À Venise, une boîte à outils pour s’adapter au changement climatique

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Des toilettes sèches exposées à la Biennale d'architecture de Venise le 17 mai 2023 © AFP/Archives Vincenzo PINTO

Venise (AFP) – Des toilettes sèches à la récupération de l’eau captée par les climatiseurs, la prestigieuse Biennale d’architecture de Venise propose cette année une panoplie de solutions pour affronter le changement climatique et décarboner à tout va.

Intitulée « Le laboratoire du futur », cette enfilade d’expositions et de projets nationaux a ouvert ce week-end ses portes au public jusqu’au 26 novembre avec le but d' »offrir des idées, des projets, des manières de faire et de penser comme une sorte de don au public », a résumé pour l’AFP la commissaire ghanéo-écossaise de la Biennale, Lesley Lokko.

Voici quelques exemples de ce riche panorama:

 Sus aux chasses d’eau!

L’eau est un bien précieux en voie de raréfaction, et pourtant les foyers des pays occidentaux utilisent « environ 30% de l’eau potable en tirant la chasse d’eau », s’indigne Eero Renell, architecte venu de Finlande, où un demi-million de chalets saupoudrés dans les forêts recourent aux toilettes sèches.

Qu’à cela ne tienne: il a installé dans son pavillon national, au beau milieu des Jardins de la Biennale, un exemplaire de WC ne nécessitant aucun raccordement à l’eau ou aux égouts: un réservoir placé sous la cuvette reçoit les déjections, sur lesquelles on jette une poignée d’écorces.

Le liquide est recueilli dans une petit réservoir annexe. Lorsque le réservoir est plein, on le vide et on épand cet humus fertile sur son potager.

« Nous avons appris à recycler tout le reste au cours des dernières décennies, mais les déchets produits par l’homme ne sont toujours pas considérés comme une ressource qui pourrait être recyclée », regrette cet architecte au nez chaussé d’épaisses lunettes.

Conscient du tabou lié aux déjections humaines, Eero montre avec malice une vidéo où on le voit une fourche à la main récupérer l’humus de son propre WC puis récolter les magnifiques citrouilles qu’il a pu faire pousser grâce à son précieux fumier.

 Une pierre est éternelle

Des empilements de pierres disparates savamment agencées s’empilent dans le pavillon présenté par les Emirats arabes unis (EAU), un pays connu pour ses étendues désertiques dans l’enceinte de l’ex-Arsenal, où la Sérénissime construisait ses navires de guerre.

Faysal Tabbarah, professeur associé à l’université américaine de Sharjah (EAU), déplore qu' »environ 30% des pierres » extraites des carrières à travers le monde soient aujourd’hui « traitées comme des déchets pour différentes raisons: esthétiques, leur structure, leur forme… »

S’inspirant d’une technique ancestrale de son pays, qui consiste à faire des murs de pierres sèches se fondant dans le paysage grâce à l’usage de blocs de toutes tailles et formes, l’architecte de 36 ans rappelle que « les constructions en pierres sèche ont de nombreux avantages ».

« Si on veut remodeler, reconstruire, déplacer, il n’est pas nécessaire de détruire » la construction existante: « les pierres peuvent être réutilisées à l’infini », souligne-t-il.

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 Du neuf avec du vieux

L’architecte italienne Alessandra Rampazzo est catégorique : « On ne peut pas parler de développement durable et de décarbonation seulement en termes de technologie des matériaux qu’on peut utiliser, c’est pourquoi nous avons parié sur la reconversion du patrimoine existant, en cherchant à ne pas démolir pour reconstruire en produisant moins de CO2 ».

Cette méthode radicale a été appliquée sur une ex-base de l’Otan entre Vicence et Vérone dans le nord de l’Italie, « bien que la qualité architecturale (de l’existant) ne soit pas très élevée ». Un centre de recherche et de formation occupera les anciens édifices, tandis que les espaces verts seront rendus au public.

« Rien de nouveau en réalité », relativise-t-elle, « c’est ce qui s’est toujours passé dans nos villes (…) Notre territoire se reconstruit par stratifications et réutilisation des structures existantes ».

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 Recettes de grand-mère

Du côté du pavillon slovène, pas moins de « cinquante architectes ont été invités à proposer des exemples d’architecture vernaculaire issus du passé ».

Jadis, « l’architecture était intrinsèquement écologique: avec de faibles moyens, le but était de retenir la chaleur ou la fraîcheur », rappelle Jure Grohar, l’un des responsables du projet. « On ne veut pas être attaché à une idée romantique du passé, mais à quelque chose qui peut être utilisé aujourd’hui ».

Comme par exemple la « compression spatiale »: « dans une pièce avec de hauts plafonds, on tend un tissu à mi-hauteur pour retenir la chaleur ». « Un élément éphémère » simple et efficace, tout comme les fameux lits clos de nos ancêtres.

Il y a aussi cette « spécialité slovène: une pièce dans une pièce ». Une petite maison est construite à l’intérieur d’une grange où se trouvent les animaux de la ferme, qui fournissent ainsi de la chaleur en plus de la viande, des œufs et du lait.

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L’eau de la clim’

Que celui qui n’a pas jamais reçu sur la tête de l’eau tombant d’un climatiseur jette la première goutte d’eau.

De l’eau qui a donné des idées à Latifa Alkhayat, architecte et chercheuse à l’origine du projet de pavillon pour Bahreïn, « l’une des régions du monde les plus pauvres en eau ».

« A Bahreïn, comme le climat est chaud et humide, les climatiseurs retirent l’humidité de l’air (…) et actuellement malheureusement cette eau finit dans les égouts! »

« On s’est rendu compte du gros potentiel qu’il y aurait à recueillir cette eau pour l’irrigation, comme la culture des palmiers-dattiers par exemple, ou encore pour la rétablissement de vieilles sources épuisées », argue-t-elle.

Mettre en œuvre cette idée « n’est vraiment pas coûteux, car cette eau dispose déjà de réseaux pour être évacuée. Il suffit juste de la connecter à un réservoir de collecte plutôt que de la laisser partir dans les égouts »

© AFP.

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