Les négociateurs du traité pour protéger la haute mer sous pression

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Une banderole de Greenpeace devant le siège des Nations unies, le 27 février 2023 à New York © AFP Ed JONES

Nations unies (Etats-Unis) (AFP) – Le secrétaire général de l’ONU a mis la pression mercredi sur les négociateurs du traité sur la haute mer en réclamant un texte « robuste et ambitieux » pour protéger l’océan, à deux jours de la fin de pourparlers qui semblent avoir trouvé un second souffle.

« Nous ne pouvons plus ignorer l’urgence pour l’océan », a déclaré Antonio Guterres dans un message adressé aux délégations réunies à New York depuis le 20 février et jusqu’à vendredi.

« Les conséquences du changement climatique, de la disparition de la biodiversité et de la pollution sont profondément ressenties sur toute la planète, affectant notre environnement, nos moyens de subsistance et nos vies. »

« En adoptant un accord robuste et ambitieux lors de cette session, vous pouvez faire un pas important pour contrer ces tendances destructrices et améliorer la santé des océans pour les générations à venir », a insisté le secrétaire général.

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Après plus de 15 ans de discussions informelles puis formelles, les représentants des Etats membres de l’ONU sont réunis pour la troisième « dernière » session de négociations en moins d’un an, et tentent d’éviter une nouvelle avarie.

La haute mer commence où s’arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des Etats, à maximum 200 milles nautiques (370 km) des côtes. Elle n’est donc sous la juridiction d’aucun pays.

Représentant plus de 60% des océans et près de la moitié de la planète, elle est cruciale pour la protection de l’océan tout entier, vital pour l’humanité.

Le projet de texte actualisé publié samedi à mi-parcours était toujours truffé de parenthèses et de multiples options sur certains sujets majeurs, mais à l’approche de la date butoir, l’atmosphère semblait mercredi plus optimiste.

« Lors de la première semaine, ça tournait en rond, mais nous avons l’impression que le rythme s’accélère et que les opinions se rapprochent », a déclaré à l’AFP Laura Meller, de Greenpeace, estimant désormais qu’un « traité fort et global est vraiment à portée ».

 « Sortez les sacs de couchage »

« Je ne le qualifierais pas d’ambitieux, mais je pense qu’il serait assez fort pour être significatif, pour mettre en place quelque chose sur lequel les Etats pourront s’appuyer », a estimé de son côté Glen Wright, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales.

Malgré les progrès réalisés depuis le début de la semaine, salués mercredi par plusieurs délégations, il reste de nombreuses divergences, notamment sur les modalités de création et d’application des aires marines protégées, outil emblématique du futur traité.

La Chine est montrée du doigt sur ce chapitre. Elle pousse en effet pour que ces sanctuaires ne puissent être créés par la future Conférence des parties (COP, qui rassemblera tous les futurs signataires) que par consensus — ce qui crée de fait un droit de veto. Elle demande également une référence explicite au fait que les zones maritimes « disputées » soient exclues du traité.

C’est pourtant sous la présidence chinoise qu’en décembre à Montréal, l’ensemble des gouvernements du monde se sont engagés à protéger 30% des terres et des océans de la planète d’ici 2030. Un défi quasi impossible sans inclure la haute mer, dont environ 1% seulement est protégé aujourd’hui.

Tout n’est pas réglé non plus sur le chapitre des études d’impact sur l’environnement des activités envisagées en haute mer.

Autre contentieux hautement politique, la répartition des possibles bénéfices issus de l’exploitation des ressources génétiques de la haute mer, où industries pharmaceutiques, chimiques et cosmétiques espèrent découvrir des molécules miraculeuses.

Une manne potentielle dont les pays en développement craignent d’être exclus, faute d’avoir les moyens de mener ces recherches très coûteuses.

Une proposition sur la table suggère que la future COP revienne sur ce sujet ultérieurement, quand les bénéfices seront effectivement là, et qu’une contribution financière obligatoire au fonctionnement du traité soit mise en place en attendant.

Mais le temps presse. « Tic-tac, tic-tac », a lancé mercredi la présidente des négociations Rena Lee lors d’une courte séance plénière.

« Je vous encourage tous à y mettre toute votre énergie et tous vos efforts, à sortir les sacs de couchage et à travailler très dur. »

© AFP

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