Au Vietnam, des pistes pour réduire l’impact du riz sur le réchauffement climatique

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Un agriculteur travaille dans une rizière, le 6 mars 2023 à Hanoï, au Vietnbam © AFP/Archives Nhac NGUYEN

Can Tho (Vietnam) (AFP) – Depuis tout petit, Dong Van Canh a vu les rizières du delta du Mékong, au Vietnam, être brûlées après chaque récolte, noircissant le ciel et inondant l’air de gaz à effet de serre.

La culture du riz, aliment de base par excellence en Asie, est responsable d’environ 10% des émissions mondiales de méthane, qui retient environ 80 fois plus de chaleur que le dioxyde de carbone.

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Normalement associé aux vaches, le méthane est également généré par des bactéries qui se développent dans les rizières inondées et qui prospèrent si les résidus de paille restent pourrir dans les champs après la récolte.

Le message des scientifiques: le riz ne peut être ignoré dans la lutte pour la réduction des émissions.

Aujourd’hui riziculteur, Canh, 39 ans, s’est tourné vers la production de champignons et d’engrais organiques avec sa paille de riz qu’il ne laisse plus pourrir dans les champs.

« Si nous pouvons vendre la paille et gagner de l’argent, tout le bénéfice est pour nous » explique-t-il à l’AFP, passant ses doigts dans un monticule de purin qui deviendra bientôt un aliment nutritif pour d’autres cultures du Mékong.

Sa transition vers une riziculture plus propre est soutenue par l’Institut international de recherche sur le riz (IRRI), une ONG bien implantée en Asie.

« Tout le monde ici est favorable à cette initiative » qui vise à recycler la paille comme ingrédient d’un aliment nutritif pour d’autres cultures, explique-t-il.

 Réduire les émissions

Pas nouvelles, ces initiatives se sont multipliées depuis deux ans après qu’une centaine de pays se sont engagés à réduire les émissions de méthane de 30% d’ici à 2030.*

Le Vietnam, comme l’Indonésie ou le Bangladesh, fait partie des signataires mais pas les deux plus gros producteurs, l’Inde et la Chine.

Dans la province de Can Tho, la récolte touche à sa fin et les agriculteurs poussent de petits chariots débordant de bottes de paille qui seront ensuite trempées et étalées pour faire pousser des champignons destinés à la vente.

Le mélange de paille est ensuite transformé en compost, grâce à une machine, avant d’être vendu pour environ 15 centimes le kilo.

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« Dans le passé, quelques agriculteurs faisaient cela manuellement, mais cela demandait trop de main-d’œuvre. Nous avons réduit les coûts de moitié et nous allons nous développer pour répondre à la demande du marché », explique Le Dinh Du, responsable local du département de la protection des plantes.

« Le riz fait un beau voyage. Nous ne gaspillons rien ».

Réutiliser la paille de riz

Selon les autorités vietnamiennes, la riziculture en irrigation a été à l’origine de près de la moitié des émissions de méthane en 2019.

La technique de réutilisation de la paille a été enseignée « largement auprès des agriculteurs et des responsables agricoles locaux » dans tout le pays, selon le CGIAR, un centre international de recherche agronomique.

Le nombre de ceux qui le font réellement n’est pas clair.

L’année dernière, plus de 80% de la paille de riz dans le delta du Mékong était encore brûlée, selon la banque mondiale.

D’après les chercheurs, la gestion de la paille couplée à une autre méthode qui consiste à briser la couche d’eau stagnante dans les rizières pour reconstituer l’oxygène et réduire les bactéries, ont « le potentiel de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre ».

En effet, le riz, contrairement à d’autres cultures, « possède une couche d’eau stagnante dans le champ, ce qui signifie qu’il n’y a pas d’échange d’air entre le sol et l’atmosphère », explique Bjoern Ole Sander, qui dirige l’IRRI au Vietnam.

« Ces bactéries mangent la matière organique et produisent du méthane ».

Selon les autorités vietnamiennes, cet assèchement des rizières a été adopté par le tiers ou la moitié des terres rizicoles de la province d’An Giang (sud) selon les saisons, couvrant plus de 200.000 hectares en 2019, deux fois plus qu’en 2018.

Les agriculteurs qui ont franchi le pas dans le Mékong sont fiers de la manière dont il est cultivé et de pouvoir maximiser son potentiel et leurs revenus.

Au début, « ça nous complique la vie », dit Canh. « Mais une fois que nous avons compris c

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