Toulouse (AFP) – Des dizaines d’apiculteurs, souvent en tenue avec combinaison et enfumoir, ont manifesté dimanche à Bordeaux et Toulouse pour dire « non au retour des pesticides tueurs d’abeilles » et « de toute la biodiversité ».
A Toulouse, plus d’une trentaine d’entre eux en combinaison blanche, couvrant parfois aussi la tête, ont manifesté dans un marché du centre de la Ville rose pour exprimer leur opposition à une proposition de loi du sénateur LR Laurent Duplomb qui prévoit de réintroduire des pesticides interdits depuis des années.
« Duplomb, ta loi a du plomb dans l’aile! », criaient-ils au milieu des stands bondés du marché Saint-Aubin qu’ils ont traversé derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire « protégeons les abeilles et la biodiversité ».
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« Ce n’est pas simplement les abeilles qui sont concernées. C’est nous aussi, par rapport à ce qu’on mange, les oiseaux… », a déclaré à l’AFP l’une des manifestantes, Sylvie Fourdain, 65 ans, apicultrice à Carbonne, à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Toulouse.
A Bordeaux, ils étaient une cinquantaine à se rassembler sur la place de la Bourse.
« Ce serait une catastrophe de réintroduire ces produits, évidemment pour l’abeille, mais pour les pollinisateurs sauvages également, et puis au sens large pour la santé, pour la qualité de l’eau », a déclaré à l’AFP Pierre Verger, président du syndicat apicole de Gironde (SAG).
La loi Duplomb « va détruire des millions et des millions d’abeilles », selon Patrick Granziera, apiculteur dans le Lot-et-Garonne et secrétaire général de l’Union nationale de l’apiculture française. Or, « des solutions intermédiaires existent » pour les producteurs ayant recours à ces produits nocifs pour les pollinisateurs, comme par exemple dans la filière noisettes, assure-t-il.
La proposition de loi Duplomb, qui vise à « lever les contraintes au métier d’agriculteur », prévoit de réintroduire, par dérogation pour des filières en crise, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, interdits en France depuis 2018, mais autorisés ailleurs en Europe jusqu’en 2033. Voté par le Sénat, le texte doit être étudié fin mai par l’Assemblée nationale.
Selon le CNRS, la production de miel en France a été divisée par deux entre le milieu des années 1990, date d’introduction des néonicotinoïdes, et le milieu des années 2010. Dès 1995, certains apiculteurs ont accusé jusqu’à 90% de pertes – loin des 5 à 10% de mortalité généralement constatés dans les colonies d’abeilles.
© AFP
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Quidamus
Le gouvernement actuel ne fait pas la différence entre les véritables agriculteurs et les industriels du FNSEA. « Agro-industrie », le mot me fait bien rire, car dès l’instant où l’on est industriel on n’est plus agriculteurs. Les véritables agriculteurs avec des petites exploitations n’ont pas vraiment besoin de pesticides, surtout les agriculteurs modernes qui font du Bio ou de l’agroécologie. Ce sont les industriels qui veulent ces produits toxiques qui détruisent la terre des véritables agriculteurs. Mais évidemment aussi les abeilles et la Biodiversité. Dès l’instant où on retrouve des PFAS dans l’eau potable, cela veut dire que cela fait plus de trente ans que TOUS les pesticides auraient dû être interdit.