Climat : le pape lance un nouveau cri d’alarme et appelle l’ONU à agir

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L'exhortation apostolique "Laudate Deum" en vitrine d'une librairie proche du Vatican le jour de sa sortie, le 4 octobre 2023 © AFP Andreas SOLARO

Cité du Vatican (AFP) – « Le monde s’écroule »: le pape François lance un nouveau cri d’alarme face au réchauffement climatique et appelle à une transition énergétique « contraignante » dans un texte publié mercredi, quelques semaines avant la COP28 de Dubaï.

Huit ans après la publication de son encyclique fondatrice sur l’écologie intégrale, « Laudato Si' », le jésuite argentin âgé de 86 ans déplore des réponses « insuffisantes alors que le monde (…) s’écroule » et s’approche d’un « point de rupture ».

Intitulé « Laudate Deum » (« Louez Dieu »), ce nouveau document de 12 pages en espagnol et traduit en plusieurs langues appelle les grandes puissances à « reconfigurer le multilatéralisme » alors que les objectifs de réduction des émissions carbone semblent de plus en plus difficiles à atteindre.

Le chef de l’Eglise catholique insiste notamment sur la nécessité d’une transition énergétique « contraignante », sous forme d’un appel direct aux participants aux négociations sur le climat sous l’égide de l’ONU (COP28) qui se tiendront début décembre à Dubaï.

Selon lui, cette conférence peut représenter « un tournant » en cas d’accord contraignant sur la transition des énergies fossiles aux sources d’énergie propres telles que l’éolien et le solaire, sans quoi elle sera « une grande déception ».

« Ce n’est que par un tel processus que la crédibilité de la politique internationale pourra être rétablie », estime-t-il.

Jorge Bergoglio, qui a fait de la défense de la « Maison commune » un thème récurrent de son pontificat depuis son élection en 2013, met aussi en garde face aux « opinions méprisantes et déraisonnables » des climatosceptiques, « même au sein de l’Eglise catholique ».

« Ces dernières années, de nombreuses personnes ont tenté de se moquer de ce constat », déplore-t-il, sur fond de prolifération des fausses informations relativisant le réchauffement climatique ou « ridiculisant » ceux qui en parlent.

« Nous avons beau essayer de les nier, de les cacher, de les dissimuler ou de les relativiser, les signes du changement climatique sont là, toujours plus évidents », alerte le pape, jugeant « probable » l’explosion du nombre de migrants climatiques « dans quelques années ».

– « Mode de vie irresponsable » –

Dans cette exhortation apostolique de 73 paragraphes à la tonalité didactique, le pape insiste de nouveau sur les dégâts causés par « l’intervention effrénée de l’homme sur la nature » et fustige le  » mode de vie irresponsable du modèle occidental », pointant notamment du doigt les Etats-Unis et la Chine pour leurs émissions de gaz à effet de serre.

Plus généralement, il déplore le fait que « la crise climatique n’est pas vraiment un sujet d’intérêt pour les grandes puissances économiques, soucieuses du plus grand profit au moindre coût et dans les plus brefs délais possibles ».

En 2015, « Laudato si » (« Loué sois-tu »), un manifeste de 200 pages pour la solidarité afin d’agir ensemble en vue de protéger l’environnement, avait déclenché un débat au niveau mondial, phénomène inédit pour un texte religieux, y compris des commentaires dans des revues scientifiques.

Quelques mois plus tard, une avancée significative avait été obtenue avec l’accord de Paris sur le climat dont l’objectif primordial est de maintenir la hausse de température en dessous de 2°C.

L’ONU a averti le mois dernier que le monde n’était pas en bonne voie pour atteindre ce but, alors que 2023 devrait être l’année la plus chaude de l’Histoire de l’humanité, avec un été marqué par des canicules, des sécheresses et des incendies.

Selon des experts, ce nouveau texte devrait avoir moins d’impact que le premier, mais Bill McKibben, fondateur de 350.org, une organisation environnementale internationale, estime que « le travail des leaders religieux du monde entier peut représenter notre meilleure chance de reprendre les choses en main ».

« Oui, les ingénieurs ont fait leur travail. Oui, les scientifiques ont fait leur travail. Mais il est grand temps que le cœur humain fasse aussi son travail. C’est pour cela que nous avons besoin de ce leadership », a-t-il ajouté.

© AFP

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3 commentaires

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    • Jean-Pierre Bardinet

    Je respecte le Pape, mais il devrait quand même savoir qu’il n’y a aucune preuve scientifique que le CO2 anthropique réchauffe l’atmosphère. Là, il se positionne comme un alarmiste du climat asservi à l’idéologie du climatisme, et, à partir de cette prémisse fausse, il déroule le même discours que celui de la propagande réchauffiste menée par le Grand Machin, le GIEC, l’OMM, la Commission, les écologistes politiques, les politiques essentiellement occidentaux, et les médias. Et, ce qui est étonnant, il ne mesure pas les conséquences dramatiques des politiques climat-énergies qui détruisent les industries, réduisent le pouvoir d’achat des ménages et les libertés individuelles et qui, sournoisement, nous mènent à un Big Brother vert.

    • Jean-PIerre Bardinet

    « 2023, année la plus chaude de l’Histoire de l’humanité ». Que voilà un gros, un énorme, un épouvantable mensonge. La planète a connu des périodes bien plus chaudes lors des cycles de Milankovitch, et plus chaudes lors de l’Holocène, de l’Episode Romain et enfin de l’Optimum Médiéval. De plus, cet article se garde bien de dire qu’il y a actuellement un El Nino particulièrement intense qui réchauffe la température globale de 0,8°C et qui perturbe la météo des différentes régions de la planète.

    • Jean-Pierre Bardinet

    ) « Opinions méprisantes et déraisonnables des climatosceptiques ». L’Eglise a déjà connu une sombre période d’Inquisition qui voulait obliger les scientifiques de l’époque à se soumettre à la doctrine officielle de l’Eglise, à savoir que la Terre est au centre de l’univers, quitte à les emprisonner, à les torturer, voire à les brûler sur le bûcher. Et voilà que le Pape ose vilipendier ceux qui, souvent pour de bonnes raisons scientifiques, se refusent à se soumettre à la Pensée Unique du climatisme. Nous sommes dans une sombre période d’obscurantisme qui voit la politique et l’idéologie instrumentaliser la science.