Guyane : inauguration d’une écloserie pour les tortues luth menacées

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Une tortue luth portant une balise Argos sur la plage d'Awala Yalimapo, en Guyane française, en juin 2019 © AFP/Archives jody amiet

Awala-Yalimapo (France) (AFP) – Le secrétaire d’Etat chargé de la Mer, Hervé Berville, a inauguré jeudi dans le nord-ouest de la Guyane une écloserie destinée aux tortues luth, espèce sérieusement menacée, notamment par la pêche illégale.

Cette tortue marine, qui peut mesurer plusieurs mètres à l’âge adulte, est victime du braconnage et des filets de pêche illégaux et ses oeufs peuvent être déterrés ou détruits par des animaux errants.

M. Berville a ainsi reconnu l’urgence de « lutter contre ce qui est quasiment l’extinction d’une espèce emblématique » du département français d’Amérique du Sud.

« Les populations de tortues luth ont reculé de 90% dans la région des Guyanes et de 97% spécifiquement sur la plage d’Awala-Yalimapo », a déploré Benoît de Thoisy, directeur de l’association Kwata, qui gère l’écloserie.

Une équipe de quatre personnes arpente donc la plage chaque nuit à Awala-Yalimapo, ville à la frontière avec le Suriname, durant les périodes de ponte. L’objectif est de repérer les tortues en passe de pondre, afin de pouvoir ensuite récupérer leurs oeufs et les mettre en sécurité dans un enclos à même le sable.

« On mime des conditions naturelles », a assuré M. de Thoisy, affirmant que la plage d’Awala-Yalimapo était « le plus gros site de ponte » au monde dans les années 1980.

Selon lui, c’est aussi le site qui a « connu le plus gros déclin »: seuls cinq ou six nids sont arrivés au bout de leur cycle en 2022 pour 72 pontes recensées, contre des dizaines de milliers à l’époque, dit-il.

Une écloserie avait déjà été installé sur cette plage dans les années 1990, mais elle a cessé son activité « au bout d’une dizaine d’années car les effectifs de tortues avaient été considérés comme suffisamment rétablis », a rappelé le responsable du WWF en Guyane, Laurent Kelle.

Une autre avait vu le jour à Cayenne au début des années 2000, avec le même destin.

Ce dispositif est une solution de derniers recours, indique M. de Thoisy, qui espère pouvoir s’en passer « le plus rapidement possible ».

© AFP

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