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Engouement extraordinaire pour observer la floraison d’un Arum titan à Nancy

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Des visiteurs photographient l'Arum titan, une plante rare exceptionnellement en fleur, le 11 juillet 2023 au jardin botanique de Villers-les-Nancy, en Meurthe-et-Moselle © AFP Jean-Christophe VERHAEGEN

Nancy (AFP) – « Je ne pensais pas qu’une fleur pouvait être aussi grande, c’est magique »: au jardin botanique de Villers-les-Nancy (Meurthe-et-Moselle) les visiteurs se bousculent pour admirer un Arum Titan en fleur, un spectacle rarement observé en France.

Le compte-à-rebours est lancé depuis le début de la floraison mardi à la mi-journée: la plante dans toute sa splendeur ne se dévoile que durant 48 heures environ. Et pour l’occasion le jardin botanique a mis les petits plats dans les grands: il est ainsi resté notamment ouvert au public jusqu’à plus de minuit mardi soir, pour qu’un maximum de visiteurs puissent observer ce pistil jaune haut de près de deux mètres, entouré d’une corolle pourpre.

« La plante est rarissime, elle a une biologie absolument dingue », s’enthousiasme Frédéric Pautz, directeur du jardin botanique. « Son tubercule fait 33 kilos et il a sorti, en un mois et demi, une inflorescence qui fait 1,97 mètre de haut. C’est la plus grande inflorescence qu’il y ait jamais eu en France sur cette espèce. »

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Et si cette plante est rare, sa floraison l’est encore plus: il s’écoule en effet plusieurs années entre chaque cycle.

Egalement surnommée « le Pénis de Titan », cette plante est endémique des forêts tropicales de Sumatra. Les dernières occasions pour le public de découvrir une telle floraison en France remontent à 2009 à Brest, 2014 à Nantes, 2016 à Bordeaux, et au mois d’avril dernier au Jardin des Plantes à Paris.

 « Patrimoine mondial »

« Cette plante, +l’Amorphophallus titanum+, est une plante en voie de disparition. Elle est très emblématique des problèmes écologiques de l’île de Sumatra, puisque comme vous le savez, à Sumatra, il y a de la déforestation. C’est pour ça qu’elle a un statut de protection. Elle est vraiment un patrimoine mondial, c’est une richesse biologique pour l’humanité », reprend M. Pautz.

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Le Jardin botanique lorrain avait reçu cet Arum sous la forme de semis en 2018, en provenance du Jardin botanique de Meise, en Belgique. Et après cinq ans où les jardiniers-botanistes nancéiens ont été aux petits soins, après plusieurs cycles de croissance et deux rempotages, le petit semis s’est aujourd’hui mué en un tubercule de plus de 30 kilos.

Le spectacle est d’ailleurs autant visuel qu’olfactif: l’autre surnom de la plante est la « Fleur de cadavre », du fait de l’odeur de viande avariée qui s’en dégage. Dans le milieu naturel celle-ci attire les insectes pollinisateurs, principalement un coléoptère charognard. Mais les effluves restent modérés au jardin botanique de Nancy et ne découragent pas les amateurs.

 « C’est surréaliste »

« Il y a un engouement extraordinaire, on est déjà à plus de 6.000 visiteurs sur la nuit dernière: les gens à minuit, à une heure du matin continuaient d’arriver pour voir la plante », note encore le directeur du jardin botanique. « C’est extraordinaire d’imaginer qu’un végétal, bien sûr exceptionnel, est capable de susciter autant d’émotion. Il y a un retour des visiteurs qui est incroyable devant cette plante absolument magique. »

La file d’attente à l’entrée du jardin botanique est impressionnante et pour que tout le monde puisse voir Arum Titan, les visiteurs sont invités à ne pas rester plus de deux ou trois minutes devant la fleur.

« Je suis venue la semaine dernière, elle avait l’air d’un cocon, on aurait pu croire à un alien, qu’il y avait quelque chose dedans », raconte Nathalie Decker, une laborantine de 59 ans. « Et là, elle a éclos, c’est surréaliste, c’est immense, c’est grand, je ne pensais pas qu’une fleur pouvait être aussi grande. C’est magique. »

Un certain nombre de visiteurs sont en effet venus voir chaque jour l’évolution de la plante depuis une semaine, pour être sûrs de ne rien rater.

« C’est impressionnant, ça mérite quand même le déplacement », acquiesce Pascale Délécray, une retraitée de 73 ans.

© AFP

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