Un monde plus chaud de 1,5°C: à quelle échéance et quelles conséquences ?

monde plus chaud

Le professeur britannique Jim Skea, président du GIEC, le 2 août 2019 à Genève © AFP/Archives FABRICE COFFRINI

Paris (AFP) – Le climat mondial a une chance sur deux d’atteindre dans une dizaine d’années la barre de 1,5°C de réchauffement depuis l’ère préindustrielle, limite la plus ambitieuse de l’Accord de Paris de 2015. Pourquoi et avec quelles conséquences?

Quand sera vraiment atteinte la barre de 1,5°C ?

Le Giec, qui rassemble les experts du climat mandatés par l’ONU, affirme que les années 2011-2020 ont été environ 1,1°C plus chaudes que sur la période 1850-1900, avant l’effet des émissions de gaz à effet de serre de la révolution industrielle.

Mais avec le réchauffement continu et des modélisations, la communauté scientifique retient en général que le climat actuel est déjà 1,2°C plus chaud.

Pour la première fois, la barre de 1,5°C vient d’être franchie sur 12 mois. Mais cette mesure doit être atteinte en moyenne sur au moins 20 ou 30 ans pour être considérée comme une norme climatique.

Au rythme actuel des émissions, ce seuil de 1,5°C a une chance sur deux d’être atteint en moyenne sur cinq ans pendant les années 2030-2035, a retenu le Giec dans son dernier rapport.

Certaines régions du monde ont déjà atteint un réchauffement durable de 1,5°C: c’est le cas de la France (+1,7°C), dans une Europe qui se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale. En Australie, le Bureau de météorologie a annoncé jeudi que le climat local « s’est réchauffé d’environ 1,5°C » depuis « le début des mesures nationales en 1910 ».

Même si 1,5°C est atteint au niveau mondial, la baisse des émissions est cruciale pour rester en-dessous de 2°C, limite maximum de l’Accord de Paris, mais aussi pour éviter chaque dixième de degré supplémentaire.

Car « chaque incrément du réchauffement climatique intensifiera les risques multiples et concomitants », avertit encore le Giec, alors qu’une réduction « profonde, rapide et soutenue » des émissions « conduirait à un ralentissement perceptible » du réchauffement « en l’espace d’environ deux décennies ».

Quels impacts dans un monde à +1,5°C ?

Des canicules plus chaudes et plus longues, des précipitations plus fortes dans certaines régions, synonymes d’inondations, et des sécheresses plus marquées dans d’autres: les principaux effets, déjà visibles, du changement climatique seraient encore accentués.

Les extrêmes de chaleur, aux latitudes moyennes (Amérique du Nord, Europe, Asie centrale et Chine), y seraient en moyenne 3°C plus chaudes, estimait le Giec en 2018 dans un rapport spécial.

Parmi les premiers dégâts irréversibles, les coraux déclineraient de 70 à 90%. Ces animaux, dont les récifs abritent une faune immense et protègent les côtes en servant de brise-lames, disparaîtraient même à 99% dans un monde à +2°C.

L’augmentation de la durée de la saison des feux et les pertes de biodiversité sont aussi parmi les premiers impacts les plus visibles d’un climat plus chaud de 1,5°C, selon le Giec.

Les experts soulignent aussi la dégradation accélérée du permafrost, synonyme de libération potentielle de quantités importantes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Actuellement qualifiée de « modérée » par le Giec, cette dégradation serait « élevée » dans un climat d’environ +1,5°C.

Une désertification ou une mortalité des arbres accrues sont aussi listées par le Giec, tout comme l’acidification des mers, synonyme de mortalité de la faune et de la flore marines ainsi que d’un ralentissement de l’absorption de CO2 par les océans, premiers régulateurs du climat mondial.

Sur la vie humaine, l’ampleur des impacts dépendra des efforts d’adaptation. La mortalité due aux canicules est l’une des premières menaces, si le refroidissement des habitats et le renforcement des systèmes de santé ne sont pas à la hauteur.

L' »insécurité alimentaire » est un autre point d’inquiétude très souligné par le Giec.

Certains effets sont, comme déjà aujourd’hui, irréversibles, à commencer par la montée des eaux en raison de la fonte des pôles, ralentissable mais pas rattrapable. Le niveau des mers pourrait être entre 26 et 77 cm plus élevé en 2100 qu’à la fin du XXe siècle, retenait le Giec en 2018, avant des mètres de hausse sur plusieurs siècles.

« Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible », avertissait toutefois Antoine de Saint-Exupéry, cité par le Giec en exergue de son rapport sur la limite de 1,5°C.

© AFP

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2 commentaires

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    • Guy J.J.P. Lafond

    Bonne mise en garde. Merci.
    Les solutions sont là: ces sont les forêts sur terre, ce sont le plancton dans les eaux et les océans. Depuis leur apparition, l’atmosphère terrestre s’est transformée grâce au phénomène de la photosynthèse observé chez le plancton et chez les végétaux.
    Laissons la Terre réparer nos dégâts.
    Arrêtons d’être un cancer, nous l’espèce humaine.
    Arrêtons de surexploiter de manière excessive nos ressources naturelles, tout ça au nom du PIB de tel ou tel pays.
    Et appliquons-nous à donner un avenir sécuritaire aux enfants; soit cette belle notion de BIB, le Bonheur Intérieur Brut. Soit l’amour non négociable pour nos enfants.
    Comment faire?
    Soyons moins égoïste et moins gourmands.
    Nous avons des ordinateurs puissants, des satellites aussi, et nous pouvons analyser des données à la vitesse de l’éclair. Nous pouvons donc prendre des décisions rapidement et renverser des tendances destructives.
    Nous n’avons plus d’excuse(s). C’est mon message à des banques à charte au Canada. L’une d’elles a eu le culot de vendre ma maison en pleine crise de la COVID-19 alors qu’elle savait très bien que j’étais dans un arbitrage contre mon employeur, le gouvernement du Canada. Et au moment où je vous écris ces lignes, cet arbitrage n’est toujours pas réglé. Navrant!
    Trouvons des modèles qui nous inspirent.
    Personnellement, j’ai mis une croix sur les voyages en avion en 2011.
    Je n’ai plus de voiture depuis 2013. Je me déplace pied, à vélo et en transport en commun dans ma ville.
    Si je dois faire une longue distance, je me tourne vers le co-voiturage.
    Les solutions sont simples, elles sont là, au bout des doigts.
    Soit une économie de partage et de coopération que les “écolo-éconos” crient sans cesse sur les toits de tous les capitalistes et communistes confondus depuis des lustres.
    Il s’agit juste qu’on ait une volonté collective très forte partout sur Terre pour réparer les dégâts et pour protéger ce qu’il y a plus de précieux: la vie.
    Un peu beaucoup comme dans le film “Avatar” de James Cameron. Si vous ne l’avez pas vu, courrez le voir. Cela vous inspira bien plus qu’un match du Super-Bowl, je vous parie.
    Et en ce. moment, il est tellement dommage de constater que des pays recommencent à faire la guerre.
    Le secrétaire général de l’ONU a sonné l’alarme plusieurs fois. Le Conseil de sécurité de l’ONU tel qu’on le connait présentement est un échec total.
    Son fonctionnement doit être revu. Par exemple, si un des membres permanents du Conseil de sécurité commet un crime de guerre, il devrait être éjecté du Conseil de sécurité de l’ONU et être remplacé par un pays exemplaire élu par une majorité à l’Assemblée générale de l’ONU.
    Pourtant très simple. Mais il n’y a pas de volonté. Nous sommes gouvernés par des mous.
    il faut donc remplacer ces gens au pouvoir qui manquent de volonté.
    @Guy J.J.P. Lafond
    Un citoyen très concerné par l’avenir des enfants sur Terre.
    https://mobile.twitter.com/UNBiodiversity/status/1395129126814691329

    • xavier74

    merci à GUY JJP pour ton avis que je partage
    L’humain est assez intelligent pour se détruire…
    On fabrique des produits à l’autre bout du monde que l’on retrouve dans les magasins à bas prix ou les gens se pressent dès 8h30 pour acheter.
    Et les jeunes qui se disent pro ecolo et dont les ressources de la tech explosent avec leurs videos sur des serveurs qu’ils faut maintenir à bonne temperature…
    Pitoyable !