La qualité du fromage affectée par le changement climatique et les sécheresses

Vache et cerisiers Bessenay Monts du Lyonnais, Rhône, France (45°46’ N, 4°33’ E). © Yann Arthus-Bertrand

Vache et cerisiers Bessenay Monts du Lyonnais, Rhône, France (45°46’ N, 4°33’ E). © Yann Arthus-Bertrand

Une étude scientifique montre l’impact du réchauffement climatique sur la qualité des fromages. Les travaux menés dans une ferme expérimentale du Massif central montrent que la qualité des fromages est liée à la quantité d’herbe fraîche ingérée par les vaches laitières. Ces conclusions ont été publiées lundi 5 mai dans Journal of Dairy Science et résultent du travail des scientifiques de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) et de L’Institut national d’enseignement supérieur et de recherche en alimentation, santé animale, sciences agronomiques et de l’environnement (VetAgro) Sup.

Il a déjà été prouvé qu’une température supérieure à 21°C provoque chez les vaches laitières un stress thermique impactant leur production de lait. Mais qu’en est-il de leur alimentation ? Avec le changement climatique, les sécheresses sont de plus en plus fréquentes, diminuant la quantité et la qualité de l’herbe disponible en pâturage pour les vaches laitières. Pour pallier à cela, les éleveurs peuvent donner d’autres formes d’aliments aux vaches laitières comme les stocks de foins prévus pour l’hiver ou encore des rations à base d’ensilage de maïs. Ce changement dans l’alimentation des vaches laitières, a-t-il un impact sur le fromage ?

Pour répondre à cette question, des scientifiques de l’INRAE et de VetAgro Sup ont mené une expérience sur des vaches laitières d’une ferme expérimentale du Massif central produisant du Cantal. Au cours de l’essai, 4 groupes constitués de 10 vaches ont reçu des alimentations différentes caractérisant des combinaisons de pratiques mises en place par les éleveurs de la région pour s’adapter au changement climatique et aux sécheresses.

Un « besoin crucial de maintenir un niveau minimal d’herbe fraîche dans les rations des vaches laitières »

L’herbe de pâturage permet aux fromages d’atteindre des arômes plus prononcés et d’être plus jaune et fondant. Il semble donc primordial de réussir à continuer de nourrir les vaches laitières avec de l’herbe fraîche tant pour notre santé que pour nos papilles. Pour l’INRAE, « dans les systèmes à base d’herbe, la pratique traditionnelle de complémenter les vaches avec du foin peut permettre de faire face à un épisode de sécheresse tout en ayant un impact plus limité sur les qualités des fromages ».

La qualité de l’herbe affecte la qualité des fromages au-delà des seules propriétés gustatives, elle influe sur la santé humaine. Les résultats de l’étude montrent que plus l’alimentation des vaches est riche en herbe et plus les fromages le sont en acides gras oméga 3. Ces derniers sont nécessaires au développement et au fonctionnement de la rétine, du cerveau et du système nerveux. Pourtant le corps humain reste incapable de les fabriquer lui-même, d’où l’importance de les retrouver dans des aliments comme le fromage.

L’équipe de scientifique continue actuellement ses recherches pour comprendre l’impact de ces modifications de l’alimentation des vaches laitières suite aux sécheresses sur le flux microbiens de la chaîne agri-agroalimentaire et donc sur le microbiote intestinal des consommateurs.

Madeleine Montoriol

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