Paris (AFP) – Après une partie de cache-cache longue de 24 ans, le tétraka sombre, une petite espèce de passereau vivant uniquement à Madagascar, a de nouveau pointé le bout de son bec, au grand soulagement de la communauté scientifique.
L’oiseau à gorge jaune a été observé à deux reprises lors d’une mission ornithologique en décembre au sein d’une forêt reculée dans le nord-est de Madagascar.
Après 40 heures de voiture et une demi-journée de marche, l’équipe s’était rendu sur les lieux où cette espèce rare avait été vue pour la dernière fois en 1999.
Là, ils ont découvert une forêt en piteux état, convertie en grande partie en plantations de vanille malgré son statut protégé. Mais au bout de plusieurs jours, l’oiseau a été repéré sautillant dans les sous-bois près d’une rivière rocheuse et pris en photo.
« Si le tétraka sombre préfère les zones proches des rivières, cela pourrait expliquer pourquoi il nous a échappé pendant si longtemps », a raconté John Mittermeier, directeur du programme Oiseaux disparus de l’American Bird Conservancy et membre de l’équipe.
En effet, « l’observation des oiseaux dans les forêts tropicales consiste à écouter les cris des oiseaux, et on a donc naturellement tendance à éviter de passer du temps à côté de rivières bruyantes », a-t-il expliqué.
Une deuxième équipe a repéré un autre tétraka sombre qui passait la plupart de son temps dans la végétation dense près d’une rivière, probablement à la recherche d’insectes et d’autres proies.
« Maintenant que nous avons trouvé le tétraka sombre et que nous comprenons mieux l’habitat dans lequel il vit, nous pouvons partir à sa recherche dans d’autres régions de Madagascar », a annoncé Lily-Arison René de Roland, directrice du programme Madagascar du Fonds Peregrine.
Le tétraka sombre (Crossleyia tenebrosa) figure parmi les dix espèces d’oiseaux disparus les plus recherchées, une liste gérée conjointement par Re:wild, American Bird Conservancy et BirdLife International, tous partenaires de l’expédition.
Plus de la moitié des oiseaux de Madagascar, soit quelque 115 espèces, sont endémiques, c’est-à-dire qu’on ne les trouve nulle part ailleurs.
Plus de 40 espèces d’oiseaux de l’île sont classées comme menacées d’extinction sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Le tétraka sombre n’est pas classé par manque de données.
Les facteurs principaux de la perte de biodiversité à Madagascar sont la destruction des forêts pour faire place à l’agriculture, la dégradation des habitats, les espèces envahissantes, le changement climatique et la chasse.
Selon des recherches antérieures, environ 40% de la couverture forestière originelle de l’île a été rongée entre les années 1950 et 2000.
© AFP
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