde. Il sert de référence pour les scientifiques et les gouvernements.
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Les données sur la pêche font régulièrement l’objet de réactualisation. Ainsi, la proportion des stocks marins exploités à un niveau biologiquement viable est descendue à 62,3 % en 2021, selon le précédent rapport sur La Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture de la FAO datant de juin 2024. Il reste encore à voir dans la durée si la tendance à une plus grande durabilité dans la gestion des stocks de poissons perdure et inverse une tendance de long terme à la baisse. En effet dans les années 1970, les stocks de poissons étaient à 90 % exploités de façon durable. Or, jamais la consommation et la production de produits de la mer n’ont été aussi importantes. Bien que l’aquaculture dépasse désormais la pêche en volume, « la production mondiale de la pêche de capture est demeurée stable depuis la fin des années 1980. En 2022, le secteur a produit 92,3 millions de tonnes ».
Des améliorations en Méditerranée
« La bonne gestion des stocks reste le moyen le plus efficace de préserver les ressources halieutiques. Cette publication donne aux parties prenantes des éléments de connaissances qui leur permettent d’avoir une compréhension globale des enjeux et de prendre des décisions plus avisées », a déclaré M. Qu Dongyu, directeur général de la FAO, «elle offre aux gouvernements les éléments nécessaires à l’élaboration des politiques à mener».
La FAO donne l’exemple de la Méditerranée où des progrès ont été accomplis. Le rapport les souligne avec « de premiers signes de reconstitution des stocks dans la zone 37 (Méditerranée et mer Noire). » Dans cette région seulement 35,1 % des stocks sont exploités de façon durable, un chiffre encore en dessous de la moyenne mondiale, mais qui progresse. « La pression exercée par la pêche a diminué de 30 % et la biomasse a augmenté de 15 % depuis 2013. Ces résultats montrent que la coopération régionale et les efforts nationaux commencent à changer la donne », selon les affirmations de la FAO.
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« Les bons résultats […] mettent en évidence l’intérêt de dispositifs de suivi homogènes, d’institutions fortes et, surtout, de la volonté politique de prendre en compte les données scientifiques dans les décisions relatives à la gestion », a déclaré M. David Agnew, secrétaire exécutif de la Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique, qui a contribué au rapport.
Une vigilance à maintenir sur l’état des réserves halieutiques
La FAO note néanmoins que la situation varie d’une région à l’autre. D’un côté, les régions qui ont appris à gérer et exploiter durablement les réserves halieutiques, de l’autre des régions où la situation se détériore. Ainsi, « le taux de surpêche gagne environ 1 % par an en moyenne depuis quelques années », affirme l’agence onusienne.
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De plus, pour les 10 premières espèces marines pêchées (anchois du Pérou, lieu d’Alaska, listao, hareng de l’Atlantique), seules 60 % sont exploitées dans des conditions dites « viables ». « Les résultats ne sont pas aussi bons en ce qui concerne d’autres espèces. Les espèces en eaux profondes restent vulnérables, puisque seuls 29 % des stocks sont exploités de manière viable. Le rapport signale par ailleurs la situation préoccupante des requins grands migrateurs, souvent présents parmi les prises accessoires des thoniers », alerte la FAO dans son communiqué. L’agence plaide en faveur d’un renforcement des connaissances scientifiques sur la pêche.
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Pour aller plus loin
La FAO publie l’évaluation mondiale la plus détaillée à ce jour des stocks halieutiques marins
et le rapport (en anglais) Review of the state of world marine fishery resources – 2025
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