Coquillages et anémones colonisent le « continent de plastique » du Pacifique, selon une étude

Des ordures accumulées sur l'île Isabela dans l'archipel des Galapagos

Des ordures accumulées sur l'île Isabela dans l'archipel des Galapagos dans l'océan Pacifique, au large des côtes de l'Équateur, le 21 février 2019 © AFP/Archives Rodrigo BUENDIA

Paris (AFP) – Une décharge de déchets plastiques qui flotte à la surface du Pacifique. Une image loin de faire rêver… sauf pour certaines espèces de coquillages et d’anémones, qui y voient un lieu accueillant et un bon moyen de transport, révèle une étude parue lundi.

Situé dans le nord-est de l’océan Pacifique, et découvert en 1997, le « continent plastique », aussi appelé « grande zone d’ordures du Pacifique » (Great Pacific Garbage Patch, GPGP), n’est en fait pas d’un seul tenant mais plutôt une immense traînée de déchets (sacs, bouteilles, emballages, filets de pêche abandonnés et microparticules dégradées) qui s’agglutinent dans plusieurs zones, sous l’effet de tourbillons géants formés par les courants marins. Sa taille totale est évaluée à environ 1,6 million de km2 soit plus que la France, l’Allemagne et l’Espagne réunies.

La zone intéresse les scientifiques depuis des années, et certains ont déjà montré qu’elle pouvait constituer une menace pour certaines espèces, comme les poissons, tortues et même certains mammifères marins qui viennent s’empêtrer, et parfois s’étouffer, dans ces poubelles flottantes.

Mais pour d’autres organismes, elle peut aussi représenter une opportunité, montre cette étude publiée dans Nature Ecology and Evolution.

Les chercheurs américains qui ont prélevé des échantillons de déchets dans le nord-est du Pacifique, entre la Californie et Hawaï, y ont ainsi trouvé 37 sortes d’invertébrés originaires principalement de pays comme le Japon, de l’autre côté de l’océan.

Plus des deux tiers des objets examinés contenaient des espèces côtières, notamment des crustacés, des anémones de mer et des mousses appelées bryozoaires.

Ces créatures peuvent se propager rapidement en se nourrissant des couches de mucus formées par les bactéries et les algues sur les plastiques flottants, montre l’étude.

En 2012, des déchets plastiques « habités » avaient ainsi été retrouvés sur les côtes nord-américaines, dispersés par le tsunami de 2011 au large du nord-est du Japon.

Une précédente étude menée par la même équipe de chercheurs en 2021 avait averti que ces squatteurs mobiles des mers pouvaient, en investissant ainsi de nouvelles zones, venir perturber des espèces qui y vivaient déjà. Au point de devenir invasives ?

L’interrogation demeure encore aujourd’hui, a indiqué à l’AFP Linsey Haram. « Ces interactions » entre anciennes et nouvelles espèces « peuvent inclure aussi bien des formes de compétitions pour la nourriture ou le territoire, voire de la prédation. Mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre » si l’arrivée de ces colons est « plutôt positive ou négative ».

Si les tendances actuelles en matière de production et de gestion des déchets se poursuivent, il pourrait y avoir 12 milliards de tonnes de déchets plastiques dans les décharges ou dans l’environnement naturel d’ici à 2050.

Les ministres de l’Energie et de l’Environnement du G7, réunis ce week-end au Japon, ont annoncé vouloir élaborer un « instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique » d’ici à la fin de 2024, avec pour « ambition de réduire à zéro la pollution plastique supplémentaire d’ici à 2040 ».

© AFP

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Un commentaire

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    • dany voltzenlogel

    Une bonne nouvelle pour certains crustacés & Cie,
    Mais vu l’ingestion probable de micro-plastiques ça craint.