Le long combat de citoyens américains contre les polluants éternels

Transport de déchets par bateau hors de l’Ile de Manhattan, New York, Etat de New York, Etats-Unis (40°42'13.08""N, 74° 0’45.50 »O) ©Yann Arthus-Bertrand

"Transport de déchets par bateau hors de l’Ile de Manhattan, New York, Etat de New York, Etats-Unis (40°42'13.08""N, 74° 0’45.50 »O). ©Yann Arthus-Bertrand

Depuis les années 1990, plusieurs citoyens américains s’opposent à la pollution par les PFAS (aussi appelés « polluants éternels »). Le New York Times met en lumière une douzaine d’Américains qui luttent contre les polluants éternels.

Aujourd’hui, 30 états américains possèdent des réglementations sur les PFAS, mais il a fallu plusieurs années avant que celles-ci ne voient le jour. La prise de conscience et la réglementation ont été le fruit de longues batailles. Tout commence dans les années 1990 avec une famille d’agriculteurs de Virginie-Occidentale dont le bétail tombe malade. Leur problème ? Leurs terres sont alors adjacentes à une décharge de DuPont, un groupe américain spécialisé dans la chimie. L’usine produit du téflon, elle rejette aussi du PFOA, un composé chimique toxique. C’est cette molécule qui tue les vaches. Cette affaire, restée confidentielle, est pourtant l’une des premières qui a mis au jour la dangerosité des PFAS.

2016, la mise en lumière des PFAS

« Mais les PFAS n’ont guère attiré l’attention en dehors des cercles scientifiques jusqu’en 2016 », explique la journaliste Mariah Blake spécialisée dans les PFAS dans un article pour le New York Times. Son article, Voici comment gagner un combat environnemental, publié dans les pages opinions du quotidien américain revient sur ces combats citoyens.

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Il faut attendre 2016 pour que la question des PFAS attire l’attention du public et du législateur. À l’époque, Michael Hickey, un assureur de l’Etat de New York, remet en question la salubrité de l’eau potable locale après avoir perdu son père et plusieurs amis d’un cancer. Depuis, de Emily Marpe à Amara Strande (dont le nom a été donné à la loi du Minnesota contre les PFAS), en passant par des syndicats de pompiers et d’agriculteurs, des milliers d’Américains se battent à leur échelle contre les PFAS.

« Une réponse bipartite vigoureuse, portée par un réseau de militants improbables »

Au-delà de chacune des histoires de personnes ordinaires confrontées à la pollution de leur environnement, la journaliste cherche à analyser les causes du succès de leur mobilisation bien que la prise de conscience du problème des PFAS a nécessité plusieurs décennies. « Contrairement au changement climatique, une autre menace environnementale redoutable, les produits chimiques permanents ont suscité une réponse bipartite vigoureuse, portée par un réseau de militants improbables », souligne la journaliste Mariah Blake. Ainsi, ces combats individuels, qui ne sont pas toujours liés, se rejoignent dans un vaste mouvement collectif favorable à l’intérêt général et dépassant les clivages partisans.

« Déclencher une réaction en chaîne qui a donné lieu à de nombreuses auditions au Congrès »

Pour la journaliste, « leurs efforts, souvent différents de ceux des groupes environnementaux traditionnels, ont contribué à déclencher une réaction en chaîne qui a donné lieu à de nombreuses auditions au Congrès et à des centaines de projets de loi bipartites à Washington et dans les parlements des États, ainsi qu’à des réglementations fédérales ».

Néanmoins, malgré ces avancées, Mariah Blake rappelle que des coupes budgétaires sont possibles sous le mandat Trump. Elle estime que le mouvement citoyen contre les PFAS et les batailles juridiques qui en découlent devraient « surpasser celle du litige sur l’amiante, l’une des plus importantes et coûteuses de l’histoire des États-Unis ».

Le prix Goldman met en lumière un autre combat contre les PFAS

Cette année, le prix Goldman, considéré comme le prix Nobel de l’écologie, a été remis, entre autres, à la militante américaine Laurene Allen pour son combat contre les pollutions aux polluants éternels. Coïncidence du calendrier ou non, l’article du New York Times est sorti quelques jours après les nominations et rappelle que la lauréate du prix Goldman Amérique du Nord est loin d’être un cas isolé.

Madeleine Montoriol

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