Face au retour du loup, l’abattage facilité en Autriche

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Des loups dans le Centre scientifique du loup à Ernstbrunn, en Autriche, le 8 juillet 2014 © AFP/Archives JOE KLAMAR

Vienne (AFP) – Confrontées au retour du loup, plusieurs régions d’Autriche ont récemment adopté des autorisations d’abattage rapide, en violation du droit européen selon le Fonds mondial pour la nature (WWF), provoquant un débat dans le pays alpin.

« Les preuves de présence ont fortement augmenté depuis 2019 » avec des canidés « régulièrement observés à proximité immédiate des zones d’habitation où ils s’attaquent à des animaux d’élevage », a déclaré à l’AFP cette semaine un porte-parole du Tyrol.

« Nous avons donc autorisé » pour la première fois « le prélèvement rapide de loups par décret en février », a ajouté Maximilian Brandhuber, estimant que « les grands prédateurs menacent la pérennité de l’économie alpestre ».

Cette région touristique, qui met en avant la spécificité de ses troupeaux évoluant librement en alpage, a autorisé l’abattage de six loups, pas encore effectué.

Cinq spécimens ont en revanche déjà été abattus dans la région voisine de Carinthie, qui a légiféré fin janvier et prévoit huit abattages supplémentaires, en réaction à la hausse des attaques sur le bétail.

Disparu au XIXe siècle, le loup est revenu progressivement ces dernières années repeupler naturellement ses anciens habitats en Autriche. Quelque 80 individus ont été recensés en 2022, selon les estimations officielles.

Il est protégé au sein de l’Union européenne (UE) par une directive adoptée en 1992 qui prévoit toutefois des dérogations, « systématiquement » attaquées en justice par les associations selon le Tyrol.

C’est pour cette raison que la province autrichienne a décidé d’adopter un décret, « ne pouvant pas faire l’objet d’un recours et imposant la mise en oeuvre » du prélèvement, explique M. Brandhuber.

Une méthode que dénonce le WWF.

« L’Autriche n’a pas encore beaucoup de loups et elle doit apporter sa contribution à la conservation de l’espèce, comme le font d’autres pays européens », a estimé auprès de l’AFP Christian Picher, expert de l’ONG qui compte sur la Commission européenne pour agir.

WWF estime que le pays de 9,1 millions d’habitants doit apprendre des Etats voisins « ayant déjà des décennies d’expérience sur le sujet », notamment en perfectionnant le suivi des animaux et en évitant « d’alarmer » inutilement la population.

Le loup est aussi mal aimé en France, où les effectifs ont été évalués à l’hiver 2021-2022 entre 826 et 1.016, des chiffres jugés sous-estimés par les éleveurs qui réclament le « droit de se défendre », actuellement strictement encadré.

© AFP

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