Belgique : un récif de moules pour lutter contre l’érosion côtière

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La Belgique teste la création au large d'un récif naturel de moules. Le principe est d'installer à la limite des eaux profondes des cordages sur lesquels peuvent venir s'accrocher des larves de moules © AFP/Archives Boris HORVAT

Ostende (Belgique) (AFP) – Pour lutter contre l’érosion côtière, la Belgique teste une solution: la création au large d’un récif naturel de moules, susceptible de freiner les effets néfastes des puissants courants de la Mer du Nord tout en développant la biodiversité.

Cette expérience scientifique, fruit des recherches des instituts flamands Ilvo et VLIZ associés à des firmes belges spécialisées dans les constructions offshore, a été menée pendant six ans à quelques kilomètres au large de la station de La Panne, près de la frontière française.

Ses résultats ont été présentés en octobre à Ostende, fief belge des études marines. Le projet test attend désormais de séduire des gouvernements qui pourront le développer à grande échelle avec les financements nécessaires.

Le principe est d’installer à la limite des eaux profondes des cordages sur lesquels peuvent venir s’accrocher des larves de moules.

La nature prend ensuite le relais.

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La croissance des mollusques agglutinés en bouquets sur des filins verticaux va progressivement offrir une barrière naturelle aux courants, sur cet espace intermédiaire entre eaux basses et profondes où le sable est balayé avec force.

Deuxième étape: dès qu’ils deviennent trop lourds pour être soutenus par la corde, ces bouquets de moules tombent d’eux mêmes au fonds de l’eau, donnant naissance à un nouvel écosystème.

« Un habitat pour toutes sortes d’espèces vivantes se développe autour des moules, et c’est le fait qu’il tombe au fonds qui va créer le récif », souligne Alexia Semeraro, chercheuse à l’Institut de recherche pour l’agriculture, la pêche et l’alimentation (Ilvo).

 « Lignes de protection biologiques »

Un « récif biogénique » qui revient à stabiliser au sol les sédiments en suspension dans l’eau, poursuit-elle. Et donc à limiter l’érosion dans une zone maritime connue pour ses puissants courants et ses vagues dépassant parfois plusieurs mètres de haut.

« On offre une solution pour les défis à venir », fait valoir de son côté Tomas Sterckx, de la multinationale belge Deme, qui a apporté au projet son expertise en infrastructures maritimes.

Il explique qu’avec le changement climatique la côte belge est exposée au risque de tempêtes de plus en plus fréquentes et d’une intensité grandissante.

Ce qu’il appelle « les lignes de protection biologiques sous-marines », construites avec des cordages selon les techniques de l’aquaculture, ne remplaceront pas les apports de sable pour renforcer le littoral.

Mais « cette première ligne de défense contre les tempêtes » est une des clés du combat anti-érosion, insiste Tomas Sterckx.

Au large de La Panne, les bouées et ancres qui fixaient les cordes des deux récifs expérimentaux créés depuis 2017 ont désormais été retirées. Il s’agit de respecter les impératifs de protection de la faune et de la flore en pleine zone classée Natura 2000.

Dans leur laboratoire à Ostende, les biologistes de l’Ilvo préparent déjà les recettes des prochains « tampons naturels » qu’ils comptent tester, à base d’algues, d’herbes marines ou de vers tubicoles de sable.

© AFP

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