La saison des incendies se prépare dès l’automne

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Des équipes de l'Office nationale des forêts (ONF) débroussaillent autour de Peyriac-de-Mer (Aude), le 21 novembre 2023 © AFP Lionel BONAVENTURE

Fontcouverte (France) (AFP) – L’automne est la saison idéale pour prévenir les incendies de l’été en préparant les massifs forestiers à les affronter: dans l’Aude, les équipes de l’ONF s’emploient ainsi à dégager certaines zones et à faire respecter les obligations de débroussaillement.

Tout un symbole: un arc-en-ciel se déploie ce matin-là à Fontcouverte lorsque Jean-Marie Marty accueille en souriant le commandant des pompiers Laurent Couffignal et les agents de l’Office national des forêts (ONF).

Le chef de regroupement territorial du service départemental d’incendie et de secours (SDIS 11) gérait les opérations lorsqu’un incendie a traversé la propriété du retraité le 24 juillet 2021, dans ce petit village à une trentaine de kilomètres de Narbonne.

La tramontane qui souffle avec force rappelle les conditions météo de cette soirée, dont le souvenir est encore vif pour M. Marty, 76 ans.

« La forêt s’est embrasée. Le vent a poussé le feu et il est arrivé ici, sur mon terrain, à la tombée du soir. Heureusement que les camions de pompiers étaient là et qu’ensuite ils ont pu arroser et faire le nécessaire pour préserver la maison! », se souvient cet ancien instituteur.

 « Fatigant, mais nécessaire »

Cette maison qu’il a fait construire il y a 45 ans, sur une terre familiale autrefois plantée de vigne, est aujourd’hui nichée au coeur de la pinède.

La configuration du terrain complique l’entretien que le septuagénaire effectue lui-même: « Vu le dénivelé, je fais tout au rotofil ou avec les grosses cisailles, à la main (…) C’est fatigant, mais nécessaire ».

« C’est un propriétaire exemplaire en matière de réalisation de ses obligations légales de débroussaillement (OLD) », approuve Stéphane Libes, coordinateur de la Défense de la forêt contre les incendies (DFCI) à l’ONF pour l’Aude.

« Les arbres sont plantés à distance de l’habitation, ils sont bien élagués, le sous-étage est bien débroussaillé », explique-t-il.

Le commandant Couffignal confirme: « Plus le combustible à proximité du bâti va être réduit, plus la vulnérabilité va être également réduite. Donc ces obligations (légales de débroussaillement), on les encourage de façon à ce que nous puissions, nous, sapeurs-pompiers, travailler dans des conditions de sécurité optimales ».

Lors de l’incendie de l’été 2021, le feu avait parcouru 767 hectares et mobilisé 900 pompiers. Malgré la cinquantaine d’habitations menacées, une seule avait brulé.

Selon des statistiques des pompiers et de l’ONF, lorsque les alentours des habitations sont débroussaillés correctement, 71% d’entre elles n’ont aucun dégât à déplorer en cas d’incendie venant de l’extérieur.

 Réduire la végétation

Il est donc question de pédagogie. Mais les services de l’Etat ont quand même demandé aux équipes de l’ONF de multiplier les contrôles pour vérifier la bonne réalisation du débroussaillement, avec une amende en cas de non-respect des OLD.

Cette amende forfaitaire a été augmentée l’été dernier, passant de 135 à 200 euros, et les OLD, qui s’appliquent aujourd’hui à 46 départements, pourraient être étendues à partir de janvier prochain, en fonction du risque incendie en cours de réactualisation par les préfectures.

Sur le terrain, au coeur du massif de Fontfroide, dans la commune de Peyriac-de-Mer, à quelques kilomètres de Fontcouverte, le vacarme des moteurs couvre le chant des oiseaux.

Epareuse, chenillard, débroussailleuse: six agents forestiers équipés d’engins puissants débroussaillent et ratissent tout sur leur passage.

Les incendies de forêt ont relativement épargné la France l’été dernier. Début octobre, les autorités avaient recensé 14.558 hectares brûlés pour 2023, dans la moyenne annuelle des 15.000 de ces quinze dernières années, contre 72.000 ravagés en 2022, parfois par des brasiers monstres.

« Nous dégageons les abords des pistes forestières dédiées à la lutte contre l’incendie. Sur une bande de 40 mètres de part et d’autre de la piste, nous réduisons la végétation de façon conséquente », explique Romain Ducup de Saint Paul, en charge de la DFCI dans l’Aude et les Pyrénées Orientales, département voisin affecté par l’une des pires sécheresses de son histoire.

Il s’agit là, précise le commandant Couffignal, de « zones d’appui » qui permettent aux pompiers « de travailler en toute quiétude et de pouvoir lutter autant dans l’arrivée du feu (que) sur des sautes de feu ».

A la pause de midi, il quitte les équipes de l’ONF et, plaisantant à moitié, les salue d’un « A bientôt, mais le plus tard possible s’il vous plait ! »

© AFP

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