Incendies: la Gironde « mieux préparée » mais prudente pour l’été d’après

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Des pompiers et des bénévoles luttent contre un incendie de forêt à Belin-Beliet, le 11 août 2022 en Gironde © AFP/Archives Thibaud MORITZ

Bordeaux (AFP) – Un an après les incendies monstres qui ont embrasé ses forêts l’an dernier, la Gironde a obtenu de nouveaux moyens aériens et aborde l’été avec l’espoir d’être « mieux préparée »… mais aussi la crainte d’une nouvelle sécheresse.

Un mur rouge attisé par le vent, qui galope à travers les pins et laisse derrière lui un paysage carbonisé. Les gigantesques feux de Landiras et La Teste-de-Buch ont dévasté environ 30.000 hectares (sur 72.000 brûlés en France). Un traumatisme qui incite à la plus grande prudence avant la nouvelle saison estivale.

La mobilisation des acteurs locaux et les annonces du gouvernement, en particulier le prépositionnement en Gironde d’un hélicoptère bombardier d’eau et de cinq avions d’ici début juillet, font espérer une meilleure réactivité face aux départs de feu.

« Le contexte d’amorce de la saison estivale est quand même un peu plus solide que l’an passé. J’ai l’espoir que nous soyons mieux préparés », déclare à l’AFP Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental.

Patron du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis33), l’élu socialiste plaide néanmoins l' »humilité » et rappelle que, si aucune vigilance n’est en cours en Gironde après un printemps plutôt arrosé, « la sécheresse peut arriver très vite ».

Avions, drones et caméras

« Différence majeure » à ses yeux: l’arrivée de ces moyens aériens, à savoir un hélicoptère Puma, un avion Dash et quatre avions Air Tractor. « A Landiras, au bout de 10 minutes seulement, l’incendie était monté en cime dans les pins. Il aurait fallu taper le feu immédiatement avec les avions », estime Jean-Luc Gleyze.

Les appareils ont parfois mis d’une heure à arriver en provenance de l’unique base aérienne de la Sécurité civile à Nîmes (Gard) – une autre doit voir le jour dans les prochaines années dans le Sud-Ouest, où le massif des Landes de Gascogne s’étend sur 900.000 hectares.

« On va gagner du temps sur l’attaque des feux. C’est prépondérant », se réjouit Jérôme Mesure, lieutenant-colonel des sapeurs-pompiers.

La Gironde bénéficie aussi de 36 millions d’euros pour acheter 46 camions, sur une enveloppe nationale de 180 millions annoncée par le gouvernement. Et 80 à 85% du parc existant, lourdement touché l’an dernier, est opérationnel après réparation.

En 2022, 640 incendies de forêt ont été recensés en Gironde, département ayant subi le plus grand nombre de départs de feu sur la décennie écoulée.

La campagne de replantation n’est « pas très encourageante », juge Alexis Ducousso, chargé de mission à l’Inrae et spécialiste des forêts.

« On repart sur le même modèle car on a des trouées comme Landiras qui vont être reboisées de manière très homogène. En replantant uniquement du pin maritime, on accroît le risque », fait-il valoir, plaidant pour davantage d’essences feuillues et de pare-feux.

 Scène de crime

A plus court terme, la détection précoce des incendies sera renforcée avec le déploiement de trois drones, des caméras de vidéosurveillance, des tours de guet et des patrouilles.

Une centaine de pompiers, forestiers et gendarmes néo-aquitains ont d’ailleurs été formés à la recherche des causes et des circonstances des incendies (RCCI). La zone de départ de feu est examinée comme une scène de crime pour élucider les causes des incendies, à 90% d’origine humaine (accidentelle ou criminelle). « Cela permet de faire peur aux gens, de dire +Attention: on peut retrouver qui a mis le feu+ », résume Marc Clopez, formateur RCCI venu de l’Hérault.

Le grand public est également sensibilisé au débroussaillage des parcelles proches des habitations, obligation légale qui incombe non au propriétaire de la forêt mais à celui de la maison menacée.

La communication passe aussi par la « météo des forêts » quotidienne, inaugurée début juin.

« On ne peut pas prédire ce qui va se passer » cet été, prévient néanmoins le lieutenant-colonel Jérôme Mesure, rappelant la règle des « trois 30 » qui met les pompiers en alerte: 30 km/h de vent, température supérieure à 30°C, humidité inférieure à 30%. « S’il fait 30°C et s’il ne pleut pas pendant vingt jours, on va voir apparaître les feux. »

© AFP

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