Les jacarandas en fleurs, l’héritage japonais qui embellit Mexico

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Des jacarandas en fleurs dans le parc public Alameda de Mexico, le 25 mars 2023 © AFP Pedro PARDO

Mexico (AFP) – Les jacarandas déploient chaque année au mois de mars leurs tonalités éclatantes – lilas, violet, mauve – dans les rues et les espaces verts de Mexico, legs lointain d’un paysagiste japonais.

A 10.000 km de Tokyo, les neuf millions d’habitants de la capitale célèbrent eux aussi à leur manière la tradition du « hanami », le rituel d’admiration de l’éclosion des cerisiers au Japon.

La floraison des jacarandas marque « une fête du début du printemps, avec les couleurs violettes si intenses dans notre ville », résume l’historien Sergio Hernandez Galindo.

Souvent sans le savoir, les « Chilangos » (habitants de Mexico) le doivent à un paysagiste japonais, Tatsugoro Matsumoto, qui a planté des jacarandas il y a un siècle, ajoute-t-il.

Matsumoto s’est installé au Mexique en 1896, à l’époque d’une première migration asiatique (Japonais, Coréens, Chinois).

Le paysagiste japonais a gagné la confiance du président-dictateur Porfirio Diaz (1884-1911), qui faisait également appel à des architectes français et italiens pour moderniser la capitale d’un pays s’ouvrant à l’industrie avec des capitaux étrangers.

Survivant au renversement de Diaz et à la Révolution mexicaine (1910-17), Matsumoto a introduit des jacarandas apportés du Brésil.

Ces arbres originaires d’Amérique du Sud représentaient une alternative aux cerisiers qui avaient du mal à s’épanouir à 2.200 m d’altitude, sous un climat partagé entre une saison sèche et chaude de novembre à avril, et la saison des pluies aux températures tempérées.

Un siècle plus tard, l’éclosion puis la chute des fleurs, qui recouvrent les trottoirs et les parcs d’un tapis couleur lilas, est un rendez-vous attendu sous un ciel souvent encore bleu à cette époque de l’année, avant la grisaille des premières pluies.

Le mauve des fleurs est la couleur préférée d’Andreina Rondon, une psychologue vénézuélienne rencontrée à Mexico.

Le mauve lui rappelle aussi la couleur des manifestations féministes du 8 mars. « C’est parfait! », s’exclame-t-elle en admirant les arbres.

Le jacaranda n’en reste pas moins « une espèce invasive » en compétition avec « la végétation native », explique une publication de l’Université nationale autonome du Mexique (Unam).

Ces « espèces exotiques » ne sont pas mauvaises en soi « mais empêchent la reproduction d’arbres natifs comme l’arbousier, le laurier mexicain ou les chênes », ajoute cette publication en ligne intitulée « jacarandas, l’invasion violette d’un arbre ».

© AFP

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